L’excision est en net recul en Haute-Egypte, où une campagne avait été lancée en 1994 par l’Unicef pour mettre fin à cette pratique ancestrale. 50,3 % des filles âgées de 15 à 19 ans ont été excisées en 2010, contre 97 % en 2003. Tournée à Qéna, à 500 km au sud du Caire.
« L’excision ? C’est abominable, madame. Je n’en dirai pas plus », dit Oum Fatma, en baissant les yeux. Cette femme a un peu honte de parler de sa propre expérience sur l’excision, mais quand on a insisté un peu, elle raconte son histoire : « On m’a coupé le clitoris et les petites lèvres. A chaque accouchement, c’était le calvaire : des douleurs atroces et des déchirures. J’ai même peur d’avoir d’autres enfants car chaque grossesse signifie pour moi d’énormes souffrances. Lors des rapports sexuels avec mon mari, je n’éprouve aucun plaisir », confie Oum Fatma, qui fait partie de ces femmes qui ont été obligées à respecter cette coutume. Mais elle s’est juré de protéger ses filles. Son mari la soutient dans son combat contre l’excision. « Je ne veux pas que mes 6 filles subissent le même sort que moi. Heureusement, leur père fait preuve de compréhension », note Oum Fatma.
En septembre dernier, une cérémonie a été organisée au village d’Al-Hella, dans le gouvernorat de Qéna (500 km au sud du Caire), pour annoncer la fin de l’excision au village. Les maires et les notables de différents villages ont été conviés à cette fête de même que des personnalités féminines, telles que l’ancienne ministre des Affaires sociales, Mervat Al-Talawi. Il y avait également des cheikhs d’Al-Azhar, des gynécologues, des représentantes de l’Unicef et des responsables du Conseil national de la maternité et de l’enfance.
Le village d’Al-Hella était en lutte contre l’excision depuis 3 ans. Il n’est pas le seul à combattre cette pratique nuisible à la santé de la femme. Plus de 2 000 villages sur 4 000 au sein des 4 gouvernorats de Haute-Egypte (Minya, Assiout, Sohag et Qéna) ont décidé de bannir cette coutume ancestrale. Un projet, lancé en 1994 par l’Unicef en coopération avec le Conseil national de la maternité et de l’enfance, le ministère de la Santé et Al-Azhar ainsi que différentes ONG, vise à mettre fin à cette pratique néfaste dans ces 4 gouvernorats. En Haute-Egypte, comme d’ailleurs dans le reste du pays, des études montrent que la grande majorité des femmes ont subi des mutilations génitales. Le projet Halte à l’excision a commencé par les villages de Haute-Egypte, où le taux d’excision est le plus élevé. Sur un échantillon de 14 779 femmes en Haute-Egypte, le taux de celles qui ont été excisées en 1995 a été de 96 % (tranche d’âge comprise entre 15 et 49 ans). D’après la toute dernière étude du ministère de la Santé, 97 % des femmes ont été excisées en 2003. Mais, il semble que les choses sont en train de changer. En 2010, seules 50,3 % des femmes de Haute-Egypte ont été excisées.
Selon Mona Khitane, responsable au Conseil national de la population, 70 % des habitants ont abandonné l’excision dans 8 villages sur les 22 du gouvernorat de Minya. « C’est le résultat d’une longue lutte de 15 ans contre cette pratique millénaire », affirme Dr Ahmad Abdel-Hamid, adjoint au ministre de la Santé. (…)