Circoncision : « ma femme m’a toujours aimé et accepté tel que je suis et a su m’aider au mieux »

Alexandre a beaucoup souffert de sa circoncision, au point d’infliger d’autres blessures à ce pénis qu’il n’aimait pas. En effectuant des recherches et avec le soutien de sa copine, il a pu retrouver des sensations et mieux s’accepter. Voici son témoignage.

couple mains forment coeur

Image d’illustration.

Témoignage

J’ai 22 ans et j’ai été circoncis à 11 ans. Mes parents ont jugé bien faire sans se renseigner plus sur les conséquences de cet acte.

Sans mon consentement, on m’a circoncis le 18 mai 2007. J’étais contre, je ne voulais pas, j’ai tenté d’en savoir plus auprès de mes parents et tout ce qu’on m’a dit c’est que ça me ferait du bien et qu’on allait me couper le prépuce pour laisser le gland à l’air.

Certainement que l’origine de l’opération vient du problème que mes parents ont voulu me décalotter trop tôt. Je ne m’en souviens pas aujourd’hui, mais plus tard mes parents m’ont dit que c’était toujours difficile de me décalotter, ce qui veut dire qu’ils ont peut-être forcé sur le prépuce. À partir de l’âge de 8 ans, j’ai refusé qu’on me touche le pénis, j’ai décidé que c’était mon corps et qu’on devait le laisser tranquille, mais moi-même je ne le touchais plus car je ressentais une gêne sur cette partie du corps qu’on avait agressée et je l’ai totalement négligée.

À cause de tout cela, j’ai eu le gland collé au prépuce et il était impossible à décalotter pendant 3 ans. J’avais mal, ça brûlait et piquait sans raison. Lors d’une consultation chez le médecin, ce dernier a directement recommandé une circoncision. Je signale que j’ai su plus tard que le médecin est originaire d’un pays où la circoncision est la norme. J’étais au pied du mur et j’ai dû me faire une raison, j’étais obligé d’aller à l’hôpital, mes parents ne m’ont pas laissé le choix.

Je suis arrivé à l’hôpital la boule au ventre, la tête remplie de questions depuis le rendez-vous pré opération qui avait eu lieu un mois avant. Le spécialiste avait alors expliqué à ma mère comment l’opération allait se dérouler, mais sans aborder les conséquences à long terme après guérison. Pas d’informations sur le prépuce, ses fonctions, et les conséquences de sa perte (kératinisation, changements dans la vie sexuelle, etc). J’avais plein de questions à poser, mais ma mère m’empêchait de m’exprimer et le médecin ne s’adressait qu’à elle.

En bref, j’ai pris une douche à la bétadine et j’ai mis un vêtement remis par l’hôpital, une sorte de robe que j’ai enfilée, puis après quelques heures d’attente je suis parti au bloc sur un brancard. Une fois au bloc, je ne voulais pas m’endormir, j’étais angoissé, mais ils m’ont fait respirer dans un masque et je me suis endormi.

Je me suis réveillé avec un pénis en érection douloureux, le gland à l’air avec des fils résorbables au niveau de la couronne du gland. Je sentais l’air passer sur mon gland nu et hyper sensible, tout rose, avec un peu de sang au niveau de la cicatrice. J’ai touché mon gland qui faisait mal, comme une grosse brûlure très désagréable.

On m’a amené dans ma chambre. J’étais censé rentrer le jour même après l’opération, mais ils ont préféré me garder 3 jours de plus. Mes parents ont insisté pour voir le résultat de l’opération. Je leur ai dit que je ne voulais pas qu’ils reviennent me rendre visite car j’avais vécu l’opération comme une trahison de leur part.

Après ces 3 jours, je suis rentré à la maison. Quand j’allais faire pipi, l’urine giclait de tous les côtés. Je ne me l’explique pas, mais dans mes souvenirs d’enfant l’urine sortait également au niveau de la cicatrice. J’ai alors cru un moment qu’on m’avait coupé le gland puis qu’on l’avait recousu.

Pendant une à deux semaines, la cicatrisation ne semblait pas bien se faire, puis ça a été et les fils résorbables ont disparu. J’ai alors vu la chirurgienne en chef qui m’a regardé et a dit que c’était bon, que je pouvais reporter des slips et aller à la piscine, mais j’avais trop mal : le chlore agressait mon gland et les slips c’était une horreur, ça faisait mal car mon gland était encore hypersensible. Peu de temps après, j’ai eu des croûtes sur le gland et ça me brulait un peu. Quinze jours après, plus de croûte et juste un gland sec, rose et toujours très sensible.

Je me détestais, je n’aimais pas mon nouveau sexe. Entre 13 et 18 ans, par honte et mal-être, je me suis fait du mal : je mettais des crèmes et produits en tout genre sur mon pénis, de l’alcool à 70 ou 90, etc. De plus, vers 15 ans, j’ai commencé à me masturber, mais je le faisais à sec, sans lubrifiant. Tout cela a progressivement conduit mon pénis à devenir sec, rugueux, ridé, insensible, comme s’il était mort, ce qui m’a posé problème quand j’ai eu ma copine.

J’avais 20 ans quand nous avons fait l’amour la première fois et je n’ai rien senti, j’étais insensible, c’était mort. Cela a duré pendant plus d’un an, jusqu’à ce que je mette de la crème hydratante sur mon pénis.

Ma copine et moi, nous pensions alors que la circoncision était juste hygiénique et que ça ne modifiait pas la vie sexuelle. Par la suite, je me suis intéressé à la circoncision et ses conséquences, j’ai fait des recherches sur Internet et j’ai étudié le sujet en profondeur, ce qui m’a permis de comprendre ce que j’ai perdu suite à mon opération.

J’ai compris que la circoncision m’a enlevé beaucoup de mobilité de peau, j’ai une peau hyper tendue en érection et je ne peux ramener vers le gland que quelques millimètres de peau, en forçant. J’ai découvert que je n’ai plus de frein et que lors de la perte de mon prépuce, j’ai notamment perdu la zone appelée bande striée. Il ne me restait que mon gland, moche et sec, presque gris, ridé, mort et insensible à la douleur, y compris aux pointes de couteau.

J’ai tout essayé pour savoir si je pouvais avoir mal, mais rien à faire, je ne sentais rien. Puis lors de mes recherches, j’ai étudié le phénomène de kératinisation et comment limiter ce phénomène. C’est là que j’ai trouvé la solution de la crème hydratante. En en parlant à mon médecin, celui-ci m’a conseillé la crème Dexeryl.

Pendant 6 mois, j’ ai mis cette crème plusieurs fois par jour et j’ai vu mon sexe devenir de plus en plus doux et sensible, et mon gland toujours plus rose, mais ce n’était pas encore assez. Du coup, j’ai pris de la crème au beurre de karité qui m’a rendu une partie de ma sensibilité. Depuis, j’utilise un baume riche réparateur et soin. Je continue à en mettre tous les jours.

Aujourd’hui, j’ai à nouveau des sensations et de la sensibilité, j’ai un beau gland rose, sec, mais doux et presque lisse. J’arrive enfin à avoir assez de plaisir pour atteindre l’éjaculation en faisant l’amour. Je suis à peu près fonctionnel, mais il a fallu environ une année pour en arriver là. Je projette à présent de me lancer dans une restauration du prépuce avec un dispositif de type TLC-X ou DTR pour récupérer encore plus de sensibilité.

Amis circoncis, je vous encourage à faire comme moi et j’espère que vous irez mieux. J’invite les parents à ne pas faire circoncire leur enfant sans leur consentement et sans s’informer sur les conséquences de la circoncision, car après il sera trop tard. À celles et ceux de tout âge qui lisent ce témoignage, je vous invite à être compréhensif et à ne pas commettre cet acte sur vos enfants. De même, j’invite les partenaires d’hommes intacts à ne pas leur imposer la circoncision, que ce soit pour une raison religieuse, culturelle ou autre. Réfléchissez et laissez leur le choix, qu’ils soient petits ou grands.

J’ai de la chance d’avoir une femme en or, qui m’a toujours aimé et accepté tel que je suis, qui me comprend et partage mon problème depuis qu’elle est avec moi. J’ai longtemps été complexé par mon apparence, mais elle a su faire ce qu’il fallait pour m’aider au mieux.

J’ai longtemps vécu cela comme une souffrance, une honte, une réduction de mon plaisir et un frein à ma vie sexuelle, etc. J’ai longtemps gardé de la colère et j’en ai toujours. J’en veux encore à mes parents, au médecin et à cette société qui banalise la circoncision.

Merci de votre attention et d’avoir pris le temps de lire mon témoignage.

Alexandre

Note de Droit au Corps : liens insérés dans le texte par nous.