« Je n’aurais jamais choisi d’être circoncis si j’en avais eu le choix »

Sami a subi une circoncision à 3 ans et en a beaucoup souffert. Aujourd’hui âgé de 19 ans, il a été profondément soulagé de découvrir Droit au Corps et a tenu à partager son témoignage.

enfant seul regarde mer ciel

Image d’illustration.

Note : Les témoignages publiés par Droit au Corps ont été sélectionnés pour leur intérêt, même s’ils ne reflètent pas nécessairement les positions de l’association.

Témoignage

Bonjour, je m’appelle Sami et je souhaite partager mon histoire et ma souffrance concernant la circoncision.

À l’âge de 3 ans, mes parents ont décidé de me faire circoncire pour des raisons médicales et « hygiéniques ». Avec le recul, je me rends compte que c’était probablement pour des raisons de tradition, car bien que mes parents soient athées, ils viennent tous deux de familles originellement musulmanes.

Peu après ma circoncision, j’ai commencé à me mettre en danger en faisant des crises très violentes, allant jusqu’à m’évanouir en me cognant volontairement. Aujourd’hui, je comprends mieux pourquoi.

Dans mon enfance, quand je posais de temps en temps des questions sur la circoncision, on me répondait que ce n’était rien, qu’un bout de peau à enlever, que c’était plus hygiénique, mieux pour moi, donc je n’y réfléchissais pas plus que ça, mon pénis n’ayant pas une grande place dans ma vie. Toutefois, je me rappellerai toujours être parfois gêné de ces sexes différents de garçons non circoncis que je pouvais voir à l’école.

Tout est revenu à mes 14 ans, quand la sexualité a commencé à prendre une grande place dans ma vie. J’ai commencé à me poser des questions sur ces sexes naturels et je souhaitais avoir plus de sensibilité donc plus de plaisir aussi. J’ai commencé à me renseigner sur ce qu’était vraiment un prépuce et sa fonction protectrice. Petit à petit, j’en suis venu à réaliser que l’on m’avait mutilé sans mon consentement et que je n’aurais jamais choisi, en réalité, d’être circoncis si j’en avais eu le choix. Cela est devenu une souffrance de savoir qu’on avait touché et coupé une partie de mon corps sans me demander mon accord parce que j’étais trop jeune pour savoir ce que c’était. Aujourd’hui, je souffre de ce corps que je n’ai pas choisi, d’un sexe dont je n’aime pas l’apparence, un sexe excisé qui me fait souffrir psychologiquement et que je n’ai jamais aimé.

Voulant retrouver un corps intact, j’ai commencé vers 15 ans à me documenter sur la restauration du prépuce. J’ai commencé petit à petit par utiliser des petites bandelettes en croix pour maintenir la peau de la verge sur le gland. Au début cela me tendait beaucoup, mais aujourd’hui la peau est maintenue sans problème et je me sens entier à chacun de ces moments. Ces moments sont une véritable libération. En détachant ce ruban adhésif, je retrouve un gland doux et sensible, mais qui se désensibilise vite. Je souhaiterais donc passer aujourd’hui à l’étape supérieure avec des méthodes de restauration définitives, en utilisant un dispositif tel que le TLC Tugger.

Je souhaitais partager mon histoire pour montrer que ces actes sont irréparables psychologiquement et nous font souffrir. Ces traditions de mutilation infantile doivent cesser et nous devons laisser les individus décider par eux-mêmes pour leur corps. Je me rends compte que le droit au corps n’est pas appliqué du tout dans chaque pays du monde. Des réflexions et des combats sont encore à mener sur un sujet encore trop tabou.

Sami

Note : les liens intégrés dans l’article l’ont été par Droit au Corps.