Retour sur la Journée mondiale pour l’autonomie génitale 2024

Le 7 mai 2024 marquait la 12ème édition de la Journée mondiale pour l’autonomie génitale (Worldwide Day of Genital Autonomy, WWDOGA). Une centaine d’organisations à travers le monde soutenaient l’événement, dont Droit au Corps.

Une marche suivie d’un rassemblement et de discours ont eu lieu samedi 4 mai à Cologne (Allemagne) sur la place  de Heumarkt, avec une retransmission en direct sur YouTube. Droit au Corps fait partie des associations à s’être exprimées.

Voici la rediffusion du direct, avec en-dessous les codes temporels :

Playlist avec vue d’ensemble de toutes les interventions

DISCOURS PRÉ-ENREGISTRÉS :

00:20 : Sarah Lahrkamp, Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), membre du Parlement allemand, représentante des enfants du groupe parlementaire SPD, Allemagne (en allemand, sous-titres anglais)

05:13 : Ulrike Bahr, Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), membre du Parlement allemand, présidente de la commission de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse, Allemagne (en allemand, sous-titres anglais)

09:58 : Marlene Keller, Marlies Arndt, Carla Mikhael, Clément Drabo et Ayham Jneed, TERRE DES FEMMES – Menschenrechte für die Frau e. V., Allemagne (en allemand, sous-titres allemands)

11:18 : Kennedy Owino, Intact Kenya, Kenya (en anglais, sous-titres allemands)

17:38 : Tim Hammond, Genital Autonomy Legal Defense & Education Fund, États-Unis (en anglais, sous-titres allemands)

18:56 : Neil Walbran, Healthwatch Manchester, Royaume-Uni (en anglais, sous-titres allemands)

19:47 : Leeanne Morris, membre de l’Association britannique pour le conseil et la psychothérapie, Royaume-Uni (en anglais, sous-titres allemands)

25:17 : Heike Engelhardt, Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), membre du Parlement allemand, membre de la commission de la santé, des droits de l’homme et de l’aide humanitaire, Allemagne (en allemand, sous-titres anglais)

28:22 : Margaret Weithera-Bachlechner, THE RAIN WORKERS, Autriche, pour le programme #TogetherWeEndFGM (Ensemble, mettons fin aux Mutilations Génitales Féminines), suivie de divers acteurs : Gabriel Maina, Ngais Malawa, Tarafa Baghajati, Susanne Hölbfer, Bettina Steinbrugger, Sicido Mekonen, Maria Haas, Romeo Bissuti, Catherine Nyongesa, Lukas Wank, Domtila Chesang, Paul Ole Leitura, Barbara Maier, Heini Staudinger, Lisz Hirn, Mario Zenaty, Antje Pohsegger, Kennedy Ochieng, Nancy Lee Seymann, Tajir Abdullahi, Maria Kastanek-Dungl, Vicent Kimwaga (en anglais ou en allemand, sous-titres allemands)

DISCOURS EN DIRECT DE COLOGNE :

52:35 : Victor Schiering, MOGiS e. V., organisateur de l’événement, Allemagne (en anglais), problème de son réglé à 54:18

55:11 : Lilith Raza, SOFRA Queer Migrants  e. V., Allemagne (en anglais)

01:01:32 : Ben Scholz, jungsfragen.de, Allemagne (en allemand)

01:05:50 : Tim Arkell, Darbon Institute, Australie (en anglais)

01:16:22 : Alejandro Sanchez, National Secular Society, Royaume-Uni (en anglais)

01:19:54 : David Smith, 15 Square, Royaume-Uni (en anglais)

01:27:35 : Jason Metters – 15 Square, Royaume-Uni (en anglais)

01:41:06 : Gislinde Nauy, TERRE DES FEMMES – Menschenrechte für die Frau e. V., Allemagne (en allemand)

01:54:00 : Lasse Schäfer, Partei der Humanisten, Allemagne (en allemand)

01:59:27 : Cyrille Roger, Droit au Corps, France (en français, transcription)

2:05:31 : Tim Arkell a gentiment accepté de lire la traduction anglaise du discours de Droit au Corps, en portant notre t-shirt : un grand merci à lui (ainsi qu’aux pompiers de Cologne pour leur soutien) ! (en anglais, transcription)

2:12:22 : Evan Roman, Intact Finland, Finlande (en anglais)

2:19:27 : Satu Westerholm, étudiante en médecine à l’Université de Helsinki, Finlande (en anglais)

2:21:18 : Ephraim Seidenberg, prepuce.ch, Suisse (en allemand)

2:29:21 : Rubine Singh, militant contre les mutilations sexuelles intersexes, Allemagne (en anglais)

2:32:08 : Victor Schiering, MOGiS e. V., organisateur de l’événement, Allemagne (en allemand)

Photos et vidéos

Cette rubrique est susceptible de s’enrichir dans les prochains jours.

Le mot de Droit au Corps

Notre association avait fait le déplacement avec 5 membres sur place : Cyrille, Jack, Marie, Marieke et Nicolas.

Nous tenons à remercier toute l’équipe de MOGiS pour son accueil chaleureux et cette organisation impressionnante. Nous remercions également tou-te-s les militant-e-s pour ces échanges sympathiques et enrichissants, c’était un véritable plaisir de vous rencontrer physiquement.

Cette journée fut une formidable opportunité de consolider nos liens et de renforcer notre détermination à œuvrer dans l’intérêt des enfants.

Tout en continuant de développer notre collaboration grâce à Internet, nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous en 2025 pour la 13ème édition de la Journée mondiale pour l’autonomie génitale !

Photo de l'équipe de Droit au Corps présente à Cologne pour la Journée mondiale pour l'autonomie génitale 2024
Marie, Marieke, Cyrille et Nicolas

Histoire et objectifs de cette journée

Le 7 mai 2012, le tribunal de grande instance de Cologne a estimé que la circoncision d’un enfant pour des motifs religieux représente une modification irréparable, qu’elle est contraire à l’intérêt de l’enfant, et que le droit d’un enfant à son intégrité physique prime sur le droit des parents. En décembre 2012, en réaction à ce jugement et sous la pression des lobbies religieux, le parlement allemand légalisait la circoncision des enfants de sexe masculin, donnant aux parents la possibilité d’y consentir pour n’importe quel motif. Le 7 mai 2013, la Journée mondiale pour l’autonomie génitale voyait le jour, célébrant le jugement historique de Cologne et dénonçant la loi autorisant la circoncision des garçons.

Organisée par l’association MOGiS e.V., la Journée mondiale pour l’autonomie génitale appelle à :

  • l’adhésion et à la mise en œuvre de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, article 2 (non-discrimination), article 3 (intérêt supérieur de l’enfant) et article 24, paragraphe 3 (abolition des pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants) ;
  • des initiatives législatives dans le monde entier pour la protection de tous les enfants, quel que soit leur sexe, contre les opérations génitales non thérapeutiques ;
  • la protection des enfants présentant des caractéristiques sexuelles atypiques contre la chirurgie et les interventions génitales sans indication médicale absolue ;
  • l’arrêt immédiat de la circoncision de groupe ou de masse des mineurs pour la prétendue prévention du VIH dans les pays africains ;
  • la recherche et l’éducation du public sur les conséquences de la chirurgie génitale non thérapeutique sur les enfants, sous ses différentes formes et dans différents contextes sociaux.

Site internet : genital-autonomy.de
Suivre sur : Facebook, X/Twitter, Instagram, YouTube

Bande dessinée créée par les organisateurs pour promouvoir l’événement (cliquer pour agrandir).

Discours de Droit au Corps

Bonjour, je m’appelle Cyrille, je représente l’association Droit au Corps.

Tout d’abord, Droit au Corps tient à remercier les organisateurs de la journée mondiale pour l’autonomie génitale, MOGiS et son soutien sans faille, ainsi que  toutes les associations, les militantes et militants ici présents. Merci de nous accueillir à Cologne, haut lieu d’échanges et de démocratie, où se tiennent fréquemment des initiatives citoyennes qui ont pour but l’amélioration de nos sociétés.

Nous connaissons MOGiS depuis dix ans durant lesquels nous n’avons cessé d’échanger et de nous soutenir mutuellement. À plusieurs reprises, MOGiS a invité Droit au Corps à Cologne. Nous en sommes reconnaissants et saluons cette formidable initiative. Mais vous savez ce qu’est le militantisme. Ce sont des bénévoles dévoués qui font un travail considérable avec une énergie extraordinaire, mais aussi souvent avec de trop petits moyens. Aujourd’hui, pour la première fois, nous avons pu répondre présents, et c’est une immense joie.

Oui, cette journée mondiale pour l’autonomie génitale est importante. Pour nous toutes et tous, bénévoles, associations, qui œuvrons dans nos pays respectifs, cette journée nous rassemble, nous fédère autour d’une cause qui nous est chère et que nous défendons. Ce rassemblement nous montre que nous ne sommes pas seuls, que nous, militants du monde entier pour l’abandon des mutilations sexuelles, quelles que soient nos cultures, nous regardons dans la même direction. Vous connaissez ce proverbe : « Seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin ».

Je vais maintenant vous présenter Droit au Corps.

Droit au Corps est une association française née en 2015, qui compte des membres dans toute la francophonie. Son objet est de promouvoir l’abandon de toute forme de mutilation sexuelle, c’est-à-dire toute modification d’organe sexuel pratiquée sur un individu sans son consentement libre et éclairé, et sans nécessité médicale. Droit au Corps traite prioritairement de la circoncision masculine, un sujet méconnu et malheureusement peu présent dans le débat public.

Notre éthique donne la priorité à l’allègement de la souffrance. Par conséquent, notre association vise la fin des souffrances liées aux mutilations sexuelles, mais elle se préoccupe également des souffrances des personnes qui se sentent menacées dans leurs traditions.

Lorsqu’une pratique est ancrée dans la tradition depuis des siècles, le changement est difficile. Le moyen d’action privilégié par Droit au Corps n’est pas le rapport de force, mais l’évolution culturelle. Une culture est un tout complexe, dont la circoncision n’est qu’un aspect. Comme nous ne pouvons pas être présents sur toutes les facettes des cultures concernées, l’alliance avec l’ensemble des acteurs progressistes est recherchée pour agir globalement.

Évidemment, la question du consentement est au cœur du débat. Notre association n’est aucunement opposée à la circoncision, dès lors que l’individu concerné est apte à donner son consentement libre et éclairé.

C’est pourquoi Droit au Corps appelle à un débat public sur les conditions du consentement à la circoncision. Le but est d’aboutir à un consensus entre tous les groupes concernés par la circoncision afin d’alléger le maximum de souffrances.

En 2019, Droit au Corps a lancé un Appel au débat ciblé sur le seul gouvernement français. Ce coup d’essai a démontré le Potentiel de cette stratégie.

L’impressionnante diversité des signataires publics donnent un avant-goût de ce que pourraient être le vaste réseau des alliés de la cause anti-circoncision, en comptant sur :

  • les organisations de lutte contre d’autres formes de mutilations sexuelles
  • les féministes, et plus généralement les acteurs positionnés sur les oppressions de genre
  • les kiddists, c’est-à-dire ceux qui défendent l’intérêt et les droits de l’enfant
  • les laïques
  • les défenseurs des droits humains et de l’égalité
  • les professionnels de santé
  • les sexologues
  • les intellectuels
  • les acteurs de la lutte contre les violences sexuelles, les violences éducatives
  • les apostats de l’islam, du judaïsme et du christianisme
  • et bien d’autres encore

Tout cela est prometteur et encourageant ! Il est absolument capital de développer ce réseau d’alliés. Il est temps que tous les acteurs progressistes s’emparent de cette cause, et la portent à bras-le-corps.

Tous ensemble, nous continuerons de travailler avec ténacité, force et détermination, pour protéger les enfants.

Je finirai en citant Nelson Mandela : « Rien ne révèle mieux l’âme d’une société que la façon dont elle traite ses enfants. »

Merci !

Droit au Corps speech

Hello, my name is Cyrille and I represent the association Droit au Corps.

First of all, Droit au Corps would like to thank the organizers of the Worldwide Day of Genital Autonomy, MOGiS and their unfailing support, as well as all the associations and activists present here today. Thank you for welcoming us to Cologne, a hub of exchange and democracy, where citizens’ initiatives aimed at improving our societies are frequently held.

We’ve known MOGiS for ten years, over the course of which we’ve been in constant discourse and offered support to one another. On several occasions, MOGiS has invited Droit au Corps to Cologne. We are grateful for this and welcome this wonderful initiative. But you know what activism is. It’s about dedicated volunteers who do a tremendous amount of work with extraordinary energy, but often with too little means. Today, we’ve been able to respond to this invitation for the first time, which is a source of great joy.

Yes, this Worldwide Day of Genital Autonomy is important. For all of us, volunteers and associations working in our respective countries, this day brings us together, uniting us around a cause that is dear to us and that we defend. This gathering shows us that we are not alone, that we, campaigners for the abandonment of sexual mutilation from all over the world, no matter our cultures, are working towards the same goal. You know the saying: “Alone, we go faster; together, we go further”.

I’d now like to introduce Droit au Corps.

Droit au Corps is a French association founded in 2015 with members throughout the French-speaking world. Its aim is to bring an end to all forms of sexual mutilation, in other words any modification of a sexual organ carried out on an individual without their free and informed consent, and without medical necessity. Droit au Corps focuses principally on male circumcision, a subject that is overlooked and unfortunately largely absent from public debate.

Our ethical framework prioritizes the alleviation of suffering. Our association therefore aims to end suffering arising from sexual mutilation, but it is also concerned with the suffering of persons who feel their traditions are threatened.

When a practice is rooted in tradition for centuries, change is difficult. Droit au Corps seeks to effect change not through force, but through cultural evolution. A culture is a complex whole of which circumcision is just one aspect. As we can’t be active in all aspects of the cultures in question, we seek to form alliances with all progressive actors in order to act globally.

Obviously, the question of consent is at the heart of the debate. Our association is not at all opposed to circumcision once the individual concerned is able to give free and informed consent.

This is why Droit au Corps is calling for a public debate on the conditions for consent to circumcision. The aim is to reach a consensus between all parties concerned by circumcision, to alleviate as much suffering as possible.

In 2019, Droit au Corps launched a call for a debate aimed at just the French government. This trial run demonstrated the potential of this strategy.

The impressive diversity of public signatories gives a foretaste of what could be the vast network of allies of the anti-circumcision cause:

  • organizations fighting other forms of sexual mutilation
  • feminists, and more generally, those combatting gender-based oppression
  • kiddists, that is, those who advocate for the child’s best interests
  • secularists 
  • advocates for human rights and equality
  • healthcare professionals
  • sexologists
  • intellectuals
  • those involved in the fight against sexual violence, violence in education, etc.
  • apostates from Islam, Judaism and Christianity
  • and many others

All this is promising and encouraging! It’s absolutely vital to develop this network of allies. It’s time for all progressives actors to take up this cause head-on.

Together, we will continue to work with tenacity, strength and determination to protect the children.

I’ll end with a quote from Nelson Mandela: “There can be no keener revelation of a society’s soul than the way in which it treats its children.”

Thank you!