Au mois de mars 2014, l’association Mélodies du monde a organisé à Bamako (Mali) un événement exceptionnel intitulé “Carton rouge à l’excision”. Cette initiative fut un succès et les organisateurs se tournent à présent vers l’édition 2015, mais ils ont besoin d’aide.
Le Mali est l’un des pays les plus touchés par l’excision, une pratique traditionnelle très ancrée dans la culture et dont il est extrêmement difficile de parler. Lancé en 2014 par l’association Mélodies du monde, l’événement “Carton rouge à l’excision” se propose de contribuer à l’abandon de la pratique en organisant des conférences, débats, animations culturelles et artistiques, notamment auprès de la jeune génération.
Afin de renouveler l’événement en 2015, une collecte de dons a été mise en place sur le site KissKissBankBank, une plateforme de financement participatif (crowfunding) dont le fonctionnement est expliqué ici. L’objectif est de réunir la somme de 5000 euros avant le 30 novembre 2014.
Voici la vidéo de la première édition (mars 2014) :
À voir également : l’intervention du Docteur Moustapha Touré (durée : 20 minutes).
Si vous souhaitez soutenir l’édition 2015 de “Carton rouge à l’excision”, vous pouvez faire un don en vous rendant sur KissKissBankBank, mais aussi suivre la page Facebook et diffuser l’information autour de vous.
Droit au Corps a pu s’entretenir avec Bafing Kul, artiste malien engagé contre l’excision, qui soutient l’événement.
Droit au Corps : Bonjour Bafing ! Tout d’abord, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Bafing Kul : Bonjour, je m’appelle Bafing Kul. Je suis né à Bamako, au Mali. Je suis auteur, compositeur et interprète. J’ai très tôt été sensible à la souffrance du monde qui m’entourait et c’est pourquoi ma musique est engagée. Dès 1998, j’ai dénoncé la pratique de l’excision à travers le single Démystification.
En 2002, je me suis installé en France où j’ai pu collaborer avec la CAMS (Commission pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles) qui m’a permis d’enregistrer des morceaux.
Je me présente comme un artiste militant qui cherche à promouvoir la justice sociale, les droits de l’Homme, l’autosuffisance alimentaire, la santé et l’accès à l’éducation pour tous.
Quelle est la situation du Mali au regard de l’excision ?
La situation de l’excision au Mali est pleine de paradoxes. D’une part, il y a beaucoup d’associations et d’ONG qui luttent depuis des années pour l’abandon de l’excision, d’autre part les décideurs qui sont des politique n’osent pas aborder publiquement la question.
Aujourd’hui le taux de pratique de l‘excision au Mali dépasse les 80 %.
Néanmoins, le débat existe aujourd’hui alors que ce n’était pas le cas il y a encore quelques années. Il y a donc quelques avancées.
Pour que cette lutte soit gagnée dans les années à venir, je pense qu’il faut sensibiliser la jeunesse qui représente plus de 60 % de la population et représente un bel avenir pour le pays.
Taux de prévalence de l’excision par région au Mali – données EDSM-IV 2006 [PDF]
Qu’est-ce qui t’a amené à t’engager contre l’excision ?
Je suis engagé dans cette lutte car pour moi l’excision est une injustice et une atteinte à l’intégrité physique de la femme.
Cela remonte aussi à l’enfance. J’avais une amie qui n’était pas excisée et les gens se moquaient d’elle. Ils faisaient courir toutes sortes de rumeurs négatives à son égard. Je trouvais ces remarques infondées et hors de propos.
Dès 1998, je me suis engagé auprès du centre Djoliba, une ONG pionnière de cette lutte, à travers un single intitulé Démystification, qui fut distribué auprès des associations et ONG, mais aussi dans des centaines de villages au Mali en vue de sensibiliser les populations.
Comment s’est déroulée l’édition 2014 de “Carton rouge à l’excision” ?
La Campagne Carton Rouge a été préparée trois ans en amont avec l’association Mélodies du Monde. Nous avons organisé beaucoup de concerts dans différentes villes en France, dont les bénéfices étaient attribués à ce projet. Nous avons aussi été soutenus par l’Alliance Globale contre les mutilations génitale féminine (AGMGF).
Au Mali, nous avons eu comme partenaire le Programme National de Lutte contre la Pratique de l’Excision (PNLE) et aussi le soutien d’un médecin et de professeurs qui ont pu nous ouvrir les portes de la plus grande université du Mali : la Fast (Faculté des Sciences et Techniques).
Le but du projet était de toucher les jeunes, les étudiants, à travers une conférence-débat et une projection de film, le tout animé par des médecins, les associations locales, les représentants de la société civiles (les griots, les religieux, les laïcs) ; ainsi que des animations artistique avec des artistes connus qui ont pu attirer les jeunes à la conférence-débat
Comment se déroule le financement de l’édition 2015 ?
Le budget total du projet est de 12 000 euros, mais l’association Mélodies du Monde ne demande des dons qu’à hauteur de 5000 euros car elle prendra en charge le reste du financement grâce à d’autres événements qui seront organisés pour soutenir le projet. Divers partenaires seront aussi sollicités.
Il est important de préciser que les dons via la plateforme KissKissBankBank ne nous reviennent que si nous atteignons l’objectif de 5000 euros. Si ce n’est pas le cas, KissKissBankBank remboursera automatique les donateurs.
Peux-tu également dire un mot sur la circoncision forcée et les opérations de réassignation sexuelle des enfants intersexes ?
Je pense que la circoncision et l’excision n’ont rien de divin, ce sont juste des règles imposées par les traditions, qui ne doivent plus être des obligations à notre époque : cela reste des atteintes à l’intégrité physique des êtres humains.
>> Soutenir Carton rouge à l’excision édition 2015 <<
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