Si votre enfant a été circoncis, voici nos recommandations.
Cet article fait partie du dossier Santé du pénis.
1. Prenez soin de votre enfant
Il est important de savoir comment prendre soin de votre enfant le temps que son pénis guérisse. Il faut également rester vigilant car toutes sortes de complications peuvent survenir suite à l’opération, dont certaines peuvent nécessiter une consultation en urgence.
Vous trouverez de nombreux articles explicatifs en ligne, comme par exemple :
– Circoncision du nouveau-né: prendre soin de votre enfant à la maison après l’intervention
– Comment prendre soin de mon bébé après la circoncision ?
2. En cas d’opération abusive, par exemple si vous apprenez que le médecin a prescrit et/ou a pratiqué une circoncision :
– alors qu’il n’y avait pas de pathologie et que le pénis était parfaitement sain, par exemple sous prétexte de « phimosis ». Chez l’enfant, la circoncision n’est médicalement nécessaire que dans l’unique cas d’une rare maladie de la peau (BXO/LSA) et seulement si les traitements plus légers ont échoué ;
– ou en première intention, sans considérer des traitements plus légers ;
– ou sans avoir donné toutes les informations nécessaires à un consentement libre et éclairé : risque de souffrances lourdes et pour la vie entière, alternatives à l’ablation radicale du prépuce ;
vous devriez :
– protéger les autres enfants : faites un signalement à l’Ordre des médecins pour qu’une sanction lui soit signifiée (Droit au Corps peut vous accompagner dans cette démarche) ;
– témoigner : nous vous invitons à contacter notre association pour témoigner (anonymement). Votre témoignage contribuera aux prises de conscience ;
– demander réparation en portant plainte : si vous n’avez pas d’avocat et ne savez pas comment effectuer les démarches juridiques, vous pouvez vous renseigner :
– France : auprès de votre Mairie, d’un point d’accès au droit (PAD)
– Suisse : à venir
– Belgique : à venir
– Québec : à venir
Droit au Corps peut vous mettre en relation avec un avocat de son réseau juridique, n’hésitez pas à nous contacter.
En cas de circoncision sans autorisation, voir les conseils de Me Catherine Lam, avocate.
> À lire : Circoncision : un chirurgien français lourdement condamné
3. Gérez votre culpabilité
Si vous vous sentez coupable pour la circoncision de votre enfant, il est important de gérer cette culpabilité autant pour votre bien-être que pour le sien.
Des parents dans le regret peuvent trouver du réconfort en intégrant un groupe de parole ou en participant à la protection des autres enfants.
Pour aller plus loin
De façon générale en ce qui concerne le mal-être lié au sentiment de culpabilité, les neurosciences montrent que la « conscience de soi », un phénomène bien réel, nous induit en erreur en nous donnant l’illusion de l’ego, c’est-à-dire en nous faisant croire qu’il existerait réellement un « soi », un « moi ». Cette illusion mentale qu’une entité autonome existerait, l’ego, de même ordre qu’une illusion d’optique, a pour conséquence que « l’arbitre » du libre-arbitre est également une illusion mentale. En réalité, il n’existe aucune entité qui fasse des « choix » ou prenne des « décisions », mais uniquement des enchaînements de cause à effet plus ou moins déterminés. Cette illusion de l’ego, et donc du libre-arbitre, a pour conséquence qu’il n’y a aucune raison de se sentir responsable et a fortiori coupable de quoi que ce soit. Les actes s’accomplissent sans que quiconque en ait pris la décision : ni celui qui a laissé faire une circoncision, ni même celui qui a pratiqué une circoncision, médicale ou rituelle. En réalité, personne n’est responsable, ni coupable : telle est la conclusion majeure des neurosciences.
Quelques pistes documentaires :
. Cerveau & Méditation, Matthieu Ricard & Wolf Singer, Allary, 2017
. Your Brain Hallucinates Your Conscious Reality, Anil Seth, TED Conference, 2017, 17’
. Le Cerveau de Bouddha, Rick Hanson, Pocket, 2013
. The Self Illusion: How the Social Brain Creates Identity, Bruce Hood, Oxford University Press, 2012
4. Accompagnez votre enfant et l’adulte qu’il deviendra
En grandissant, il est possible que votre enfant vous pose des questions sur sa circoncision. Il est important de lui répondre clairement, de manière adaptée à son âge, sans l’inquiéter.
Si votre enfant exprime un mal-être, il ne faut pas chercher à esquiver, ce qui pourrait s’avérer contre-productif, mais plutôt reconnaître sa souffrance et ne pas hésiter à consulter une aide psychothérapeutique. L’annuaire santé de Droit au Corps est en cours de constitution.
Les hommes mécontents d’être circoncis trouvent généralement du réconfort en restaurant leur prépuce, en intégrant un groupe de parole ou en agissant pour que d’autres enfants ne subissent pas le même sort qu’eux.