Droit au Corps : bilan 2022 et perspectives 2023

Après de patientes années à bâtir les fondations, en 2022 Droit au Corps a commencé à recueillir les fruits de sa ténacité. Au plan de la crédibilité institutionnelle, être contributeur du dernier rapport à l’ONU du COFRADE (Conseil français des associations pour les droits de l’enfant) est une reconnaissance majeure. Au plan des innovations, Droit au Corps a complété sa communication avec un message positif : « le prépuce que du + ». Alors que parler des « méfaits de la circoncision » suscite bien des résistances, parler des « avantages du prépuce » ouvre les esprits. Pour 2023, notre priorité reste l’axe santé : un « réseau santé » est en cours de constitution, qui vise à rassembler un maximum de professionnels de santé dans la francophonie et au-delà. Vous en connaissez ? Mettez-les en relation avec nous !

Nos bilans annuels jalonnent l’histoire de notre collectif qui a émergé en 2011.

Sommaire

I. Santé sexuelle : relayer les bonnes pratiques et accompagner les individus circoncis en souffrance

  1. Réécriture de notre article sur le prépuce
  2. Droit au Corps sur le terrain
  3. Témoignages
  4. Observatoire de la santé du pénis
  5. Juridique : Droit au Corps partie civile
  6. Perspectives 2023 : lancement du Réseau Santé de Droit au Corps

II. Ouvrir un débat public sur les conditions du consentement à la circoncision

  1. Conseil français des associations pour les droits de l’enfant
  2. Article de L’Express
  3. Elargissement de la gamme de supports de communication
  4. Perspectives 2023

III. Développer la coalition internationale pour l’abandon des mutilations sexuelles

  1. Documentaire Arte « La circoncision : Une ablation qui pose question »
  2. Déclaration contre l’antisémitisme au sein du mouvement pour l’autonomie génitale
  3. Journée mondiale pour l’autonomie génitale
  4. Nouveau membre : prepuce.ch
  5. Perspectives 2023

IV. Contexte international

  1. Symposium Intact 2022
  2. Création du GALDEF aux États-Unis
  3. Lancement de Circumcision Law Reform en Australie
  4. En bref

V. Comment soutenir le Droit au Corps ?

I. Santé sexuelle : relayer les bonnes pratiques et accompagner les individus circoncis en souffrance

1. Réécriture de notre article sur le prépuce

Initialement publié en 2013, l’article Le prépuce, qu’est-ce que c’est au juste ? a été totalement réécrit, puis adapté en livret. N’hésitez pas à imprimer et diffuser ce livret, ainsi que nos autres supports de communication, aux parents et professionnels de santé de votre connaissance !

2. Droit au Corps sur le terrain

Journées Francophones de Sexologie et de Santé Sexuelle

Du 8 au 10 septembre 2022 avaient lieu les Journées Francophones de Sexologie et de Santé Sexuelle (JF3S), à Montpellier. Comme presque chaque année depuis 2018, notre association y tenait un stand d’informations. Lire le compte-rendu.

C’est à cette occasion qu’est apparue la mascotte Préplus : un personnage en forme de prépuce accompagné du slogan « le prépuce que du + ».

Préplus apparaît notamment sur un t-shirt et un badge (voir plus bas).
Salon Baby

Un Salon Baby se tenait à Paris les 22-23 octobre 2022. Pour la 3ème fois depuis 2019, notre association y tenait un stand d’information sur la santé du pénis de l’enfant. Lire le compte-rendu.

Journées départementales du CDCESS

Les 15 et 17 novembre 2022 ont eu lieu les 14èmes Journées départementales du Comité départemental de coordination des actions d’éducation à la santé et à la sexualité (CDCESS) à Évry-Courcouronnes, en Essonne. Droit au Corps y a fait une présentation sur la circoncision. Lire l’article dédié.

Entretien avec l’association Didi, prévention des violences sexuelles

Dans le cadre de la Journée internationale des droits de l’enfant qui se tient le 20 novembre, l’association Didi, prévention des violences sexuelles s’est entretenue avec Droit au Corps qui a présenté certains de ses supports de communication. Plus d’informations dans l’article dédié.

3. Témoignages

Des témoignages montrent que la circoncision peut engendrer des souffrances lourdes, pour la vie entière, que ce soit pour la personne qui l’a subie, pour ses partenaires sexuels ou ses proches dans le regret.

> Cette année, nous avons lancé une enquête intitulée « Circoncision : mettre des mots sur les maux », d’abord diffusée auprès de nos inscrits puis plus largement via nos réseaux sociaux. Ce questionnaire, totalement anonyme, vise à recueillir le ressenti des personnes qui souffrent de la circoncision, que ce soit la leur ou celle d’un proche. Les réponses sont utilisées pour favoriser les prises de conscience sur ce sujet méconnu et peu présent dans le débat public. Répondre à l’enquête.

> Julien a été circoncis à huit jours selon la tradition juive. Dans ce témoignage particulièrement riche, il explique les souffrances qui en ont découlé et partage son point de vue sur la circoncision au sein du judaïsme. Lire le témoignage.

> À l’occasion de la publication de son dernier ouvrage, Vivre la Trans identité, Droit au Corps s’est entretenu avec Thierry Bunas, sexologue et signataire de l’Appel au Débat sur la circoncision. Ce « guide complet » se veut un soutien bienveillant pour les personnes Trans’ et leur entourage dont la souffrance est souvent ignorée. Particularité de cet ouvrage, l’auteur nous éclaire non seulement de son savoir professionnel, mais de sa propre expérience de père : son fils, Loman, nous y partage également son point de vue, son vécu, sa pratique. Lire l’entretien.

4. Observatoire de la santé du pénis

L’Observatoire de la santé du pénis s’étoffe lentement mais sûrement. Zoom sur un cas problématique puis sur un exemple à suivre.

observation de la planète terre à la loupe

Problématique : le cas du Dr Galiano

Pour la deuxième fois, le Dr Marc Galiano, chirurgien urologue, a été épinglé sur l’Observatoire pour des propos gravement erronés et nocifs sur la santé du pénis. À ce jour, aucune réponse de sa part ou des médias ayant relayé sa parole. De plus, dans une vidéo publiée en 2020 mais portée à notre connaissance en 2022, intitulée « 6 trucs à savoir sur le pénis », le Dr Galiano mentionne les récepteurs sensoriels situés dans le gland et le frein, mais passe sous silence le prépuce qui est pourtant l’unité sensorielle principale du pénis.

Exemple à suivre : un livre bien renseigné sur le prépuce

Publié en 2020 mais porté à notre connaissance en 2022, le livre Amour, sexe, les réponses aux questions des ados de Isabelle Filliozat et Margot Fried-Filliozat consacre une page bien renseignée sur le prépuce. Ce cas figure donc dans l’Observatoire en tant qu’exemple à suivre.

5. Juridique : Droit au Corps partie civile

Suite à la rencontre avec un avocat évoquée dans notre bilan 2021, Droit au Corps s’est constituée partie civile dans l’affaire des circoncisions « ratées » à Bordeaux, une première pour notre association.

6. Perspectives 2023 : lancement du Réseau Santé de Droit au Corps

Au-delà de la poursuite de nos actions habituelles, l’enjeu majeur est le lancement du Réseau Santé de Droit au Corps qui aura pour mission d’atteindre les objectifs stratégiques de l’association sur l’axe santé.

Ce réseau a vocation à rallier progressivement des centaines de professionnels de santé dans la francophonie et au-delà, et si possible des milliers, de façon à étendre la capacité d’influence de Droit au Corps sur les institutions et les grands décisionnels du secteur de la santé, jusqu’aux gouvernements et l’OMS.

Si vous êtes un professionnel de santé intéressé à rejoindre ce réseau, contactez-nous.

II. Ouvrir un débat public sur les conditions du consentement à la circoncision

1. Conseil français des associations pour les droits de l’enfant

Le COFRADE a été créé en 1989 pour veiller à la bonne application de la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l’ONU cette année-là. Il est membre de la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme) et du HCFEA (Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge). Il a également une représentation auprès du Défenseur des Droits et de l’UN-CRC (Comité des droits de l’enfant de l’ONU). Cette fédération, qui compte une cinquantaine de membres en 2022 dont certains très notables, est une référence pour la France.

La collaboration engagée avec notre association en 2022 a abouti à un premier résultat d’envergure, inimaginable il y a seulement quelques années. En effet, son 6e rapport alternatif à l’ONU (PDF) met sur le même plan des « pratiques préjudiciables » aux enfants :

  • les mutilations sexuelles féminines ;
  • les interventions chirurgicales ou les traitements non nécessaires sur les enfants intersexués ;
  • pour les garçons, la circoncision et le décalottage forcé. 

Ce rapport relaie les recommandations essentielles de notre association (page 26), qui est référencée parmi les contributeurs (page 3) : 

  • de mener un débat national sur les éventuelles conditions d’acceptabilité de la circoncision rituelle chez les mineurs ;
  • de former les professionnels de santé aux fonctions du prépuce et à les sensibiliser sur les risques du décalottage forcé.

2. Article de L’Express

Le 25 juin, le magazine L’Express a publié un article intitulé « La pratique n’est pas encadrée » : en France, le tabou des circoncisions qui tournent mal, auquel Droit au Corps a contribué. Cet article est notable car il est rare qu’un média de référence en langue française adopte une position critique sur la circoncision rituelle.

C’est malheureusement le message de Patrick Carlioz, « la pratique n’est pas encadrée », qui a été retenu comme titre de l’article. Cela est regrettable, car cela envoie le message que bien encadrée, la circoncision ne poserait pas problème, or on sait qu’elle peut engendrer des souffrances lourdes, pour la vie entière. Aussi, il est dommage que l’article surpondère la circoncision juive par rapport à la circoncision ancestrale ou musulmane, alors qu’elle est quantitativement ultra-minoritaire dans le monde.

3. Elargissement de la gamme de supports de communication

Droit au Corps s’est doté de nouveaux supports de communication :

Pour soutenir nos actions, il est possible d’acheter le badge et le t-shirt sur nos stands ou en nous contactant par courriel.

4. Perspectives 2023

Grâce à l’arrivée de nouveaux membres, Droit au Corps va améliorer et développer sa communication sur les réseaux sociaux ainsi qu’en matière de contenu audiovisuel.

III. Développer la coalition internationale pour l’abandon des mutilations sexuelles

1. Documentaire Arte « La circoncision : Une ablation qui pose question »

Le 23 juillet, Arte a diffusé un documentaire allemand intitulé « La circoncision : Une ablation qui pose question », auquel Droit au Corps a contribué. Au-delà de son excellente qualité, ce documentaire peut être considéré comme historique au moins dans la francophonie, parce qu’il s’intéresse à des controverses jusque-là ignorées des grands médias. Lire notre article dédié.

Regarder sur Bitchute avec option de plein écran

2. Déclaration contre l’antisémitisme au sein du mouvement pour l’autonomie génitale

Le 28 avril, six auteurs bien connus de notre cause (David Balashinsky, Lisa Braver Moss, Tim Hammond, Ryan McAllister, Eliyahu Ungar-Sargon et Rebecca Wald) se disant « troublés par la montée de l’expression antisémite au sein du mouvement pour l’autonomie génitale » ont publié la Déclaration contre l’antisémitisme au sein du mouvement pour l’autonomie génitale, qui conclut :

« Il n’y a pas de place dans notre mouvement pour l’antisémitisme ou toute autre forme d’intolérance. Le travail de protection des enfants contre les mutilations sexuelles est tout simplement trop important pour permettre à de telles haines de faire dérailler tous nos efforts. Nous avons le devoir moral de dénoncer l’antisémitisme au sein du mouvement pour l’autonomie génitale. Nous pensons que le faire, aujourd’hui plus que jamais, est impératif tant pour la santé de notre mouvement que pour l’amélioration de notre société. »

Droit au Corps a signé cette déclaration et l’a traduite en français. Lire la déclaration.

3. Journée mondiale pour l’autonomie génitale

Le 7 mai, c’était la Journée mondiale pour l’autonomie génitale (Worldwide Day of Genital Autonomy). Près de 80 organisations à travers le monde soutenaient l’événement, dont Droit au Corps. Lire le compte-rendu.

Les organisations ayant été invitées à promouvoir leurs actions, Droit au Corps a choisi de présenter l’Observatoire de la santé du pénis en vidéo :

4. Nouveau membre : prepuce.ch

La coalition internationale pour l’abandon des mutilations sexuelles, The Bodyguards, compte un nouveau membre : l’organisation suisse prepuce.ch, fondée en mars 2022.

En juin, les 2 fondateurs, Ephraim et Manasseh Seidenberg, ont accordé un entretien à la chaîne de télévision locale suisse Tele Top :

Voir également cet entretien accordé à Mannschaft Magazin en janvier : The removal of the foreskin: More than a cut.

5. Perspectives 2023

Droit au Corps souhaite valoriser ses publications en un maximum d’autres langues, au bénéfice de nos partenaires à l’international : articles, supports de communication, vidéos, etc.

IV. Contexte international

1. Symposium Intact 2022

Organisé par Intact America, le 16ème Symposium international sur « la coupure génitale » des enfants a eu lieu les 27-28 août 2022 à Atlanta (États-Unis). Lire notre article dédié.

Les vidéos de cette édition 2022 sont disponibles sur YouTube : Intact 2022 Symposium.

2. Création du GALDEF aux États-Unis

Fondé par Tim Hammond en 2022, le Fonds de défense juridique et d’éducation pour l’autonomie génitale (Genital Autonomy Legal Defense and Education Fund, GALDEF) a pour vision « un monde où les droits des enfants à l’intégrité corporelle et à l’autonomie future sur leurs organes génitaux et leur sexualité sont respectés et protégés juridiquement » et se donne pour mission de « promouvoir l’impact des litiges en fournissant les ressources nécessaires à nos clients pour gagner des procès impliquant des coupures génitales infantiles médicalement inutiles. »

3. Lancement de Circumcision Law Reform en Australie

L’organisation australienne Foreskin Revolution a lancé le site internet Circumcision Law Reform (CLR), que l’on peut traduire par « Réforme de la loi sur la circoncision ». Le CLR vise à « protéger les enfants, les jeunes et les parents des méfaits de la circoncision » en veillant à l’application des lois et des règlements existants, et plaide pour une réforme législative afin de renforcer cette protection.

Lorsqu’il repère une irrégularité, le CLR contacte le professionnel de santé concerné pour lui demander de se conformer au droit, puis contacte les autorités si le professionnel ne coopère pas. De nombreux succès sont déjà au rendez-vous, comme le montrent les captures d’écran avant / après l’intervention du CLR, notamment en matière de fraude au financement de l’assurance maladie et de publicité mensongère.

Cette excellente initiative a des points communs avec l’Observatoire de la santé du pénis.

4. En bref

Janvier : publication du livre Circumcision is a Fraud par Peter Adler en parallèle avec le lancement de l’initiative Circumcision is a fraud.

Février : 

Mars : 

Juin : 

Juillet : 

Août : Is Circumcision “Necessary” in Islam? A Philosophical Argument Based on Peer Disagreement, article de Hossein Dabbagh

Octobre : publication du livre The Final Cut: The truth about circumcision par Jonathan Meddings (voir entretien vidéo)

Durant l’année : Intact Denmark a mis à la question les candidats au Parlement et rendu publiques leurs réponses sur la circoncision

Bilans d’autres organisations : 

V. Comment soutenir le Droit au Corps ?

> Participer : l’inscription est gratuite et sans engagement (au 31 décembre 2022, Droit au Corps compte 263 participants dont 78 adhérents)

> Faire un don : toute contribution aussi modeste soit-elle est la bienvenue

> Diffuser nos supports de communication

> Suivre et partager nos contenus sur Facebook, Twitter, Instagram, YouTube

Rappelons que toutes les actions que nous réalisons nécessitent d’intenses efforts de la part de personnes entièrement bénévoles, notre collectif ayant des ressources financières trop limitées pour envisager de créer l’emploi dont nous aurions besoin, même à temps partiel. D’ailleurs, il aurait été impossible d’entreprendre toutes les actions de cette année sans l’appel aux dons effectué en août, lequel a permis de réunir plus de 2000 euros. Un grand merci à toutes les bonnes volontés qui ont contribué, selon leurs moyens, aux succès de cette année !