Le Point.fr, 19.12.2012
Massivement pratiquées, les mutilations génitales féminines sont interdites depuis 2007. De récentes déclarations inquiètent les associations.
Le 6 juin, des femmes manifestent au Caire contre le harcèlement sexuel. Sur la pancarte, on peut lire « Liberté pour les femmes comme pour les hommes. » © Ahmed Mahmud / AFP
L’excision va-t-elle redevenir légale en Égypte ? C’est ce que laisse entendre le documentaire-choc de Paul Moreira Sexe, salafistes et printemps arabes, diffusé récemment sur Canal+. En Égypte, ces mutilations existent depuis longtemps et sont pratiquées en masse, obéissant à une « tradition » présente en Afrique depuis l’Antiquité – et qui n’a donc pas été importée par l’islam. Officiellement, il n’est pas question de revenir sur l’interdiction de cette pratique, mais certaines personnalités politiques de premier plan en Égypte l’évoquent.
Depuis la mort d’une jeune fille à la suite d’une excision mal pratiquée, en juin 2007, l’Égypte avait pourtant lancé une politique ambitieuse de sensibilisation, grâce aux ONG, aux associations de médecins, au ministère de la Santé et, surtout, à l’ONU, qui apportait un soutien massif. Le grand mufti de l’université al-Azhar, une autorité en matière d’islam sunnite, affirme à l’époque que cette pratique est interdite par l’islam. Sa déclaration a un grand retentissement non seulement en Égypte mais dans tout le monde musulman. Deux jours plus tard, le 28 juin 2007, les « mutilations génitales féminines », l’expression officielle qui désigne l’excision, sont interdites par décret ministériel.
Un an plus tard, en juin 2008, une loi criminalise l’opération. Des comités de protection des enfants sont créés dans tout le pays pour sensibiliser la population. Et ça marche. L’excision reste encore très répandue mais, tendanciellement, baisse. Elle touchait 95 % des femmes en 2005. Aujourd’hui, le pourcentage est tombé à 85 %.
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Note de Droit au Corps
Il est dommage de constater un débat « excision contre circoncision » dans les commentaires suivant l’article du point (c’est le cas un peu partout, sur l’article de Elle par exemple), chose assez fréquente.
Nous sommes pour notre part cohérents et condamnons toutes les mutilations sexuelles infantiles, qu’elles portent sur des garçons ou des filles.
Car nous considérons que tous les êtres humains ont le droit à l’intégrité génitale.
Il nous parait inconcevable d’être contre la circoncision et pour l’excision, ou contre l’excision et pour la circoncision.
Bien qu’il existe une différence indéniable de degré entre les pratiques, il s’agit bien dans les 2 cas d’une violation du droit à l’intégrité physique des enfants qui voient leur sexe endommagé de manière irrémédiable.
Si les opposants à la circoncision sont systématiquement contre l’excision, il est regrettable de constater que beaucoup d’opposants à l’excision trouvent la circoncision acceptable ou ne se prononcent pas à ce sujet.
On ne touche pas au sexe des enfants : droit à l’intégrité génitale pour tous !
« Tous les bébés sont nés parfaits. Gardez-les tel quel. Dites NON à la circoncision infantile. »