Témoignage : il protège son fils de la circoncision voulue par son ex-compagne

Jean-Louis a dû se battre pour protéger son fils de la circoncision voulue par son ex-compagne. Cette dernière est allée jusqu’à mentir sur l’état de santé de l’enfant, devant des médecins et même un juge, pour essayer de justifier l’opération. Aujourd’hui, Jean-Louis témoigne pour alerter d’autres parents.

Image d’illustration
AVERTISSEMENT PRÉALABLE

La volonté qu’avait Jean-Louis de décalotter son fils est une information pertinente pour comprendre le conflit qui l’opposait à son ex-compagne, mais rappelons que décalotter l’enfant est une mauvaise pratique à bannir ; cela aurait pu blesser l’enfant… et même conduire à une circoncision que Jean-Louis essayait pourtant d’éviter !

Jean-Louis est maintenant informé des bonnes pratiques. C’est le jeune lui-même qui devrait être la personne à décalotter son pénis pour la première fois, sans pression médicale, parentale ou autre.

Comme beaucoup de parents, en France et ailleurs, Jean-Louis était victime de la faille de santé publique sur le pénis, tandis que son ex-compagne essayait d’exploiter cette faille pour faire circoncire l’enfant, comme cela est bien expliqué dans le témoignage.

Témoignage de Jean-Louis

Pour commencer, je suis Français d’origine portugaise de religion catholique et mon ex-compagne est Française d’origine algérienne de religion musulmane.

À l’époque, nous avions décidé d’avoir un enfant et de l’élever dans la neutralité, mais à peine sortis de l’hôpital à la naissance de notre fils nous avions déjà des conflits.

Au moment des premiers bains qu’on lui donnait, elle refusait que je tire son prépuce en arrière pour le laver correctement, sous prétexte que, s’il était décalotté, la circoncision ne serait plus remboursée par la sécurité sociale. C’était la première fois de ma vie que j’entendais un truc pareil.

Note de Droit au Corps (DaC)

Il est important de comprendre 2 choses à ce stade :


1/ Jean-Louis effectuait sans le savoir une mauvaise pratique : 
tenter de décalotter un enfant est inutile et dangereux : cela peut le blesser physiquement et psychologiquement, et mener à des complications de long terme ;
l’hygiène du pénis de l’enfant est simple : il suffit de rincer à l’eau claire et tiède la surface apparente du pénis, sans décalotter.

2/ L’ex-compagne de Jean-Louis refusait le décalottage non pas en raison de la nocivité de la pratique (qu’elle ignorait probablement elle aussi), mais parce qu’elle espérait faire circoncire leur fils pour des raisons religieuses, et elle savait que si le prépuce de l’enfant devenait rétractable, alors elle ne pourrait plus utiliser l’alibi « phimosis » pour faire rembourser la circoncision par l’assurance maladie, une fraude bien connue.

Nous nous sommes séparés rapidement après la naissance de notre fils. Elle est partie vivre dans le Sud et je suis resté en région parisienne.

Elle ne me laissait aucun accès pour voir mon fils. J’ai donc dû saisir le juge aux affaires familiales pour mettre en place un mode de visite et d’hébergement. Sachant que c’était un nourrisson à l’époque, c’était compliqué de descendre dans le Sud un week-end par mois jusqu’à ce qu’il soit plus grand pour l’accueillir chez moi.

Avec mon avocat, nous avions demandé au juge l’interdiction de faire circoncire et de sortir du territoire car je ne voulais pas que notre fils soit circoncis et je n’avais pas confiance en elle. Le juge m’a débouté de ma demande d’interdiction de sortie du territoire, et pour la circoncision il a dit qu’il fallait l’accord des deux parents s’il n’y a pas de nécessité médicale.

Je savais que mon ex-compagne n’abandonnerait pas l’idée de faire circoncire notre fils. Elle a commencé à m’appeler régulièrement en me disant qu’il se plaignait d’avoir mal au prépuce, qu’à l’école ils avaient constaté qu’il avait des problèmes. Elle allait chez le médecin généraliste en prétextant qu’il avait un phimosis et qu’il n’arrivait pas à uriner, alors le médecin lui prescrivait des crèmes qu’elle n’utilisait pas, pour dire ensuite que ça ne fonctionnait pas et qu’il y avait besoin d’une circoncision. Circoncision à laquelle je m’opposais toujours car je savais qu’elle mentait, puisque quand mon fils était avec moi il n’avait aucun problème. Et d’ailleurs j’avais appelé le généraliste qui m’avait confirmé qu’il n’avait rien de grave [Note de DaC : un prépuce non rétractable est la condition la plus fréquente avant l’adolescence, il s’agit d’un état normal].

Pendant mes droits de visites et d’hébergement, lorsque je donnais le bain à mon fils, je lui demandais de tirer son prépuce en arrière pour le laver correctement, et comme elle avait peur que je le décalotte complètement car ça l’empêcherait de prétexter un « phimosis » pour obtenir la circoncision, elle me menaçait de porter plainte si je le décalottais. Je comprenais ce qu’elle essayait de faire, mais comme je ne voyais pas souvent mon fils à cause de la distance c’était compliqué.

Un jour, elle m’a appelé en me disant qu’elle avait consulté un urologue qui disait que notre fils avait besoin d’une posthectomie [ablation du prépuce réalisée pour des raisons médicales, NDLR], mais elle a refusé de me donner son nom pour que je puisse l’appeler. Elle a même essayé de me faire croire qu’une posthectomie n’était pas une circoncision. J’ai appelé l’hôpital et il n’y avait que deux urologues donc j’ai facilement retrouvé l’urologue en question, mais il a refusé de me parler et il avait un prénom à consonance musulmane donc je le soupçonnais d’être de connivence avec mon ex-compagne.

Après la fin du confinement, j’ai reçu un courrier de son avocat accompagné d’une convocation au tribunal et de l’ordonnance de l’urologue qui disait que notre fils avait besoin d’une posthectomie. Je m’y attendais un peu, mais ce qui m’a surpris c’est la rapidité, car après le confinement les tribunaux étaient engorgés d’affaires en suspens et elle a fait passer ça en urgence pour avoir une date rapidement. J’ai donc eu peu de temps pour m’organiser. J’avais besoin d’une attestation d’un autre urologue, sinon le juge se serait basé uniquement sur le sien. J’ai donc pris rendez-vous rapidement pour mon prochain droit de visite.

Mon urologue a constaté ce que je savais déjà : mon fils avait des adhérences balano-préputiales qui n’étaient pas douloureuses et qui ne l’empêchait pas d’uriner [Note de DaC : le mot « adhérence » est inadapté, la fusion prépuce-gland est un phénomène normal]. J’ai transmis l’attestation à mon avocat pour le juge. Comme on avait des médecins qui n’avaient pas le même avis, j’ai demandé une expertise au juge, à nos frais partagés (500 euros). Pour l’expertise, c’est le juge qui choisit le médecin.

Nous avons été convoqués mon ex-compagne et moi, avec notre fils alors âgé de 4 ans, pour l’expertise chez le médecin mandaté par le juge. On lui a raconté notre histoire chacun à tour de rôle, puis il s’est adressé directement à notre fils. Il lui a demandé s’il avait mal, ce à quoi notre fils a répondu « non ». Il lui a demandé s’il arrivait à faire pipi, ce à quoi notre fils a répondu « oui ». Mon ex-compagne a essayé de manipuler notre fils devant le médecin en lui demandant : « Tu veux que le médecin te soigne ? », ce à quoi notre fils a répondu « oui ». Mais le médecin a bien compris son manège et il a reformulé en demandant : « Tu veux qu’on te coupe le zizi ? », ce à quoi notre fils a répondu « non ». Le médecin l’a ensuite examiné et a constaté les adhérences [sic] balano-préputiales qui sont normales à cet âge et qu’il pouvait réaliser un décalottage sous anesthésie si vraiment ça le gênait, mais sans circoncision

La conclusion de l’expertise n’a pas convenu à mon ex-compagne qui a essayé d’obtenir l’expertise d’un autre médecin avant le délibéré. Elle est retournée chez son médecin généraliste pour qu’il lui fasse une autre attestation, mais il lui a dit de consulter un spécialiste, et comme mon fils en avait déjà vu plusieurs, ça ne servait à rien.

Résultat : le juge a débouté mon ex-compagne de sa demande de circoncision, mais lui a donné l’accord pour faire réaliser le décalottage sous anesthésie, ce qu’elle n’a jamais fait jusqu’à aujourd’hui.

Mon fils va avoir 8 ans en août. Il se porte très bien, il n’est pas circoncis et il n’a pas vraiment compris ce qu’il s’est passé. Il a un encore un petit blocage quand il doit prendre son bain chez moi, car il a gardé la peur liée à sa mère qui lui disait de ne laisser personne lui laver son zizi (puisqu’elle avait peur qu’on le décalotte et qu’elle ne puisse plus prétexter un phimosis). Aujourd’hui, il prend son bain seul, mais quand je lui dis d’y aller, il a gardé ce réflexe de dire qu’il ne veut pas se laver le zizi « à l’intérieur » (du prépuce). J’ai essayé de lui expliquer l’histoire, mais quand il est retourné chez sa mère il a préféré la croire plutôt que moi. J’ai laissé tomber pour ne pas créer de tensions. Je lui expliquerai quand il sera plus grand, je lui montrerai le dossier avec les pièces.

Parfois, je lui pose la question s’il veut qu’on lui coupe le zizi comme il a vu sur ses petits cousins depuis, et il me répond que « non, ça fait mal ». Je pense qu’il faut laisser le choix aux enfants pour leurs corps.


Note de Droit au Corps : liens insérés dans le texte par nous.

Comment empêcher la circoncision de votre fils voulue par l’autre parent ?

En France, il faut une autorisation écrite des deux parents pour qu’une circoncision soit pratiquée sur un enfant sans nécessité médicale.

Quoi qu’il en soit, il est primordial que le parent opposé à la circoncision écrive à l’autre pour lui faire connaître son opposition absolue à la circoncision : par email, par lettre recommandée avec accusé de réception ou par SMS, voire les 3, mais toujours en conservant la trace des écrits et des dates (problème du sms : les gens font des captures d’écran sans la date). Vous pouvez aussi déposer une main courante pour avoir une preuve supplémentaire que vous refusez que votre fils soit circoncis. Tous ces éléments pourront servir ultérieurement dans le cadre d’une procédure juridique.

Attention : le parent en faveur de la circoncision peut essayer d’obtenir un certificat médical avec un faux diagnostic de « phimosis » de la part d’un médecin conciliant, pour faire passer la circoncision comme nécessaire médicalement et obtenir au passage son remboursement par l’assurance maladie. 
C’est pourquoi, en cas de conflit sur la circoncision, nous recommandons sans attendre de présenter votre enfant à un médecin pour établir une attestation qu’il n’y a pas nécessité médicale à circoncire (en prenant garde à ce que le médecin sache qu’un prépuce non rétractable chez l’enfant est normal et qu’il ne faut pas chercher à le décalotter !).

Que faire si l’autre parent a fait circoncire votre fils sans votre accord ?

Voir les conseils de Me Catherine Lam, avocate, dans son article Circoncision sans autorisation.