En mars 2023, un médecin qui exerce près de Grenoble décalotte un garçon de 9 mois. L’enfant hurle et est blessé, son pénis laisse une trace de sang sur la couche. Sa mère, Aurélie*, est choquée et culpabilise de ne pas avoir pu le protéger. Elle témoigne pour alerter les parents et éviter que d’autres enfants ne subissent cette mauvaise pratique.
* le prénom a été changé
Décalotter l’enfant (rétracter son prépuce) est une mauvaise pratique
Tenter de décalotter un enfant est inutile et dangereux : cela peut le blesser physiquement et psychologiquement, et mener à des complications de long terme. Plus d’informations dans l’article Décalotter l’enfant : une mauvaise pratique à bannir, issu de notre dossier sur la santé du pénis. Voir également notre dépliant.
Témoignage d’Aurélie
« Le mois dernier, j’ai emmené mon fils de 9 mois chez un médecin généraliste pour la visite médicale des 9 mois. C’était la première fois que je consultais ce médecin (et ce sera la dernière).
Au cours de l’examen, le médecin me dit qu’il va vérifier quelque chose au niveau du pénis, mais sans jamais utiliser le mot « décalottage » ou « décalotter ». C’est pour cela que je l’ai laissé faire en toute confiance, je pensais que ça allait juste être une observation de sa part.
Le médecin commence alors à examiner le pénis de mon fils qui se met à pleurer, et là, sans me prévenir ni me demander, il commence à le décalotter et mon fils se met à hurler ! Le temps que je réalise ce qu’il est en train de faire, je dis « NON ! », mais le médecin termine son geste et c’est trop tard…
Je suis restée choquée d’avoir assisté à ce geste et de voir mon fils souffrir. Je ne m’y attendais pas du tout. Je suis vraiment restée sonnée pendant quelques minutes.
Puis en mettant la couche de mon fils et en cherchant à l’ajuster, je remarque que le contact du pénis avec la couche laisse une trace de sang… Je le signale au médecin, qui me répond que ce n’est pas grave.
Il me faut le temps de rhabiller mon fils pour reprendre mes esprits et demander au médecin pourquoi il l’a décalotté. Lui ne voit pas du tout le problème : il me répond que ça fait partie de l’examen des 9 mois si cela n’a pas été fait plus tôt. Et il m’explique que ça n’était pas un décalottage parce qu’il n’a pas senti que le prépuce était collé au gland, et que s’il avait senti que ça forçait il n’aurait pas continué. Je ne comprends pas son explication, car non seulement il a bien pratiqué un décalottage (il a rétracté le prépuce jusqu’à faire apparaître l’entièreté du gland), mais en plus mon fils a hurlé et a été blessé jusqu’à saigner !
Depuis, je culpabilise à fond. Je m’en veux de ne pas avoir compris à temps ce qu’il faisait, d’avoir regardé sans comprendre et sans rien faire, ou en tout cas sans faire assez.
Le problème c’est aussi que pendant toute la semaine qui a suivi, mon fils se réveillait systématiquement vers minuit et demi, d’un coup, en pleurant, ce qu’il ne faisait pas avant (il fait ses nuits depuis ses 2 mois). Conséquence ou coïncidence ? Traumatisme ou pas traumatisme ? Ses émotions ou les miennes ? Tout ça reste pour l’instant sans réponse.
J’ai appris récemment, notamment grâce à votre association, que décalotter un enfant est une mauvaise pratique. J’avais déjà lu à droite à gauche que ce geste n’était plus recommandé, mais je ne savais pas pourquoi. Et d’ailleurs, la jeune médecin chez qui je vais habituellement n’a jamais décalotté mon fils. Ceci dit, elle ne m’en a jamais parlé non plus, c’est aussi pour cette raison que mon avis sur la question restait un peu flou.
J’en ai parlé ensuite à mes amies dont plusieurs ont un petit garçon. Une m’avait déjà dit à l’époque que son pédiatre lui avait conseillé de décalotter son fils sous la douche et que cette idée la stressait. Une autre m’a dit avoir vécu une expérience similaire à la mienne, avec une pédiatre qui a effectué un décalottage forcé sur son fils. Cette pratique semble donc encore très répandue…
Pour les parents d’un petit garçon qui liraient ce témoignage, voici mes conseils :
- s’informer sur ce phénomène et informer ses proches : l’association Droit au Corps y a consacré un dossier et a réalisé un dépliant dont j’aurais aimé avoir connaissance avant d’y être confrontée malgré moi ;
- ne pas avoir peur de s’affirmer face au médecin, de lui dire dès le début de la consultation et avant qu’il n’examine l’enfant, que vous ne souhaitez pas qu’il pratique de décalottage !
J’espère que mon fils ne gardera pas de séquelles, physiques ou émotionnelles. Désormais, je tâcherai de le faire examiner uniquement par des médecins opposés au décalottage, plus respectueux du corps des enfants. En discutant avec une personne de Droit au Corps, j’ai été ravie d’apprendre qu’un annuaire de professionnels de santé bien informés sur ces questions était en cours d’élaboration.
Je remercie l’association Droit au Corps pour son soutien et ses conseils. Je regrette de ne pas l’avoir connue plus tôt, mais j’espère que mon témoignage permettra de mettre en garde d’autres parents et d’éviter que d’autres enfants ne subissent ce préjudice irréversible. »
Notes de Droit au Corps :
- liens insérés dans le témoignage par nous ;
- cas ajouté à l’Observatoire de la santé du pénis ;
- n’hésitez pas à nous contacter si vous avez vécu une situation similaire.