Droit au Corps lance une série de vidéos pédagogiques pour mieux comprendre les enjeux liés à la circoncision. Le premier épisode s’intéresse à l’anatomie et aux fonctions du prépuce, ainsi qu’aux conséquences de son ablation.
D’une durée de 11 minutes, la vidéo est dès à présent disponible sur notre chaîne YouTube.
Avertissement : cette vidéo contient des dessins, photos et animations d’organes sexuels. Elle est réservée aux personnes majeures et son visionnage nécessite d’être connecté à un compte YouTube indiquant 18 ans ou plus.
Le deuxième épisode de notre série portera sur les arguments médicaux avancés pour justifier la circoncision. Nous espérons vous le proposer dans les prochaines semaines.
TRANSCRIPTION ET RÉFÉRENCES
- Introduction
- Prépuce : anatomie et fonctions
- Circoncision : quelles conséquences ?
- Résumé
- Conclusion
- Références
Introduction
Cette vidéo a été écrite par le Réseau Santé de l’association Droit au Corps. Nous vous souhaitons un bon visionnage.
Prépuce : anatomie et fonctions
Tout d’abord, intéressons-nous à la partie du pénis qui est retirée lors de la circoncision : le prépuce.
Apparence du prépuce
Attention : il existe une confusion sur ce qu’est vraiment le prépuce. Certaines personnes pensent qu’il s’agit uniquement de la pointe qui dépasse du gland, que l’on appelle « acroposthion ». En réalité, le prépuce représente une partie bien plus importante : il recouvre le gland.
Signalons que la vulve possède aussi un prépuce, encore appelé « capuchon du clitoris », qui partage des similitudes anatomiques et physiologiques avec le prépuce du pénis.
Anatomie et fonctions
Le prépuce est une structure anatomique complexe.
Il est disposé en double couche, comme les paupières :
- la couche externe, constituée de peau ;
- la couche interne, constituée de muqueuse, qui protège le gland, le maintient humide et préserve sa sensibilité.
Le prépuce est relié au gland par le frein. En anatomie, un frein est un repli de tissu qui relie une partie fixe à un organe mobile et qui limite les mouvements de ce dernier. On trouve d’autres freins dans le corps, comme au niveau de la langue ou du clitoris.
De plus, il existe dans le prépuce une structure unique et spécialisée : la bande striée. Il s’agit d’un anneau de muqueuse striée localisé à l’extrémité du prépuce, sur la couche interne.
Au microscope, on constate que le prépuce est très innervé : c’est la partie du pénis qui contient le plus de récepteurs sensoriels, concentrés dans la bande striée et le frein, deux structures qui jouent un rôle important dans la sensibilité sexuelle. Le prépuce contient également des fibres musculaires et élastiques. Enfin, il est très vascularisé, c’est-à-dire riche en vaisseaux sanguins.
Au cours de la croissance, le prépuce devient mobile : grâce à un mécanisme de roulement-coulissement, il peut faire un va-et-vient sur le gland et une partie de la hampe. Les couches du prépuce s’enroulent et se déroulent, exposant ainsi la couche muqueuse.
Ce mécanisme joue un rôle important dans la sexualité :
- lors de l’érection, la réserve de peau fournie par le prépuce s’adapte à l’augmentation en taille du pénis, ce qui assure le confort ;
- le va-et-vient du prépuce stimule les récepteurs sensoriels du pénis, notamment ceux situés dans la bande striée et le frein, ce qui procure des sensations de plaisir ;
- cette mobilité favorise le confort des deux partenaires, typiquement lors de la pénétration, car les surfaces qui entrent en contact glissent facilement l’une sur l’autre.
Voici un spécimen de prépuce excisé et déplié : on reconnaît la couche externe, la couche interne, la zone du frein et la bande striée.
Chez l’adulte, la surface totale du prépuce représente environ 50 cm², soit la surface de la paume de votre main, et peut atteindre jusqu’à 100 cm², soit la surface d’un smartphone.
En proportion, le prépuce représente entre un tiers et la moitié de la peau du pénis.
Agencement du prépuce sur le pénis
Ce sera plus parlant en vidéo.
Voyons de quelle manière le prépuce est naturellement agencé sur le pénis :
- on retrouve notre spécimen de prépuce ;
- les 2 couches sont pliées l’une sur l’autre ;
- le prépuce est disposé face muqueuse sur le gland ;
- le gland est donc doublement recouvert ;
- une circoncision est simulée : c’est d’abord la couche externe qui est incisée et retirée, puis la couche interne ;
- résultat : c’est une surface d’un tiers à la moitié de la peau du pénis qui a été retirée.
Résumé
En résumé, le prépuce possède trois fonctions majeures :
- riche en récepteurs sensoriels, il joue un rôle clé dans la sensibilité sexuelle ;
- il protège le gland, qui reste humide et sensible ;
- sa mobilité permet une stimulation du pénis et favorise le confort des deux partenaires.
Circoncision : quelles conséquences ?
Maintenant que vous avez ces informations, il va être plus simple de comprendre les conséquences de la circoncision.
Avant de continuer, il faut noter que chaque circoncision est différente : en fonction de la quantité de tissu retirée et de la technique de circoncision, les conséquences peuvent être plus ou moins prononcées.
Perte d’un tissu sensoriel et érogène
Première conséquence de la circoncision : c’est la perte d’un tissu sensoriel et érogène majeur.
Une étude publiée en 2007 a réalisé une cartographie de la sensibilité du pénis au toucher fin, en 19 points. En bas à droite, on trouve l’échelle de sensibilité : plus on va vers les couleurs violettes et rouges, plus la zone est sensible au toucher.
Sur le pénis intact à gauche, on constate que les zones les plus sensibles se situent sur le prépuce : on retrouve notamment la zone du frein et la bande striée. En comparaison, sur le pénis circoncis à droite, les zones violettes et rouges ont quasiment disparu.
La zone la plus sensible du pénis circoncis se situe au niveau de la cicatrice de circoncision. Elle est moins sensible que les parties les plus sensibles du pénis intact.
L’étude conclut que la circoncision retire les parties les plus sensibles du pénis.
Contrairement à une croyance populaire, ça n’est pas le gland qui est le plus riche en récepteurs sensoriels, c’est bien le prépuce.
Le professeur McGrath, un anatomiste expert du sujet, affirme que le prépuce est « l’unité sensorielle principale du pénis ». Il estime que la quantité de tissu sensoriel perdue lors d’une circoncision est de 75 ou 80 %.
Pour illustrer la perte de tissu érogène, prenons l’exemple d’une circoncision ayant retiré la totalité du frein et de la zone alentour. À gauche, on distingue clairement le frein. À droite, il ne reste qu’un tissu cicatriciel.
Perte de protection du gland
Deuxième conséquence de la circoncision, qui se cumule à la première, c’est la désensibilisation des zones érogènes restantes.
Le prépuce ayant été retiré, le gland n’est plus protégé : il est désormais exposé à l’air et aux frottements. La muqueuse du gland entame alors un processus de kératinisation : elle s’assèche, s’épaissit, et perd sa couleur naturelle. Il en résulte une désensibilisation supplémentaire qui peut s’aggraver au cours du temps.
Perte du mécanisme de roulement-coulissement
Souvenez-vous : le prépuce peut se déplacer le long du pénis grâce à un mécanisme de roulement-coulissement, très utile lors de l’activité sexuelle.
Troisième conséquence de la circoncision : ce mécanisme est supprimé. En érection, la peau de la verge reste immobile sous le gland. L’architecture normale du pénis est donc modifiée.
Cela pose 2 problèmes majeurs :
- 1er problème lors de l’érection. En effet, le pénis gonflé de sang peut doubler voire tripler de volume. La réserve de peau fournie par le prépuce étant perdue, cela peut entraîner des érections tendues et inconfortables.
- 2ème problème lors de l’activité sexuelle. La perte de coulissement du prépuce augmente les frottements entre les surfaces qui entrent en contact. La masturbation et la pénétration deviennent plus abrasives, ce qui peut nécessiter l’ajout de lubrifiant.
Voyons cela en mouvement.
Lors du coït avec un pénis intact, le prépuce reste mobile dans la cavité vaginale. Cela permet une stimulation du pénis, un glissement naturel entre les surfaces en contact, et favorise le maintien des lubrifications vaginales à l’intérieur du vagin. Tous ces facteurs contribuent au plaisir et au confort des deux partenaires.
Lors du coït avec un pénis circoncis, en l’absence de mobilité de la peau sur la verge, les frottements augmentent et les lubrifications vaginales sont plus facilement entraînées à l’extérieur du vagin. De plus, à cause de la perte de sensibilité, les hommes circoncis peuvent avoir tendance à faire des mouvements plus forts et plus amples pour obtenir des sensations. Tous ces facteurs entraînent un risque d’inconfort voire de douleurs pour les deux partenaires. Des études ont aussi montré que la circoncision entraîne une difficulté plus fréquente pour atteindre l’orgasme, aussi bien pour l’homme que pour sa partenaire.
Le docteur Frisch a mené une étude publiée en 2011. Il explique :
- « Les hommes circoncis rapportaient des difficultés à atteindre l’orgasme bien plus fréquemment que les hommes non circoncis. »
- « Les femmes avec des conjoints circoncis […] rapportaient des difficultés à atteindre l’orgasme, voire de l’impossibilité à l’atteindre, deux fois et demi plus souvent que les femmes avec des conjoints non circoncis, et rapportaient des rapports sexuels douloureux bien plus souvent que les femmes avec des conjoints non circoncis. »
Résumé
Pour résumer, la circoncision entraîne trois conséquences majeures :
- elle supprime un tissu sensoriel et érogène ;
- le gland n’est plus protégé et perd en sensibilité ;
- l’absence du mécanisme de roulement-coulissement peut causer des troubles dans la sexualité, y compris pour les partenaires.
Conclusion
Cette vidéo touche à sa fin. Vous trouverez toutes les références ci-après.
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Dans la prochaine vidéo, nous nous intéresserons aux arguments médicaux utilisés pour justifier la circoncision.
Merci de votre attention.
Références
Publications scientifiques
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Earp, B.D. (2016), Infant circumcision and adult penile sensitivity: implications for sexual experience. Trends Urology & Men Health, 7: 17-21. https://doi.org/10.1002/tre.531
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Cepeda-Emiliani A, Gándara-Cortés M, Otero-Alén M, et al. Immunohistological study of the density and distribution of human penile neural tissue: gradient hypothesis. Int J Impot Res. 2023;35(3):286-305. doi:10.1038/s41443-022-00561-9
Vidéos
Entretien vidéo avec le Pr Kenneth McGrath, 2010, droitaucorps.com/anatomie-prepuce-sequelle-circoncision/
Entretien vidéo avec le Dr Morten Frisch, 2012, droitaucorps.com/etude-circoncision-sexualite-frisch/
Disposition du prépuce sur le pénis par Foregen, 2020, youtube.com/watch?v=mDMwe1dmCTM
Visuels
thepenisproject : https://www.youtube.com/watch?v=N27f84KOQm8
Musique
L’artiste a choisi de rester anonyme.