Avertissement : certaines images et vidéos de cet article peuvent choquer.

La circoncision masculine consiste en l’ablation du prépuce, une partie normale, saine et fonctionnelle du pénis.
Elle est presque toujours effectuée sur des enfants, sans nécessité médicale et sans consentement libre et éclairé.
De plus, la circoncision est irréversible : elle modifie le pénis de façon permanente en supprimant le prépuce et les fonctions qui lui sont propres (protectrice, sensorielle, mécanique), et en laissant une cicatrice.
Par conséquent, la circoncision constitue une grave atteinte à l’intégrité physique de l’individu qui la subit et pose un problème éthique fondamental.
En France, voici ce que dit la loi :
Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité du corps humain qu’en cas de nécessité médicale pour la personne ou à titre exceptionnel dans l’intérêt thérapeutique d’autrui.
Le consentement de l’intéressé doit être recueilli préalablement hors le cas où son état rend nécessaire une intervention thérapeutique à laquelle il n’est pas à même de consentir. – Article 16-3 du Code civil
Le Code de déontologie médicale indique :
Aucune intervention mutilante ne peut être pratiquée sans motif médical très sérieux et, sauf urgence ou impossibilité, sans information de l’intéressé et sans son consentement. – Article 41 du Code de déontologie médicale
La pratique de la circoncision sur des enfants en bonne santé est donc « dépourvue de tout fondement légal », comme le rappelait le Conseil d’État en 2004, mais il existe une tolérance de fait.
SOMMAIRE DE L’ARTICLE
- La circoncision : des origines à nos jours
- Le prépuce : tous les bébés naissent avec
- Prise en charge de la douleur
- Techniques opératoires en milieu hospitalier
- Les différents types de circoncision
- Les conséquences de la circoncision
- Une mutilation sexuelle banalisée
- Institutions contre la circoncision
- Le mouvement intactiviste
- Aller plus loin
La circoncision : des origines à nos jours
La circoncision est l’opération chirurgicale la plus ancienne connue chez l’homme et la plus pratiquée, encore aujourd’hui, sur les individus de sexe masculin.
Dès lors, plusieurs questions peuvent se poser :
- Quelle est son origine, son histoire ?
- Pour quelles raisons est-elle pratiquée ? Dans quelles régions du monde ?
- Comment est-elle réalisée ?
- Quels sont les taux de prévalence dans les différents pays ?
Toutes les réponses à ces questions dans notre dossier : La circoncision dans le monde.
De plus, il subsiste de très nombreuses idées reçues sur la circoncision, lesquelles ont pour conséquence de pérenniser la pratique : tour d’horizon et explications.

Le prépuce : tous les bébés naissent avec !
Les bébés de sexe masculin naissent avec un prépuce qui recouvre et protège le gland du pénis. De la même manière, les bébés de sexe féminin naissent avec un prépuce, appelé aussi capuchon du clitoris, qui recouvre et protège le gland du clitoris.

Attention : il ne faut jamais forcer le décalottage, c’est inutile et dangereux. Chez l’enfant, il est physiologiquement normal que le prépuce soit collé au gland et ne puisse être rétracté. Le développement du prépuce se fera de manière naturelle et progressive, au fil du temps, et peut durer jusqu’à la fin de la puberté. Les études ont montré que l’âge moyen pour obtenir un décalottage complet sans intervention extérieure est d’environ 10 ans. Plus d’information dans notre dossier Santé du pénis : hygiène, décalottage, phimosis, circoncision.
Lorsque le décalottage est possible, le gland est mis à nu lors de l’érection :

Prise en charge de la douleur
La circoncision est une opération très douloureuse et l’on sait aujourd’hui que le nouveau-né ressent la douleur comme l’adulte.
L’idéal est d’effectuer une anesthésie générale mais cela comporte toujours un risque, surtout chez les plus jeunes. Et dans tous les cas, la blessure provoquée par l’ablation du prépuce continuera à faire mal et à gêner la personne concernée plusieurs jours après l’opération.
Pire, de nombreux enfants qui subissent la circoncision de par le monde ne reçoivent aucune anesthésie, notamment lors de circoncisions rituelles. Ce fut aussi le cas pendant longtemps en milieu hospitalier, par exemple aux États-Unis au siècle dernier, mais de nos jours une anesthésie adéquate doit être est administrée.

Un anesthésique local à base de crème EMLA est parfois utilisé, mais cela n’est absolument pas suffisant.
Explications du professeur Daniel Annequin, spécialiste de la douleur chez l’enfant :
« Grâce à cette pratique de masse [de la circoncision néonatale aux États-Unis], on a des études. Il y a eu des dizaines et des dizaines d’études, et on a pu mesurer le niveau de douleur. Chez ces nouveau-nés, on voit vraiment que les petits qui n’ont pas d’antalgiques ont des scores de douleur maximum. On est dans le cas d’une chirurgie certes brève, mais on est dans le cas d’une chirurgie. C’est vrai, il y a les solutions sucrées, il y a les anesthésies locales, différentes anesthésies, mais toutes les études montrent que ça ne suffit pas. C’est sûr on va faire baisser un peu les scores de douleur, mais globalement il faut associer trois, quatre, voire cinq moyens antalgiques pour pouvoir le faire en ambulatoire. L’idéal, ce qu’on appelle le gold standard, c’est une anesthésie générale. »
– Pr Daniel Annequin, anesthésiste pédiatrique
Techniques opératoires en milieu hospitalier
Différentes méthodes et différents outils peuvent être utilisés pour amputer le prépuce : méthode traditionnelle avec des pinces, ou dispositifs spécialement dédiés à la procédure comme nous le verrons plus loin.
En effet, certains médecins mal informés :
- ne savent pas différencier un phimosis (état pathologique) d’un prépuce non rétractable en développement, état naturel qui ne nécessite pas de traitement ;
- en cas de trouble avéré, n’informent pas les parents sur les alternatives à la circoncision (médicaments topiques, plastie du prépuce), qui devraient pourtant être proposées en premier lieu puisque moins invasives et dommageables qu’une ablation ;
- effectuent et/ou conseillent aux parents des décalottages forcés qui peuvent blesser l’enfant et découler sur la préconisation d’une circoncision.
Méthode traditionnelle
Photos du pénis d’un enfant lors d’une circoncision dans un hôpital avec scalpel et pinces hémostatiques :



Dispositifs spéciaux
De nombreux dispositifs ont été spécialement développés pour pratiquer la circoncision.
C’est le cas de la pince Gomco, l’un des appareils les plus utilisés pour circoncire les nouveau-nés aux États-Unis :

Un autre dispositif très populaire est le Plastibell.

Mentionnons encore la pince Mogen, inventée en 1954.
Vidéo d’une circoncision d’un enfant de cinq semaines avec la pince Gomco.
Les différents types de circoncision
Selon le circonciseur et l’outil utilisé durant la procédure, le résultat obtenu n’est pas toujours le même et on peut catégoriser les circoncisions comme suit.
Tout d’abord, la circoncision peut être soit serrée, soit relâchée :
- Circoncision « serrée » (tight) : lorsque beaucoup de peau a été excisée.
- Circoncision « relâchée » (loose) : une quantité variable de peau a été préservée.
Ensuite la circoncision peut être soit basse, soit haute :
- Circoncision « basse » (low) : la cicatrice est proche de la couronne du gland car le circonciseur a enlevé plus de muqueuse que de peau.
- Circoncision « haute » (high) : la cicatrice est située sur la hampe du pénis car le circonciseur a enlevé plus de peau que de muqueuse.
Cela donne donc un total de quatre grandes variantes possibles.



Les conséquences de la circoncision
Quelle que soit la manière dont la circoncision a été réalisée, chaque victime perd définitivement son prépuce et les fonctions qui y sont associées, en plus de garder une cicatrice souvent inesthétique ainsi qu’un gland kératinisé à l’aspect dur et sec, puisque la muqueuse de celui-ci n’est plus protégée par le prépuce.

En savoir plus :
- La circoncision a non seulement des conséquences sur la sexualité de l’homme circoncis, mais également sur celle de sa partenaire sexuelle (à notre connaissance, il n’y a pas encore d’études qui ont été menées sur les conséquences éventuelles chez le partenaire sexuel) : comprendre pourquoi.
- La circoncision peut entraîner des troubles psychologiques chez l’enfant ou l’adulte : découvrez comment.
- Le risque de complication est réel, même lorsque l’opération est réalisée par un professionnel de santé et dans des conditions optimales : en savoir plus.
Une mutilation sexuelle banalisée
Raisons de l’acceptation de la pratique
Comment se fait-il que la circoncision soit considérée comme une pratique acceptable dans une société qui se dit civilisée et dans laquelle les enfants font l’objet d’une attention particulière ?
Principalement parce que la procédure est médicalisée : c’est-à-dire qu’elle est réalisée par un médecin, avec des outils appropriés, en milieu hospitalier. Dans notre imaginaire, cet environnement médical sécurisé et optimal tend à nous retirer toute méfiance, voire à nous réconforter.
La circoncision est également sujette à une politique de banalisation à l’échelle internationale de la part des pro-circoncisions de tous bords.
Ainsi, l’ignorance l’emporte : lorsqu’une personne entend parler de la circoncision pour la première fois, c’est souvent en des termes rassurants comme : « Oh, ce n’est rien : on enlève juste un petit bout de peau inutile, ça ne fait pas mal ! », voire en des termes favorables, comme : « Cela a même des avantages pour la santé ! », diffusant ainsi de nombreuses idées reçues.
C’est pourquoi l’opinion publique ne se scandalise pas, ne se pose pas de questions sur le sujet ou se rassure derrière la médicalisation de la pratique.
Mutilation : un terme excessif ?
Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, la circoncision masculine est rarement considérée comme une mutilation sexuelle.
Pourtant, si la circoncision n’est pas effectuée en milieu hospitalier, les gens sont généralement bien plus enclins à la considérer comme telle :

Ce n’est pas parce que le circonciseur est un médecin et qu’un lieu banal est remplacé par une salle d’opération que la circoncision cesse d’être une mutilation sexuelle : la médicalisation et la banalisation de la pratique rendent la circoncision plus tolérable pour notre société, mais elle n’est pas pour autant acceptable. Les enfants continuent d’être mutilés et les circonciseurs, rémunérés, même si cela est fait plus « proprement » (risques de complications diminués, car opération pratiquée dans un cadre et des conditions optimales).
Voilà pourquoi la prudence est de mise : certains partisans des mutilations génitales féminines essaient en effet d’amener à la médicalisation de ces pratiques afin de les dédramatiser et de les faire mieux accepter aux yeux de tous.
L’âge ne change rien
Un autre argument surprenant considère que si la pratique est faite sur un enfant, alors elle est acceptable.
Dans certaines régions du monde, des hommes adultes sont circoncis de force : personne ne conteste le fait qu’ils sont victimes d’une atteinte à l’intégrité physique et d’une mutilation sexuelle.
Si l’on considère qu’un adulte a droit à l’intégrité génitale, pourquoi en serait-il autrement pour un enfant ?
De plus, un enfant n’est pas en mesure de fuir ou de se défendre : c’est pourquoi il est de notre devoir de mieux le protéger.
Une opposition malheureuse
La circoncision masculine est rarement considérée comme une « mutilation sexuelle » car certains estiment que cette appellation ne mérite de s’appliquer qu’aux femmes victimes de mutilations sexuelles, appelées mutilations génitales féminines (MGF).
Est considérée comme mutilation génitale féminine toute procédure qui implique [highlight]l’ablation totale ou partielle[/highlight] des organes génitaux externes féminins et/ou [highlight]toute autre blessure[/highlight] de ceux-ci pour raisons non médicales.
Donc quel que soit le degré de gravité de la procédure, celle-ci sera considérée comme une mutilation.
Ainsi, l’ablation du capuchon du clitoris (équivalente à l’ablation du prépuce) ou une piqûre rituelle sans perte de tissus sont considérés comme mutilation génitale féminine, et pas seulement l’excision du clitoris ou l’infibulation.
Dans ce cas, comment ne pas considérer comme mutilation génitale masculine l’ablation du prépuce des petits garçons pour raison non médicale ?
Tous les êtres humains n’ont-ils pas le même droit à l’intégrité physique ?
Malgré cela, pour des raisons politiques ou stratégiques, les organismes et ONG comme l’Unicef ou Amnesty International refusent catégoriquement d’aborder la circoncision masculine et de la considérer comme mutilation sexuelle, trahissant ainsi leur mission de protéger tous les enfants.
Mutilation : non, le terme n’est pas excessif !
Quelles que soient les personnes qui s’en prennent au sexe d’autrui…

Quels que soient leurs outils…

Quels que soient le sexe et l’âge de la victime…

Institutions contre la circoncision
Ces dernières années, un nombre croissant d’institutions, médicales notamment, ont pris position contre la circoncision non thérapeutique imposée aux enfants.
En voici une liste non exhaustive :
- L’Association Médicale Royale Néerlandaise
- La Société Suédoise de Pédiatrie
- L’Association Allemande de Pédiatrie
- De nombreux médecins européens
- Les ombudsmans nordiques
- L’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe
- L’Association Nordique de Sexologie Clinique
- La Société Danoise de Médecine Générale et l’Association Médicale Danoise
Ces différents groupes rappellent que le prépuce est une partie intégrante et fonctionnelle du sexe masculin, que la circoncision non thérapeutique imposée à un enfant est contraire à l’éthique médicale et aux droits de l’enfant en plus d’être douloureuse et risquée.
L’intactivisme : mouvement pour l’intégrité génitale
Aux États-Unis, dans la seconde partie du XXème siècle, un mouvement d’opposition à la circoncision infantile fait son apparition.
Ce mouvement prendra le nom d’intactivisme, de l’anglais intactivism : contraction des mots intact (intact) et activism (activisme).
Les intactivistes demandent à ce que les garçons comme les filles jouissent du même droit à l’intégrité physique et soient donc légalement protégés contre les mutilations sexuelles.
Lire notre article de référence : Le mouvement intactiviste, qu’est-ce que c’est ?
Droit au Corps s’inscrit bien sûr dans la lignée du mouvement intactiviste.

Témoignages et actions contre la circoncision :
[starlist]
- Voir les témoignages d’hommes
- Voir les témoignages de femmes
- Voir les témoignages de parents
[/starlist]

Vidéo d’une manifestation intactiviste à Washington, D.C. :
Aller plus loin
Le sujet vous intéresse ? Vous souhaitez en apprendre plus sur la circoncision, ses causes et ses conséquences ?
Pour d’autres sites internet sur le sujet, voir notre page : Sites de référence sur la circoncision.
Si vous recherchez un livre sur le sujet, la référence en français à ce jour est l’ouvrage de Sami A. Aldeeb Abu-Sahlieh : Circoncision masculine – circoncision féminine: débat religieux, médical, social et juridique (existe également en langues anglaise et arabe).
Nous vous recommandons également de consulter notre chaîne vidéo sur laquelle vous trouverez de nombreux témoignages, ainsi que celle de notre ami James Loewen qui reste la référence en la matière.
Pour passer rapidement en revue les différentes problématiques posées par la circoncision infantile, nous vous conseillons cette excellente présentation :
Autres vidéos recommandées (anglais) :
- Whose Body, Whose Rights ? (Partie 2)
- The Ethics of Infant Male Circumcision
- The Truth About Circumcision
- Circumcision : The Whole Story
- Circumcision : At the intersection of Religion, Medicine, and Human Rights
- Mom, why did you circumcise me ?
- Circumcision, a film by Ari Libsker
Dernière mise à jour le 09/11/2025
