France – En 2018, lors d’une intervention chirurgicale sur un enfant de 4 ans pour traiter une hydrocèle, le chirurgien « profite » de l’anesthésie générale pour pratiquer un décalottage sans aucune information préalable des parents ni recueil de leur consentement. Blessé, l’enfant pleure pendant une heure au réveil et hurle pendant trois jours lors de la miction. Le chirurgien a fini par s’excuser, non pas de la mauvaise pratique du décalottage, mais de ne pas en avoir prévenu les parents.
Image d’illustration.
Vous avez vécu une situation similaire et souhaitez témoigner ? N’hésitez pas à contacter Droit au Corps. À lire également : Le médecin, le décalottage de mon fils, le droit et moi
La maman contacte Droit au Corps :
« Bonjour, Je suis tombée sur le site de votre association en recherchant des infos suite à un « préjudice » subi par mon petit garçon de 4 ans la semaine dernière. Je ne sais pas si je suis au bon endroit pour raconter cette histoire et poser les questions qui ne veulent pas sortir de ma tête. Merci d’avance pour votre réponse. »
Suite à la réponse de Droit au Corps :
« Bonjour, Je vous remercie pour votre réponse. Je vais essayer d’expliquer clairement comment cela s’est passé.
Ce n’est pas le médecin qui a pratiqué le geste de décalottage forcé, c’est un chirurgien (dans une clinique). Celui-ci a « profité » de l’anesthésie générale pour pratiquer le geste, alors que ce point n’avait jamais été abordé auparavant. Mon fils avait une hydrocèle depuis sa naissance. Il a dû être opéré pour cela car elle ne s’est pas résorbée seule, au contraire. J’ai croisé le chirurgien au sortir de la salle d’opération, il m’a dit que tout s’était bien passé, et que mon fils risquait d’avoir « un peu mal au zizi », car il y avait des adhérences et qu’il les avait décollées. Première surprise donc…
Un peu plus tard lors de l’examen, il m’a dit qu’il avait effectivement fait un geste de décalottage car il y avait un phimosis serré, et qu’il aurait été bête de ne pas profiter de l’anesthésie générale pour régler ce problème. Deuxième surprise : je n’avais jamais entendu ce terme auparavant, le pédiatre qui le suit ne l’ayant jamais employé, et ne m’ayant jamais parlé d’un quelconque problème par rapport à ça.
Pour mon fils, cela s’est avéré bien plus problématique que « juste un peu mal au zizi »… Il a pleuré pendant une heure à son réveil, non pas à cause de douleurs liées à la zone opératoire, mais à cause de douleurs au bout du zizi, il a pu me l’expliquer.
De retour à la maison, il a hurlé à chaque passage aux toilettes pendant 3 jours. Impossible de lui faire remonter son slip ensuite pendant 20 minutes, il ne supportait plus de contact. Cela a fait qu’il s’est retenu de faire pipi pendant 3 jours, et a même fait pipi dans sa culotte. Impossible aussi de le toucher, de le nettoyer ou de faire quelque chose autour de cette zone. Je l’ai aussi entendu me dire « maman, tu vas avoir mal », à un moment ou il m’a vue aller aux toilettes. Voilà donc les conséquences pour lui. Nous avons trouvé ça vraiment lourd, pour un geste donc l’utilité est remise en question, et surtout, dont nous n’avions jamais discuté.
Lors de la consultation préalable au cabinet du chirurgien, il n’a pas du tout examiné cette zone, ne m’a parlé ni de phimosis, ni d’adhérences. J’avoue que j’ai du mal à comprendre pourquoi il est allé regarder de ce côté-là… Aurait-il vérifié pour un enfant opéré d’une appendicite ou de toute autre chose ?
Je me souviens bien d’avoir signé un consentement, d’avoir signé le papier relatif à la loi Kouchner et à la bonne information des patients, mais il n’y était question nulle part de ce geste….
Presque deux semaines ont passé depuis, mon fils s’est parfaitement remis de tout, il n’a plus de douleurs et n’en parle plus. Notre colère est donc un peu retombée, mais nous restons un peu choqués de tout cela, de ce geste, de l’absence de communication préalable.
Dans les 2 jours suivant l’intervention, j’avais rappelé le chirurgien en constatant les douleurs de mon fils. Je voulais qu’il m’explique le pourquoi du geste. Il m’a dit que le phimosis était vraiment serré, qu’il aurait de toute façon fallu le faire dans les prochains temps, donc autant profiter de l’anesthésie. Quand j’ai dit que le pédiatre n’avait jamais parlé d’un problème et dit qu’il faudrait le faire, il a dit qu’on ne laissait pas les enfants comme ça, qu’il y avait trop de risques d’infection, et qu’il pensait que ces médecins se trompaient. Il voit des enfants dès un an pour des problèmes de phimosis et a l’habitude de les traiter.
Suite à l’assistance fournie par Droit au Corps :
« Bonsoir, Je réponds un peu tardivement à votre dernier mail, et vous remercie pour l’assistance qui m’a été proposée.
Nous avons pu voir le chirurgien lundi dernier comme prévu et cela s’est bien passé. Ce dernier a reconnu qu’il ne nous avait pas informés du geste et aurait dû le faire. Il s’est excusé. Il a aussi reconnu que c’était une pratique « controversée » et qu’il y avait d’autres manières de procéder. Nous nous disons que cela nous « suffira », même si nous restons quelque part un peu « blessés » par ce qui a été fait à notre fils.
J’ai du mal à comprendre pourquoi des pratiques invasives et remises en question perdurent, j’ai du mal à comprendre pourquoi il y a aussi si souvent un manque d’information dans le monde médical, mais c’est un autre débat. Ce chirurgien a l’air bien convaincu de sa méthode, et au-delà de ses excuses, nous avons bien vu que pour lui c’était la chose à faire, la bonne façon de faire, et cela m’attriste. En tout cas, je serai à l’avenir très vigilante sur ce qui est fait à mes garçons et sensibiliserai aussi mes amies à cela autour de moi.
Encore une fois, merci pour le travail d’information et d’assistance que vous faites, cela a été précieux dans notre cas. »
Note : les liens url ont été ajoutés par Droit au Corps.