RT.com, le 13.11.2013
Le ministère de la Santé de Norvège examine une proposition sur la régulation de la circoncision des garçons. Certains partis politiques demandent une interdiction totale de la pratique sur les mineurs, une possibilité qui aurait une incidence sur les communautés juives et musulmanes.
Il y a deux ans, le ministère a été chargé d’examiner la circoncision et la manière dont elle devrait être pratiquée en Norvège. Il lui reste encore à finaliser sa position, mais il a l’intention de soumettre sa proposition législative avant Pâques l’année prochaine, a déclaré le ministre de la Santé Bent Hoie à Aftenposten, le plus grand journal de Norvège.
La question a été portée à l’attention du public après l’appel envoyé par la médiatrice norvégienne des enfants Anne Lindboe d’interdire la circoncision des garçons avant 16 ans, sauf si la procédure est justifiée par des besoins médicaux.
« Ce n’est pas dû à un manque de compréhension des minorités ou des traditions religieuses, mais parce que la procédure est irréversible, douloureuse et risquée, » a-t-elle affirmé.
La position de Lindboe est partagée par certains membres du Parti travailliste, qui détient actuellement le plus grand nombre de sièges (55 sur 169) du parlement norvégien et est en opposition avec la coalition conservateurs/Parti du progrès actuellement au pouvoir.
« En tant que société moderne, nous devons travailler à éliminer les pratiques qui exposent les enfants et les personnes à des souffrances inutiles, » a déclaré Ruth Mari Grung du Parti travailliste, qui est membre de la commission parlementaire sur les services de santé et de soins.
L’interdiction est également soutenue par le Parti du Centre, qui dispose de 10 sièges au parlement.
Les autres partis parlementaires n’ont pas encore formulé leur position officielle sur la question. Hoie, un membre du Parti conservateur qui présidait le Comité de la santé avant d’obtenir sa nomination ministérielle, a exprimé la crainte que l’interdiction forcerait les groupes qui pratiquent la circoncision rituelle à le faire dans la clandestinité, où la procédure serait effectuée par des non-médecins et poserait de plus grands risques aux enfants.
Les législateurs norvégiens sont également en désaccord sur le fait que la circoncision devrait être couverte par le budget du système national de santé. Certains partis insistent sur le fait que la circoncision rituelle doit être payée par les parents.
Selon le journal, une moyenne d’environ 2 000 musulmans et 7 juifs nouveau-nés sont circoncis en Norvège chaque année.
La réglementation de la circoncision rituelle en Europe a fait les gros titres en juin 2012, lorsqu’un tribunal allemand avait jugé que la procédure constitue un préjudice corporel et avait interdit son exécution sur les mineurs. La décision avait suscité un débat national sur l’opposition entre la liberté de religion et la protection des enfants.
La question a également été soulignée début octobre, lorsque le Conseil de l’Europe a qualifié la pratique comme étant « une violation de l’intégrité physique des enfants » et a appelé [ses états membres] à protéger les enfants. Cela devrait inclure une interdiction d’exercer la circoncision sur ceux qui ne peuvent y consentir, avait dit la résolution non contraignante.
La Suède, la Finlande, le Danemark, l’Islande et le Groenland sont parmi les pays européens où le débat public sur la circoncision rituelle des garçons est âprement débattu.
Traduction française : Droit au Corps
Mise à jour du 26.11.2013 :
Le ministre norvégien des Affaires étrangères, Børge Brende, a assuré que le gouvernement n’interdirait pas la circoncision rituelle (The Jerusalem Post).