Témoignage de M, adhérente de Droit au Corps.
J’ai accepté la circoncision de notre premier fils, avant de prendre conscience de l’ampleur des conséquences pour sa vie entière. Quelques années plus tard j’ai trouvé la force de m’opposer à la circoncision de notre deuxième fils. Je milite maintenant avec Droit au Corps pour éviter que cette terrible erreur ne brise d’autres vies et d’autres familles.
Le Cri, oeuvre choisie par M pour illustrer son témoignage.
TÉMOIGNAGE
Je suis une mère de 37 ans qui regrette amèrement la circoncision de son fils aîné. Je souhaite donc partager mon témoignage sur le site de Droit au Corps (DaC) pour informer les mères et futures mères des conséquences graves et irrémédiables de cet acte afin de leur éviter les souffrances qui peuvent en découler pour l’ensemble d’une famille et pour la vie entière.
Catholique, mariée (civilement) avec un homme de culture juive, j’ai donné mon accord pour que notre fils aîné, qui a maintenant 4 ans, soit circoncis en milieu médical (mon mari n’étant pas croyant ni pratiquant) vers l’âge de six mois pour perpétuer la tradition familiale. Après plus de deux ans de psychothérapie, je suis maintenant consciente que cet accord peut s’expliquer par la pression (tacite) de ma belle-famille pour perpétuer la tradition juive et mon besoin personnel de m’intégrer pleinement à une famille « traditionnelle » et unie, après avoir vécu sous la menace du divorce de mes parents toute mon enfance. Mais à l’époque, je pensais seulement que c’était « une preuve d’amour » pour mon conjoint.
Cela me semble maintenant absolument stupide, insensible et criminel d’imposer les risques d’une intervention chirurgicale et d’une anesthésie générale à un bébé si jeune, la personne qu’on aime le plus au monde, et de faire confiance à son entourage familial qui affirme « qu’il n’y aura aucune conséquence » sans se renseigner plus en détails à ce sujet (voir cet argumentaire pour plus d’informations). J’ai indiqué les explications d’ordre psychologique de mon accord, non pour m’en déculpabiliser (je vivrai avec cette culpabilité jusqu’à la fin de ma vie et l’assume pleinement) mais pour déconstruire l’enchaînement qui y a conduit et éviter à d’autres mères de faire cette immense erreur.
Quelques mois après la circoncision de mon fils, j’ai consulté « par hasard » un site internet expliquant les conséquences physiques et psychologiques de la circoncision. Comme me l’a fait remarquer récemment un membre de DaC, « il n’y a pas de vrai hasard dans le fonctionnement du cerveau » et le fait d’avoir choisi de consulter ce site révèle très probablement un questionnement intérieur déjà présent à ce sujet.
À la suite de la lecture de ces informations, j’ai été complètement anéantie car j’ai pris conscience que mon fils avait perdu une part importante de tissu érogène et que cela pourrait avoir des conséquences négatives sur sa sexualité future, son estime de lui-même et son équilibre psychologique (en particulier : risque de syndrome de stress post-traumatique).
Depuis cette date, je vis du matin au soir (et pendant mes nombreuses insomnies) avec la culpabilité énorme d’avoir donné mon accord pour cet acte et une angoisse insurmontable pour le développement physique et psychologique de mon fils aîné. À la naissance de mon deuxième fils, il y a quelques mois, je me suis opposée à sa circoncision et j’ai réussi à faire accepter cette décision à mon mari. Cette décision me remplit de joie quotidiennement mais accentue également mon inquiétude par rapport à l’épanouissement futur de mon fils aîné et à sa réaction quand il apprendra tout cela.
La seule chose qui atténue un peu mon mal-être, c’est ma participation à Droit au Corps depuis quelques mois. En effet, rencontrer d’autres personnes engagées dans la prévention de la circoncision et le support psychologique aux victimes m’a permis de parler de ma situation (la circoncision est un tel tabou en France que c’est quasiment impossible d’en parler, même à ses proches). De plus, cela m’apporte un certain réconfort de contribuer au projet collectif d’informer le plus grand nombre de personnes possible des conséquences néfastes de la circoncision. L’objectif de Droit au Corps de lancer un vrai débat au sujet de la circoncision en France (et dans les pays francophones) est vraiment très ambitieux en raison de la puissance du tabou, mais j’espère que tous ensemble nous parviendrons à faire reculer et même un jour à faire disparaître cette pratique archaïque, inutile et potentiellement cause de grandes souffrances.
Vous qui lisez ce témoignage, je pense que vous n’êtes pas non plus arrivé sur cette page “par hasard”, mais bien parce que vous avez un questionnement par rapport à la circoncision. Je vous conseille donc de tout cœur de faire le maximum possible pour protéger vos fils (ou petits-fils, neveux, garçons de votre famille, etc.) de cette mutilation, en premier lieu pour leur santé, leur bien-être sexuel et psychologique bien entendu, mais également pour vous-mêmes, afin de vous éviter cette souffrance continuelle de penser que tout cela aurait pu être évité à mon enfant (ou à cet enfant que j’aime) par ma seule intervention.
M
Pour l’espace francophone, Droit au Corps a le plaisir de soutenir la démarche Brit Shalom, l’Alliance sans souffrance, apparue en 2016.
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