Les médecins et spécialistes de l’éthique sont impliqués dans un conflit avec le ministre de la santé Aaron Motsoaledi sur la peur que les prépuces des enfants puissent être illicitement vendus à des industries cosmétiques mondiales.
Le ministère de la santé de KwaZulu-Natal a déclaré l’année dernière qu’à partir d’avril 2012 il allait, pour la première fois, proposer la circoncision à 10 % des mères de bébés masculins nés dans les hôpitaux publics.
Jusqu’ici les bébés étaient circoncis pour des raisons religieuses ou médicales.
La décision a suscité la colère du forum bioéthique du Réseau de Défense des Droit Médicaux, qui indique que 2,3 millions de prépuces sont potentiellement en danger.
Le réseau a écrit une lettre à Motsoaledi, au Docteur Sibongiseni Dhlomo et au premier ministre Zweli Mkhize, leur demandant vivement de ne pas entreprendre leur projet de circoncire les nouveau-nés.
« L’Afrique est peut être considérée comme une nouvelle source de prépuces vierges pour entretenir une industrie multimillionnaire. Les prépuces humains retirés sont utilisés dans l’industrie cosmétique, dans la fabrique d’insuline et de peau artificielle », avertit dans sa lettre le Réseau pour la Défense des Droits Médicaux.
Le forum bioéthique du réseau signale que même si les échantillons biologiques ou tout « tissu excédentaire » retiré pendant une opération doivent de par la loi être jeté en tant que « déchet biologique », n’importe qui ayant accès au tissu en cause pourrait décider de l’exporter et participer à cette industrie sans le consentement nécessaire.
« C’est une dangereuse présomption que de croire que les jours des comportements contraires à l’éthique sont révolus. Malgré le fait que la loi sud-africaine sur les tissus humains exige que les chercheurs reçoivent une autorisation du ministre de la santé pour exporter du tissu humain, la loi est dure à faire appliquer », continue la lettre.
Poonitha Naidoo, coordinateur du réseau, dit que les prépuces des bébés contiennent des cellules souches régénératrices qui ne peuvent pas être cultivées en laboratoire : « ils utilisent cela pour éliminer les rides – ça peut produire une nouvelle peau pour la chirurgie plastique. »
Naidoo dit qu’une mère a affirmé que l’hôpital a refusé de lui donner le prépuce de son fils après qu’il ait été retiré.
Le porte-parole de Motsoaledi, Fidel Hadebe, a indiqué que les médecins n’avaient aucune raison d’avoir peur.
« Tous les prépuces sont incinérés. Aucun n’est vendu à l’industrie cosmétique. Ce serait contraire à la loi sur les tissus humains, » a-t-il déclaré.
Mais Mary de Haas, qui est coprésidente du forum bioéthique et chercheuse attachée à l’université de droit de KwaZulu-Natal, dit : « Il y a eu des cas aux États-Unis où des gens volaient les prépuces dans les poubelles en raison de leur valeur commerciale. »
« On s’inquiète que la poussée en faveur de la circoncision signifie qu’il y ait des intérêt commerciaux particuliers », dit-elle.
Pour De Haas, le développement du commerce mondial de tissus humains est un type de« bio-colonialisme ».
Hadebe dit que quiconque serait pris dans du commerce de prépuces serait en violation de la loi et traité en conséquence.
Mais Naidoo a insisté pour que le gouvernement permette aux membres du Réseau de Défense des Droits Médicaux d’agir en tant qu’inspecteurs indépendants, afin de s’assurer que les prépuces sont correctement éliminés.
Elle a ajouté que si des parents estimaient avoir été soumis à des pressions afin de faire circoncire leur bébé, le réseau les aiderait à intenter une action judiciaire.
« Hadebe peut dire que les prépuces seront éliminés mais personne ne vérifie ce qu’il se passe sur place. N’importe qui peut vendre ces prépuces, des infirmières jusqu’aux pompes funèbres. »
Source : Intact News via Times Live
Traduction française : Droit au Corps