Les autorités israéliennes et turques ont réagit suite à l’adoption par le Conseil de l’Europe mardi dernier de la résolution concernant le droit des enfants à l’intégrité physique. Elles se scandalisent que la circoncision y soit considérée comme une violation de l’intégrité physique de l’enfant.
Les Echos, le 04.10.2013 :
Les autorités israéliennes ont demandé vendredi au Conseil de l’Europe de revenir sans attendre sur la résolution qu’il a adoptée cette semaine sur la circoncision.
La résolution préconise l’ouverture d’un débat public sur les « opérations et interventions sans justification médicale » pratiquées sur des enfants. Elle évoque les mutilations génitales féminines mais mentionne aussi la circoncision des jeunes enfants pour motifs religieux.
« Toute comparaison entre la circoncision des garçons et la pratique barbare des mutilations génitales féminines relève au mieux d’une ignorance lamentable, au pire de la diffamation et de la haine antireligieuse », a estimé vendredi le ministère israélien des Affaires étrangères.
Hurriyet Daily News, le 03.10.2013 :
Le Vice-Premier ministre turc Bekir Bozdağ (photo) a dénoncé une récente résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), adoptant un rapport contre la circoncision des jeunes garçons sans leur consentement avant l’âge de 14 ans.
« C’est une décision extrêmement mauvaise », a déclaré Bozdağ. « Parce que les parlements, les politiciens, les gouvernements, les syndicats, les organisations internationales ne peuvent pas décider des questions concernant les croyances des gens, ce qu’ils doivent croire ou non. C’est une décision qui entre en conflit avec les propres acquis de l’Union européenne, les valeurs européennes, la liberté de religion et de conscience », a-t-il déclaré le 3 octobre.
(…)
Ces déclarations sont regrettables et passent à côté de la problématique soulevée par le Conseil de l’Europe.
Nous conseillons au lecteur de lire cette résolution, intitulée Le droit des enfants à l’intégrité physique.
Contrairement à ce que dit le ministère israélien des Affaires étrangères, celle-ci ne fait pas de comparaison avec les mutilations génitales féminines mais dresse une liste de pratiques qui portent atteinte à l’intégrité physique de l’enfant.
La circoncision masculine consiste en l’ablation du prépuce, une partie saine et fonctionnelle du pénis. Lorsqu’elle est pratiquée pour des raisons non médicales sur un enfant qui ne peut donner son consentement, cette pratique constitue bien une atteinte à l’intégrité physique de celui-ci.
La résolution ne porte pas non plus atteinte à la liberté de religion et de conscience, comme le prétend le Vice-Premier ministre turc. Une personne capable de donner un consentement libre et éclairé aura toujours le droit de se faire circoncire s’il le souhaite.
Ces réactions montrent bien à quel point le sujet est hautement sensible, que ce soit sur le plan politique ou religieux.
Espérons que le dialogue évolue positivement à l’avenir.
Il est important de rappeler que le mouvement intactiviste, qui est pour le droit à l’intégrité génitale et donc opposé à la circoncision des enfants, se développe dans le monde entier.
C’est le cas même en Israël, où un nombre croissant de parents s’opposent à la circoncision et décident de laisser leurs fils intacts.
De plus, de nombreuses personnalités du mouvement intactiviste américain sont juives, comme Miriam Pollack, Ronald Goldman, Eliyahu Ungar-Sargon ou encore Jonathan Friedman.
Des musulmans se dressent aussi contre la pratique, comme en témoigne le site Quranic Path.
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