Mutilations génitales : actualité du mois de juillet 2014

Droit au Corps vous propose chaque mois un retour sur l’actualité concernant les mutilations génitales imposées, que celles-ci soient féminines (MGF/excision), masculines (MGM/circoncision) ou intersexes (MGI/réassignation sexuelle). Voici ce qu’il fallait retenir en ce mois de juillet 2014.

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Sommaire :

  1. Congrès sur l’autonomie génitale et les droits de l’enfant
  2. Un sommet pour les filles : Girl Summit 2014
  3. Actualité concernant la circoncision (MGM)
  4. Actualité concernant l’excision (MGF)
  5. Actualité concernant les mutilations intersexes

Congrès sur l’autonomie génitale et les droits de l’enfant

Le 13ème symposium international sur l’autonomie génitale et les droits de l’enfant (International Symposium on Genital Autonomy and Children’s Rights) s’est déroulé du 24 au 26 juillet au sein de l’Université du Colorado à Boulder (Colorado, États-Unis ). Il a été parrainé par NOCIRC, Intact America, Genital Autonomy, Sexpo Foundation et localement organisé par NOCIRC of Colorado.

Genital Autonomy 2014 banner

Accéder au site officiel : www.genitalautonomy2014.com

Plusieurs dizaines de spécialistes issus de nombreuses disciplines et en provenance de dix pays différents se sont ainsi réunis pour échanger leurs points de vue sur les mutilations génitales infligées aux enfants (filles, garçons et intersexes) et sur les stratégies à mettre en place afin de protéger les enfants contre ces pratiques.

Les présentations du congrès ont porté sur des sujets très variés tels que la médecine, l’anatomie, la sexualité, la psychologie, la sociologie, l’anthropologie, le droit, l’éthique ou encore la religion, l’histoire, l’activisme et le changement social (voir le programme).

Et s’il ne fallait retenir qu’une seule image pour résumer le congrès, ce serait sans doute celle-ci :

The 13th International Symposium on Genital Autonomy and Children’s Rights

Le docteur Adrienne Carmack lors du symposium, le 26 juillet.

Cette photo prise lors de la présentation du docteur urologue Adrienne Carmack révèle une diapositive simple et efficace où l’on peut lire : « No, it is not okay to cut your newborn child’s genitals. Period. », ce qui peut se traduire par : « Non, ce n’est pas acceptable de mutiler les parties génitales de votre nouveau-né. Point final. »

Originellement publiée sur la page Facebook de l’association The Whole Network, la photo a été vue plus de 100 000 fois à l’heure où nous écrivons ces lignes.

James Loewen, auteur de notre chaîne Youtube favorite, était sur place pour couvrir l’événement et nous a indiqué être en train de travailler sur le montage vidéo.

Pour patienter, voici les photos qu’il a publiées sur son compte Facebook :

Mise à jour : les premières vidéos sont disponibles !

Présentation de Jonathan Meddings, rédacteur médical venu d’Australie :

Présentation de Lisa Braver Moss, co-initiatrice du projet Celebrating Brit Shalom :

Un sommet pour les filles : Girl Summit 2014

Le 22 juillet, Londres a accueilli la première édition du Girl Summit (Sommet de la fille) qui vise à mobiliser les efforts nationaux et internationaux dans le but de mettre fin aux mutilations génitales féminines (MGF) et aux mariages précoces et forcés. La volonté affichée est d’atteindre cet objectif en l’espace d’une génération. L’événement a été organisé par le gouvernement britannique et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF).

Le sommet a réuni plus de 600 personnes : des représentants gouvernementaux, des ONG, des dirigeants du monde entier et des femmes mutilées et/ou mariées de force venues témoigner.

Girl Summit 2014

Accéder au site officiel : www.girlsummitpledge.com

Dans le monde, d’après l’UNICEF, plus de 125 millions de femmes ont subi une mutilation génitale, tandis que 700 millions ont été mariées de force, dont 250 millions avant l’âge de 15 ans. L’UNICEF note néanmoins une amélioration de la situation concernant les MGF, affirmant que le risque pour une adolescente de subir une excision s’est réduit d’un tiers en 30 ans.

>> Rapport de l’UNICEF sur les mariages forcés ;
>> Rapport de l’UNICEF sur les mutilations génitales féminines.

Les organisateurs du sommet n’ont pas hésité à utiliser les réseaux sociaux afin d’accroître la portée de leur message. Des personnes du monde entier ont ainsi été invités à répondre à la question « Que représente la liberté pour vous ? » tout en demandant que s’arrêtent ces pratiques néfastes.

Au Royaume-Uni, où les MGF sont illégales depuis 1985, un rapport publié en début de mois a révélé que 170 000 femmes sont susceptibles d’avoir subi une mutilation génitale et que 65 000 filles de moins de 13 ans sont menacées, ce qui a amené des députés à qualifier cette situation de « scandale national » (Le Parisien).

Le gouvernement britannique a donc profité du Girl Summit pour annoncer un ensemble de mesures destinées à lutter contre ces pratiques. Le premier ministre David Cameron a appelé à une interdiction mondiale des mutilations génitales féminines et des mariages forcés (lire l’article complet de BBC News avec vidéo).

Reportage de l’agence de presse anglaise Press Association :

Actualité concernant la circoncision (MGM)

Europe

France

Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny pendant vingt-trois ans et tout juste retraité, a accordé un entretien à Libération dans lequel il s’exprime sur les mutilations génitales :

Le corps de l’enfant n’appartient pas aux parents. Il faut, ainsi, condamner de manière très explicite l’excision. Et commencer à ouvrir un débat sur la circoncision, comme l’a demandé l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Je suis juif, je sais que c’est très polémique de dire ça. Mais circoncire, c’est modifier le sexe d’un enfant au nom de ses croyances à soi. Les parents ont le droit d’élever leurs enfants dans leurs convictions religieuses. Mais l’enfant a le droit de faire le choix de sa religion. Est-ce qu’entre-temps il faut le marquer dans son corps ?

États-Unis

La campagne de financement du projet Celebrating Brit Shalom est un succès ! Plus de 10 000 dollars ont été récoltés, dépassant nettement l’objectif initial fixé à 8200 dollars. Lisa Braver Moss et Rebecca Wild, les deux femmes à l’origine du projet, ont été élues intactivistes du mois par l’association Intact America.

New-York : deux nouveaux bébés ont contacté l’herpes après avoir subi un rituel de circoncision juif appelé metzitzah b’peh, au cours duquel le mohel (circonciseur) place sa bouche sur le pénis tout juste circoncis et aspire le sang afin de « nettoyer » la plaie. À New-York, depuis 2000, 16 bébés sont présumés avoir contracté l’herpès suite à ce rituel pratiqué par une minorité de juifs ultra-orthodoxes. Deux de ces bébés sont morts et au moins deux autres ont subi des dommages cérébraux (Inquisitr, The Jewish Daily Forward).

C’est avec tristesse que nous avons appris le décès du Docteur Paul Fleiss, un célèbre pédiatre américain qui avait pris position contre la circoncision des enfants en consacrant notamment un livre au sujet : What Your Doctor May Not Tell You About Circumcision. Plus d’informations sur Intact America, qui lui a dédié un article.

Afrique

Afrique du Sud

Comme nous le disions dans notre bilan du mois dernier, la saison des rites d’initiation en Afrique du Sud s’est déroulée du 14 juin au 18 juillet. Rites au cours desquels les jeunes hommes doivent être circoncis, ce qui résulte en de nombreux morts et blessés chaque année. Tout au long du mois, on n’a pu que constater l’augmentation du nombre de victimes, qui semble s’être arrêté à 35 morts et plus de 180 hospitalisations (IBTimes).

Reportage dans la province du Cap-Oriental :

Une ministre de la province du Cap-Occidental a déclaré que cette situation devait être considérée comme une crise nationale et a accueilli favorablement un nouveau projet de politique nationale qui a été envoyé aux neufs provinces du pays afin de pallier le problème (News 24).

La pression sociale qui pèse sur les hommes de certaines ethnies est considérable, comme l’indique ce témoignage d’un jeune homme pour qui la circoncision s’est très mal passée. Un fermier a déclaré que des membres d’écoles d’initiation lui avaient volé des animaux en lui disant qu’il était un « homme sans valeur » car non circoncis (lire le témoignage).

Madagascar : de nombreuses familles optent pour une méthode de circoncision moderne (dite « à l’américaine ») afin de réduire les risques de l’opération. Mais certains préfèrent la méthode traditionnelle, au cours de laquelle le prépuce est « avalé par le grand-père avec de la banane » (Afrik.com).

Zimbabwe : une sénatrice demande l’interdiction de la circoncision des enfants jusqu’à l’âge de 18 ans afin qu’ils puissent prendre leur propre décision concernant la procédure (Southern Eye, Bulawayo24).

Depuis 2007, l’OMS recommande la circoncision masculine dans certains pays d’Afrique à hauts taux de contagion comme moyen additionnel de lutte contre l’épidémie de VIH / SIDA (toutes les informations dans cet article). Les informations suivantes sont en relation avec ce thème :

Namibie : le pays vise à faire circoncire plus de 330 000 hommes d’ici à 2016, mais seulement un peu plus de 16 000 ont pour l’instant été circoncis (allAfrica).

Ouganda : au moins 742 000 circoncisions ont été réalisées en 2013, ce qui amène à un total de 1 400 000 depuis le début du programme en 2010 (allAfrica).

Tanzanie : plus de 200 000 hommes et garçons se sont fait circoncire dans les cinq dernières années (Business Week).

Actualité concernant l’excision (MGF)

Europe

France

À lire sur Excision, parlons-en : interview de Bertrand Livinec, membre de l’association Développement et Santé ; interview de Louisiane Doré, auteure du livre Le Drame de l’excision.

Une interview de Philippe Baqué, co-réalisateur de « Femmes, entièrement femmes », un documentaire sur la reconstruction du clitoris, est à lire sur 50-50magazine.fr.

Témoignage de Marie, Guinéenne excisée à l’âge de six ans (à lire sur Nordéclair).

Royaume-Uni : si les mutilations génitales féminines sont illégales, envoyer une fille dans un autre pays pour la faire mutiler l’est tout autant ; c’est pour cela que les autorités ciblent les aéroports et surveillent les vols vers les pays à risque afin d’identifier les potentielles victimes et leur venir en aide (Crawley News). Deux personnes qui revenaient d’Ouganda ont justement été arrêtées à Londres, soupçonnées d’avoir fait mutiler une jeune fille (Reuters).

Avec l’aide de l’organisme de charité Fixers, deux jeunes femmes de Birmingham d’origine somalienne ont produit un court métrage pour encourager à briser le silence sur les MGF (voir le film).

Norvège : le pays a annoncé qu’il allait augmenter son budget alloué à la lutte contre les MGF (Global Post).

Grèce : la justice a suspendu l’expulsion d’une femme kényane vers son pays d’origine au motif qu’elle risquait d’être génitalement mutilée (Greek Reporter).

États-Unis

Le 28 juillet, Barack Obama s’est exprimé devant 500 jeunes leaders Africains en visite à Washington à l’occasion du Young African Leaders Initiative (YALI). Lors d’une question portant sur les inégalités de genre en Afrique, le président américain a notamment dénoncé les mutilations génitales féminines sous les applaudissements de l’audience.

« Il y a des traditions dont il faut juste se débarrasser et que rien n’excuse. Les mutilations génitales féminines, je suis désolé, je ne considère pas cela comme une tradition à laquelle il soit digne de s’accrocher », a-t-il déclaré (CBS News).

Par ailleurs, on apprend que le Département de la santé et des services sociaux des États-Unis va réaliser une grande étude afin d’établir le nombre de femmes victimes de MGF ainsi que le nombre de filles qui risquent la mutilation (The Guardian).

Afrique

Côté d’Ivoire : intensification des croisades contre l’excision (abidjan.net).

Éthiopie : le gouvernement a déclaré qu’il éliminerait les mutilations génitales féminines et le mariage des enfants d’ici à 2025 (China.org). Un article sur le combat des femmes Afars contre les MGF, avec l’aide de l’association française Femmes Solidaires, est à lire sur TV5 Monde.

Gambie : les activistes pensent que les campagnes anti-FGM ont atteint le seuil critique. La directrice d’une ONG déclare que, depuis 2007, plus de 128 exciseuses et 900 communautés ont abandonné la pratique (IPS News).

Kenya : des femmes Masaï mettent fin aux rites d’excisions traditionnels (GAMS) ; dans le même temps, d’autres femmes de la même population soutiennent la pratique (PRI).

Sénégal : une étude indique que 13 % des initiateurs de la pratique des mutilations génitales féminines sont des hommes (Sud Online) ; d’après le rapport publié par l’Unicef lors du Girl Summit 2014, le taux d’excision est encore de 87 % dans certaines régions du Sénégal, malgré que la loi interdise la pratique depuis 1999 (RFI).

Sierra Leone : des communautés renoncent aux mutilations génitales féminines (Amnesty International).

Somalie : dans le cadre d’un projet intitulé Protection of Minors (Protection des mineurs) et soutenu par la Commission Européenne, l’organisation humanitaire Cesvi a permis à des habitants d’un camp de réfugié de concevoir un court métrage sur les MGF, disponible à cette adresse.

Tanzanie : malgré l’illégalité des MGF dans le pays, celles-ci sont encore très répandues et la lutte continue (allAfrica).

Asie

Indonésie : Excision, parlons-en ! fait le point sur la situation en Indonésie, pays qui « défend une pratique médicalisée moins invasive de mutilations génitales féminines et ne dispose pas d’une législation interdisant ces pratiques qui restent persistantes. » (lire l’article)

Irak : le décret de l’État Islamique qui exigeait que toutes les femmes âgées entre 11 et 46 ans subissent une mutilation génitale était un faux (Slate).

Océanie

Australie : à Melbourne, capitale de l’État de Victoria, la pratique des MGF est en baisse au sein des communautés issues d’Afrique de l’est (IBT).

Actualité concernant les mutilations intersexes

États-Unis : le magazine The Atlantic a publié un article très intéressant intitulé Should We ‘Fix’ Intersex Children ? (Devrait-on ‘réparer’ les enfants intersexes ?), qui aborde la question des opérations chirurgicales pratiquées sur les enfants intersexes afin de leur attribuer un sexe masculin ou féminin (réassignation sexuelle).

Nigéria : des parents sont dans la confusion après avoir donné naissance à un enfant qui possède des organes génitaux masculins et féminins et cherchent à le faire opérer. À noter le témoignage déroutant de la mère alors que celle-ci voulait faire exciser le bébé s’il s’agissait d’une fille : « Lorsque l'[exciseuse] a voulu couper son clitoris, elle a dit que le bébé n’était pas une fille. Elle nous a conseillé de retourner à l’hôpital. » (The Sun)

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