Droit au Corps vous propose chaque mois un retour sur l’actualité concernant les mutilations génitales imposées, que celles-ci soient féminines (excision) ou masculines (circoncision). Voici ce qu’il fallait retenir en juin.
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Sommaire :
Actualité concernant la circoncision (MGM)
En Europe
France : un homme qui avait blessé trois enfants en pratiquant sur eux une circoncision rituelle a été condamné à 1000 euros d’amende par un tribunal de La Réunion (Le journal de Mayotte).
Norvège : nous espérions que ce serait l’un des premiers pays à bannir la pratique, mais le parlement norvégien a malheureusement adopté une loi réglementant la circoncision non thérapeutique des jeunes garçons, durcissant néanmoins les règles d’encadrement de la pratique (globalpost, JTA).
Danemark : l’Association Danoise des Etudiants en Médecine (Foreningen af Danske Lægestuderende – FADL) a publié une déclaration dans laquelle elle prend position contre la circoncision rituelle imposée aux enfants, estimant que chaque individu doit pouvoir choisir ce qu’il veut pour son propre corps.
Royaume-Uni : interviewés par l’organisation Men Do Complain à l’occasion de la réunion annuelle de la British Medical Association, deux médecins se prononcent contre la circoncision imposée aux enfants :
Mise à jour : au cours du congrès, deux médecins ont dénoncé une motion qui vise à protéger seulement les femmes contre les mutilations génitales, oubliant les hommes et les intersexes (lire l’article).
Suisse : un article signé par le psychanalyste Mario Cifali est à lire sur le site l’Hebdo.ch, extrait :
Le moins possible de cruauté est une exigence d’humanité. Ne pas faire souffrir et ne pas se faire souffrir, tel est le critère supérieur pour concevoir une vie qui élève les hommes au lieu de les rabaisser. Or, que se passe-t-il en réalité? Maintes coutumes, fomentées par la crainte de la mort et le besoin de salut, sont utilisées pour ségréger. Un rite sacrificiel, parmi d’autres, est parlant à ce plan: celui d’un machisme arrimé à un héritage mémoriel qui tait son origine sadique. Je veux parler des mutilations prônées par l’une ou l’autre croyance religieuse. L’excision et la circoncision, voulues et pratiquées par des hommes au pouvoir, voire par des femmes soumises à la volonté du clan patriarcal, sont des pratiques ignominieuses. Etudiées de près, elles relèvent d’actes que rien ne justifie, hormis la morsure de la loi ou de la voix du père tout-puissant. – Mario Cifali
Aux États-Unis
Lisa Braver Moss et Rebecca Wald, deux femmes d’origine juive, lancent le projet Celebrating Brit Shalom : un livre pour les parents juifs qui souhaitent accueillir leur petit garçon au sein du judaïsme, mais sans le faire circoncire. Elles ont besoin de 8200 dollars pour financer le projet et en ont déjà récolté plus de la moitié à l’heure où nous écrivons ces lignes. Pour en apprendre plus et participer au financement, cliquez ici.
Accéder à la page KickStarter pour soutenir le projet.
Les intactivistes de l’organisation Bay Area Intactivists ont défilé dans les rues de San Francisco à l’occasion de la San Francisco Pride qui a eu lieu le 29 du mois. De nombreuses photos sont disponibles sur Facebook :
>> Album de Bay Area Intactivists <<
Brian D. Earp et Robert Darby ont publié un long article afin de répondre à Brian Morris, à lire sur The Skeptic : Does science support infant circumcision? A skeptical reply to Brian Morris.
Le blog de Joseph Lewis continue sa série d’articles consistant à répondre aux arguments généralement avancés pour justifier la circoncision. Il s’attaque cette fois-ci à l’argument qui considère que la pratique est justifiable parce qu’elle est ancienne : Circumcision Phallusies Blog Series: Ad Antiquitam.
Témoignage : un homme circoncis exerçant la profession de vétérinaire donne son point de vue sur la circoncision et explique pourquoi il a décidé de laisser son fils intact, à lire sur The Whole Network. Extrait :
Actually, to perform a routine circumcision on a dog or cat or horse, etc, is considered malpractice in the veterinary world. It is a normal part of the body and serves a highly important function.
En Afrique
Afrique du Sud
Vingt-trois personnes vont être poursuivies suite à la mort il y a un an d’au moins 30 jeunes garçons suite au rite de la circoncision. « En Afrique du Sud, lorsque l’hiver austral arrive, c’est la saison des rites d’initiation qui démarre. Chaque année, de nombreux jeunes hommes fidèles à leurs traditions partent, généralement en brousse, pour apprendre à devenir des hommes et être circoncis. Certains meurent pendant l’opération, d’autres sont mutilés et doivent être émasculés. » (BBC Afrique)
Jeunes hommes après une cérémonie de ciconcision, Cap-Oriental, Afrique du Sud
« Les écoles d’initiation devraient commencer le 14 juin et fermeront leurs portes le 18 juillet. Ouvrir ces écoles avant la date convenue ou encore poursuivre les activités de l’école d’initiation au-delà du 18 juillet rendent l’institution illégale, et la police sévira vigoureusement contre les fraudeurs, a indiqué la police. » (Xinhua)
Afin de sécuriser ces rites d’initiation, le gouvernement sud-africain a décidé d’affecter 180 million de rands, soit environ 12 millions d’euros (allAfrica).
D’après un nouveau rapport publié par le Commission for the Promotion and Protection of the Rights of Cultural, Religious and Linguistic Communities (CRL), plus de 450 000 initiés ont été hospitalisés suite à des circoncisions ratées depuis 2008 et au moins 419 ont perdu la vie durant la même période, dans les seules provinces du Cap-Oriental et de Limpopo (allAfrica).
Par ailleurs, le ministère public rappelle la loi au regard de la circoncision masculine. Celle-ci indique notamment que « chaque enfant de sexe masculin a le droit de refuser la circoncision. »
À lire également : In South Africa, circumcision ritual becomes health crisis.
Botswana : le programme de circoncision lancé par le gouvernement pour combattre le VIH/SIDA a donné lieu jusqu’ici à la circoncision de 132 696 hommes âgés de 15 à 29 ans, ce qui correspond à 35 % de la population masculine du pays dans cette tranche d’âge (l’objectif est d’en faire circoncire 80 % d’ici 2016), rapporte Star Africa.
Namibie : le ministère de la Santé a prévu de faire circoncire plus de 330 000 hommes d’ici à la fin de l’année financière 2015/2016, mais jusqu’ici ce sont seulement 16 341 hommes qui ont accepté de se soumettre à la procédure (New Era).
Ouganda : le pays mise sur la circoncision non chirurgicale au moyen du dispositif Prepex (Europe 1). Un reportage vidéo de l’AFP est disponible à cette adresse.
Swaziland : l’organisation de santé Population Service International (PSI) annonce avoir circoncis 8717 hommes et 1388 jeunes garçons à la fin de l’année dernière. Le taux de circoncision masculine chez les personnes de 15 à 49 a plus que doublé, passant de 7 % en 2007 à 19 % en 2010 (The Swazi Observer).
Zimbabwe : des dizaines d’artistes se font circoncire afin de promouvoir la pratique auprès de la population (allAfrica).
En Asie
Israël : vous souvenez-vous de cette femme condamnée par un tribunal religieux à payer une astreinte de 100 euros par jour tant qu’elle refuserait de faire circoncire son fils ? (Lire notre article sur le sujet) Elle avait saisi la Haute Cour de justice qui lui a finalement donné raison en annulant la décision du tribunal rabbinique ! (Reuters, voir également le long article du Jerusalem Post)
Sri Lanka : un enfant de trois mois est décédé suite à une circoncision subie dans un centre médical de la ville de Maligawatta. Le médecin responsable a été arrêté par la police (Daily Mirror).
Actualité concernant l’excision (MGF)
En Europe
France
En partenariat avec le collectif « Excision, parlons-en ! », l’association « Développement et Santé » vient de publier un bulletin spécial consacré à l’excision : synthèse à lire sur MondAfrique.
Le Défenseur des droits va sensibiliser la police et les médecins aux cas des jeunes filles excisées ou mariées de force dans leur pays d’origine durant les vacances (RTL, Excision parlons-en).
Venus en France pour présenter leur action en faveur de la culture Masaï, Phylis et Kenny Matampash ont partagé leur expérience militante pour l’abandon de l’excision au Kenya. Leur interview est disponible sur Excision parlons-en. À lire également, l’interview de la Présidente de l’association Terres de couleurs, qui soutient les efforts de cette association Masaï qui lutte contre l’excision.
Royaume-Uni
Le ministre de la Justice a annoncé que loi criminalisant les mutilations génitales féminines allait être renforcée (The Guardian).
Les chefs religieux du pays ont signé une déclaration commune pour condamner les mutilations génitales féminines (The Guardian) ; Le Conseil des musulmans de Grande-Bretagne, la plus grande organisation musulmane du pays, a aussi condamné la pratique, estimant que celle-ci était « non-islamique » (The Guardian).
L’organisation de défense des enfants NSPCC a lancé une campagne d’affichage destinée aux mères ainsi qu’au personnel soignant (The Guardian) :
L’organisme d’aide à l’enfance Plan UK a quant à lui dévoilé une nouvelle campagne vidéo :
Cela n’a pas empêché l’expulsion d’une femme vers le Nigéria, qui se battait pour rester au Royaume-Uni de peur que ses deux filles subissent des mutilations génitales dans leur pays d’origine (BBC News).
Espagne : un couple gambien a été condamné à 12 années de prison pour avoir sexuellement mutilé leurs deux filles (StarAfrica).
Suède : les autorités sanitaires ont découvert que des dizaines de petites filles d’une même école avaient subi des mutilations génitales (The Independant, The Local). Le gouvernement suédois espère enrayer l’évolution de la pratique dans le pays grâce à un programme de formation en ligne pour le personnel de l’école et de santé (The Local).
Aux États-Unis
Un article du New-York Times revient sur la situation des mutilations génitales féminines dans le pays et les actions des militantes (à lire ici).
D’ailleurs, la pétition lancée par Jaha Dukureh, victime de mutilation sexuelle et aujourd’hui militante, a dépassé les 220 000 signatures. La jeune femme a reçu le soutien de plus de 50 membres du Congrès et a pu rencontrer des responsables politiques pour discuter des actions à mener (The Guardian).
À lire ou écouter sur Voice of America, l’interview de Shelby Quast, conseillère principale pour l’association Equality Now.
En Afrique
Kenya
Le gouvernement a lancé un nouveau projet de loi pour lutter contre les mutilations génitales féminines (figo.org).
Plus de 500 femmes de la communauté Masaï ont manifesté en faveur de l’excision, demandant au gouvernement de les autoriser à continuer cette pratique car cela fait partie de leur culture (Standard Digital). Quelques jours plus tard, ce sont plus de 2500 femmes qui se sont réunies pour les mêmes raisons (The Star).
Reportage de la télévision kényane :
Certains leaders de la communauté Masaï appellent à un rite de passage alternatif (Standard Digital).
USA TODAY a publié un article sur le sujet, accompagné d’un très beau reportage vidéo :
À lire également : Local Kenyan Chiefs in FGM Controversy.
Cameroun : l’Organisation Mondiale de la Santé a lancé une campagne contre les mutilations génitales féminines (Voice of America).
« Des exciseuses subventionnées par des programmes pour cesser la pratique, encaissent l’argent du gouvernement et continuent d’exciser de nombreuses filles », rapporte La voix de l’Amérique.
À lire sur France TV Info : un reportage sur le repassage des seins, une mutilation méconnue et encore très pratiquée au Cameroun.
Égypte : le premier procès concernant une affaire de mutilation génitale féminine expose l’existence de la pratique dans le pays, voir cet article de Capital FM.
Gambie : voici un article consacré à la pratique de l’excision dans ce pays. Extrait :
The report states that most Gambian women do not associate any diverse health effects with excision and do not believe that their sexuality has been in any perceptible way.
Ghana : un nouveau rapport a indiqué que les mutilations génitales féminines ont toujours lieu dans le pays (figo).
Mali : dans la Commune de Bendougouba, neuf villages renoncent à l’excision (maliactu) ; une vingtaine de villages de la préfecture de Koulikoro ont également abandonné la pratique (AfriqueJet).
Niger : reportage vidéo de 20 minutes sur la pratique de l’excision au Niger, à regarder ici.
Sénégal : la société civile et les ONG évoluant dans la région de Matam ont pris l’engagement de mettre fin à l’excision (APS).
Tanzanie : zoom sur un rite de passage alternatif à l’excision, qui vise également à donner une éducation aux jeunes filles (à lire sur allAfrica).
Burkina Faso : retour sur la controverse à propos de la clinique de reconstruction clitoridienne bâtie par le mouvement raélien, qui a été bloquée par le gouvernement du pays, à lire sur lapresse.ca.
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