L’Association Médicale Sud-Africaine dénonce la circoncision infantile

Dans une lettre répondant à NOCIRC-SA, l’Association Médicale Sud-Africaine dénonce la circoncision des nourrissons mâles en tant que prévention du VIH comme étant « non conforme à l’éthique » et « illégale ».

Par Jonathan Friedman

Drapeau de l'Afrique du Sud

L’Association Médicale Sud-Africaine (SAMA) à envoyé la semaine dernière une réponse par lettre à NOCIRC-SA – la branche sud-africaine de l’Organisation Nationale des Centres d’Information sur la Circoncision (NOCIRC) – dénonçant la circoncision néonatale masculine comme étant « non conforme à l’éthique » et « illégale ». La lettre était signée par Mme Ulundia Berhtel, présidente de la section des Droits de l’Homme, de la Loi et de l’Éthique, et par Obo Chairperson, du Comité des Droits de l’Homme, de la Loi et de l’Éthique.

La lettre de l’Association Médicale Sud-Africaine répondait à une lettre envoyée par NOCIRC-SA au Département de la Santé Néonatale de Kwa-Zulu qui plaidait pour l’arrêt des nouveaux programmes de circoncision massive des nouveau-nés. La lettre de NOCIRC-SA soulignait les conséquences légales et éthiques d’un déploiement de programmes de circoncision néonatale massive destinés à prévenir le VIH.

Selon le Children’s Act (la loi concernant les enfants), les enfants ne peuvent être circoncis que pour des « raisons médicales » directement liées à des problèmes concernant le prépuce. La circoncision est un acte chirurgical sérieux qui est traumatisant pour l’enfant, irréversible et qui entraîne une perte significative des sensations et des capacités sexuelles.

Un prépuce sain est important pour un fonctionnement sexuel normal une fois que l’enfant devient adulte. Par conséquent, selon le Children’s Act, circoncire les enfants à des fins de prévention du VIH est illégal et les enfants pourraient, une fois adultes, poursuivre en justice leurs médecins pour violation de leur droit à disposer de leur corps dans son intégralité.

Dans sa lettre de février à la SAMA, NOCIRC-SA soulignait qu’il existe des études sur la prévention du VIH pour les hommes adultes, mais qu’il n’existe actuellement aucune étude sur la prévention du VIH pour les enfants circoncis.

NOCIRC-SA maintient qu’il est « déraisonnable » et « inhumain » de réaliser une opération radicale de chirurgie sur les organes génitaux de nourrissons 12 ou 14 ans avant qu’ils ne soient sexuellement actifs.

Ces enfants peuvent être éduqués à l’utilisation du préservatif – lequel représente la meilleure protection contre le VIH, efficace à 99% s’il est utilisé correctement – et d’ici 12 à 14 ans un vaccin existera peut-être.

Tout homme circoncis ayant régulièrement des rapports non protégés finira par avoir en fin de compte le même risque d’exposition au VIH et augmentera les risques des ses partenaires, en particulier s’il tombe dans la fausse croyance qu’il est protégé contre le VIH. En effet, un peu partout en Afrique les hommes commencent à croire qu’en étant circoncis ils n’ont pas besoin de mettre de préservatif.

 

Lettre de réponse de l’Association Médicale Sud-Africaine [version PDF]

CIRCONCISION DES BÉBÉS COMME PROPOSITION DE PRÉVENTION DU VIH

Nous faisons référence au sujet ci-dessus et à votre courrier électronique du 16 Février 2011.

Le sujet a été discuté par les membres du Comité des Droits de l’Homme, de la Loi et de l’Éthique, au cours de leur dernière réunion, et ils sont d’accord avec le contenu de la lettre de NOCIRC SA.

Le Comité a déclaré qu’il est, dans ce cas, contraire à l’éthique et illégal de réaliser des circoncisions sur des nourrissons. Le Comité s’est montré sérieusement préoccupé par le fait qu’il n’existe pas à disposition suffisamment de preuves ayant une base scientifique permettant de confirmer que la circoncision empêche de contracter le VIH, et que les gens sont influencés par une information incorrecte et de fausses représentations.

Le Comité a réitéré sa position selon laquelle il ne soutient pas la circoncision comme prévention de la transmission du VIH.

Source : Intact News

Traduction française : Droit au Corps