Un nouveau Salon Baby se tenait à Paris le week-end du 22-23 octobre 2022. Pour la 3ème fois depuis 2019, notre association y tenait un stand d’information sur la santé du pénis de l’enfant.
Une faille de santé publique toujours béante
Rencontrer les parents a une fois encore permis de constater que de nombreux garçons souffrent de mauvaises pratiques, notamment du décalottage effectué par un tiers, conséquence d’une faille de santé publique toujours béante.
Voici une infime partie des cas rencontrés sur notre stand, qui illustrent le problème :
- sur le conseil de l’hôpital, une mère décalottait son fils dès la naissance, ce qu’elle a très mal vécu car elle voyait bien que son fils en souffrait ;
- un père de 30 ans nous témoigne de son traumatisme après avoir été décalotté à l’âge de 8 ans par son médecin ;
- une puéricultrice nous explique qu’il fut un temps où on apprenait qu’il fallait décalotter l’enfant, mais qu’à présent il est enseigné qu’il ne faut pas le faire ; elle ajoute que, malheureusement, le fils de sa fille vient d’être circoncis à 9 ans sur recommandation du pédiatre car son pénis n’était pas encore décalottable ;
- une mère nous informe qu’un médecin de la PMI de Villeneuve-le-Roi essayait de décalotter son fils en forçant, au point que le pénis devenait bleu, et que l’enfant a fini par être circoncis pour « phimosis » ; plus récemment, la même PMI l’informe que son deuxième fils a lui aussi un « phimosis » car son prépuce n’est pas rétractable, mais la mère commence à se méfier et refuse le décalottage ; Droit au Corps va contacter cette PMI ;
- une mère nous informe que l’hôpital de Corbeil-Essonnes conseille aux parents de décalotter leur fils dès la naissance ; Droit au Corps va contacter cet hôpital.
Nombre de parents étaient donc très soulagés d’apprendre le développement normal du pénis, que décalotter l’enfant est inutile et dangereux, que l’hygiène du pénis est simple, et qu’en cas de trouble de la santé du pénis il existe des traitements alternatifs à la circoncision. Nous leur avons remis notre dépliant Santé du pénis (mis à jour pour ce salon) et certains comptent bien le faire suivre à leur médecin. Nous avons aussi rencontré plusieurs professionnels de santé qui en ont pris pour leurs patients.
En plus de notre stand, nous avons pour la première fois animé un atelier auquel ont assisté une quarantaine de parents. Il s’agissait d’une scénette dans laquelle l’une de nos adhérentes jouait le rôle d’une mère en questionnement sur la santé du pénis de son fils, tandis qu’une autre de nos adhérentes, médecin de profession, jouait son rôle de médecin en répondant aux questions. Le public était mis à contribution et là encore nous avons pu observer que les parents avaient des informations contradictoires.
Devant l’ampleur de la méconnaissance en matière de santé du pénis, le plus important est que les pouvoirs publics et les autorités sanitaires engagent un plan de formation des professionnels de santé ainsi qu’une campagne d’information du grand public, comme nous le recommandons depuis 2019. Droit au Corps est sur le point de constituer un Pôle Santé qui aura pour objectif de porter ces recommandations et bien d’autres. Si vous êtes un professionnel de santé, n’hésitez pas à nous rejoindre.
Circoncision : hygiène et religion sont les arguments avancés
Sur ce type d’événement, nous rencontrons aussi une part non négligeable de parents qui souhaitent faire circoncire leur fils :
- pour une raison hygiénique, le prépuce étant pour eux quelque chose de sale, de gênant ;
- et/ou pour une raison religieuse : musulmans en grande partie, quelques juifs et chrétiens.
Sur l’aspect hygiénique, dès lors que l’on creuse un peu la question, les personnes admettent généralement qu’il s’agit de croyances ou de biais personnels et sont frappées d’apprendre ce qu’est le prépuce.
Sur l’aspect religieux, nous observons 3 profils :
- une minorité de personnes convaincues en totalité ou presque par nos arguments, et prêtes à abandonner la pratique ;
- une majorité de personnes qui, sans être convaincues, se montrent très intéressées par nos arguments, posent des questions et prennent volontiers nos dépliants ;
- une minorité de personnes qui nous disent qu’aucun argument ne pourra les convaincre et que leur fils sera circoncis quoi qu’il arrive, mais qui acceptent toutefois la discussion et nos dépliants (les personnes refusant tout dialogue sont rarissimes).
À ces personnes nous disant vouloir faire circoncire leur fils, nous remettions notre livret Le prépuce que du + pour leur faire prendre conscience de quoi ils risquent de priver leur enfant, et notre dépliant Circoncision pourquoi agir ? (version en ligne) pour les sensibiliser aux différentes formes de souffrance qui peuvent en découler. Pour les personnes de confession musulmane, nous avions pour la première fois un flyer dédié, Circoncision, est-ce que le Coran l’approuve ? (article complet), et pour les personnes de confession juive nous proposions la carte de notre partenaire Brit Shalom l’Alliance sans Souffrance.
Quelques réactions sur notre stand :
- un jeune père rencontré au salon de l’année dernière, circoncis dans la tradition musulmane, nous annonce qu’il a réussi à convaincre sa femme de ne pas faire circoncire leur fils ; il cherche à convaincre d’autres membres de sa famille et ses amis musulmans ;
- une femme musulmane nous dit qu’elle a toujours trouvé la circoncision « barbare » ;
- un homme voulant faire circoncire son fils pour raison hygiénique, après avoir discuté une demi-heure avec l’une de nos adhérentes, lui dit : « vous m’avez convaincu, mon fils ne sera pas circoncis » ;
- de nombreuses personnes font vite le lien entre notre cause et la question du consentement, dont on parle de plus en plus dans la société suite au mouvement #metoo ; alors qu’ils pensaient faire circoncire leur fils sans se poser de question, ils prennent conscience de l’ampleur de la problématique et disent qu’ils vont y réfléchir sérieusement ;
- sous le coup de l’émotion, une femme se met à pleurer : son ex-mari a fait circoncire leur fils alors qu’elle y était opposée, elle en a gardé un très mauvais souvenir qui ressurgit en nous rencontrant ; nous lui proposons de rejoindre un groupe de parole ; elle nous remercie grandement de notre présence.
Chiffres et remerciements
En 2 jours, nous avons distribué plus de 1300 supports de communication :
- plus de 600 dépliants Santé du pénis ;
- plus de 350 livrets Le prépuce que du + ;
- près de 200 dépliants Circoncision : pourquoi agir ? ;
- près de 100 flyers Circoncision, est-ce que le Coran l’approuve ?
- une 20aine de cartes de notre partenaire Brit Shalom l’Alliance sans Souffrance ;
- une 15aine de dépliants de notre partenaire Phimosis-ABC ;
- une 10aine de dépliants de notre partenaire Nouvelle Peau.
D’un point de vue économique, cet événement a représenté pour notre association un coût d’environ 1250 euros entre le paiement du stand (850 euros cette année, en très nette augmentation) et l’impression des supports de communication.
Pour rappel, c’est grâce aux dons de nos sympathisants et à nos bénévoles que nous pouvons mettre en œuvre de telles actions : un grand merci à toutes ces personnes !
Enfin, Droit au Corps remercie toute l’équipe de Salon Baby pour leur confiance renouvelée.
Retrouvez toutes nos actions publiques sur cette page.