L’avenir de la circoncision juive : Brit Shalom à 8 jours et Brit Milah à l’âge du consentement ?

En 2015, un colloque public intitulé La circoncision, un geste d’avenir ! a été organisé par l’Association des Médecins Israélites de France et le Fonds Social Juif Unifié. Ce colloque a ouvert une nouvelle perspective pour la circoncision des bébés à 8 jours.

De manière inattendue, des organisateurs et intervenants de ce colloque, principaux représentants de la défense de cette pratique au niveau français et européen, y ont reconnu que cet acte :

– entraîne une inévitable douleur pour le nouveau-né ;
– met en péril la santé et la vie du nouveau-né ;
– n’a strictement aucun bénéfice médical pour un nouveau-né ;
– n’est nullement nécessaire, à 8 jours, pour l’accueil dans la religion juive.

Le présent article en tire une perspective pour l’avenir de la circoncision juive.

Voici la vidéo de ce colloque avec la transcription et les commentaires de Droit au Corps.

La circoncision, un geste d'avenir !

Pour les juifs, la circoncision est une pratique au fondement de leur religion, car c’est la condition de l’alliance avec Yahvé. Même pour les nouvelles générations athées mais se reconnaissant de culture juive, la circoncision peut garder une certaine valeur comme marqueur de l’identité du groupe. Protéger la pratique de la circoncision est donc perçu comme à la fois crucial pour la survie du judaïsme en tant que religion, et important comme tradition culturelle qui symbolise le peuple juif.

La pression montante constatée en Occident en vue d’une interdiction pure et simple de la circoncision rituelle, année après année en Europe depuis 2012 mais aussi en Amérique du Nord, est pour eux une source de grande inquiétude.

Existe-t-il une solution qui permettrait de rassurer à la fois ceux qui défendent les traditions juives ainsi que ceux qui défendent l’intérêt de l’enfant et de l’homme qu’il deviendra ? 2015 a ouvert une perspective inattendue en ce sens, suite à un colloque organisé en France par des organisations juives avec la participation des plus hautes autorités rabbiniques d’Europe.

*

En 1999, la revue scientifique d’urologie BJU International publiait un article de Jenny Goodman intitulé « Jewish circumcision: an alternative perspective » [1], dont la traduction française est disponible ici : La circoncision juive, une perspective alternative. Médecin et psychothérapeute, féministe juive, cette anglaise y donne une présentation très complète de la situation globale, au plan médical, religieux, culturel et éthique. Le fait que la circoncision du sexe du nouveau-né entraîne des douleurs intenses y est solidement étayé au plan scientifique. L’immense intérêt de cet article est d’offrir une perspective compassionnelle d’évolution de la tradition juive, qui préserve l’identité juive. Cet article résume remarquablement la situation nouvelle déclenchée en France par un colloque qui s’est tenu 16 ans plus tard.

En effet, en 2015 un colloque public intitulé La circoncision, un geste d’avenir ! a été organisé par l’Association des Médecins Israélites de France et le Fonds Social Juif Unifié [2]. En voici l’enregistrement vidéo mis en ligne par les organisateurs, qui comporte toutefois quelques coupures par rapport aux propos tenus en séance (Droit au Corps était présent).

Sommaire :

1. La circoncision à 8 jours : aucun bénéfice médical mais uniquement des dommages physiques pour le nouveau-né
2. Est-il indispensable de circoncire à 8 jours dans le judaïsme ? Non
3. Jusqu’à quel âge peut-on reporter la Brit Milah dans le judaïsme ?
4. Accueillir l’enfant à 8 jours dans la tradition juive : le rituel alternatif Brit Shalom
5. Perspective d’avenir : Brit Shalom à 8 jours et Brit Milah à l’âge du consentement

Annexe : Vidéo du colloque : transcription et commentaires de Droit au Corps

1 – La circoncision à 8 jours : aucun bénéfice médical mais uniquement des dommages physiques pour le nouveau-né

De manière inattendue, des intervenants de ce colloque, principaux représentants de la défense de cette pratique au niveau français et européen, y ont reconnu eux-mêmes que cet acte chirurgical, y compris lorsqu’il est réalisé dans des conditions cliniques optimales :

– entraîne une inévitable douleur pour le nouveau-né : il y est reconnu qu’il n’existe pas d’anesthésiant efficace et sans risque à cet âge ;

– met en péril sa santé et sa vie : au point qu’il faut enjoindre aux mohels de prendre une assurance pour se protéger – eux – des risques qu’ils font courir aux plus vulnérables d’entre tous, les nouveau-nés. Risques qu’ils font dorénavant courir sciemment, sinon pourquoi s’assurer ?

– n’a strictement aucun bénéfice médical pour un nouveau-né : selon l’OMS la circoncision réduirait le risque de contamination par le VIH, mais seulement en cas de rapports sexuels réservés à un âge plus tardif.

Combien de nouveau-nés circoncis dans la tradition juive en décèdent encore de nos jours ? Nulle statistique n’est tenue à ce sujet, qui puisse éveiller les consciences. [3]

2 – Est-il indispensable de circoncire à 8 jours dans le judaïsme ? Non

Lors de ce colloque de 2015, il est dit que la circoncision à 8 jours n’est nullement nécessaire pour l’accueil dans la religion juive. Il est même dit qu’on doit la différer en cas de risque manifeste pour la santé de l’enfant. [4]

Ce n’est pas le premier cas d’évolution des traditions et de l’interprétation des commandements religieux. Ainsi, de nos jours, le judaïsme a réinterprété certains commandements de la Torah, comme par exemple :

« Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils commettent tous deux un acte abominable. Ils seront punis de mort, leur sang retombera sur eux. » (Lévitique 20.13). Quelle autorité religieuse juive recommande de nos jours de tuer les homosexuels ?

« Si une jeune fille vierge est fiancée et qu’un homme la rencontre dans la ville et couche avec elle, vous les conduirez tous les deux à la porte de la ville. Vous les lapiderez, ils seront punis de mort, la jeune fille pour n’avoir pas crié dans la ville, et l’homme pour avoir déshonoré la femme de son prochain. » « Si l’on trouve un homme en train de coucher avec une femme mariée, ils mourront tous les deux : l’homme qui a couché avec la femme, ainsi que la femme. » (Deutéronome 22). Quelle autorité religieuse juive recommande de nos jours de tuer les adultères ou de lapider les vierges séduites ?

Pour quelle raison la réinterprétation des textes devient-elle nécessaire au fil du temps ? À quel moment l’évolution des traditions relève-t-elle de notre responsabilité morale ? C’est lorsque l’infliction de souffrances facilement évitables devient moralement inacceptable. Et il devient chaque jour plus évident, à travers le monde entier, que « la circoncision peut engendrer des souffrances lourdes, pour la vie entière, même si toute circoncision n’entraîne pas forcément de souffrance » (source). Grâce à Internet et aux réseaux sociaux, des milliers de témoignages en attestent, alors même qu’ils ne représentent que la face émergée de l’iceberg.

Le judaïsme n’a pas attendu ce colloque pour introduire des souplesses théologiques quant à la pratique de la circoncision à 8 jours. Traditionnellement, si la circoncision à 8 jours présente un risque pour la santé de l’enfant, il doit en être exempté et elle peut être reportée à un âge ultérieur : ainsi, un enfant dont un frère est décédé des suites de sa circoncision s’en voit exonéré. [5] D’ailleurs, si la tradition juive a prévu ce type d’exemption, c’est bien que le décès suite à circoncision était plus qu’une hypothèse.

Le grand-rabbin de France lui-même, Haïm Korsia qui a participé au colloque de 2015, a signé en 2018 le Manifeste « contre le nouvel antisémitisme » qui appelle à une telle évolution des commandements religieux lorsqu’ils enfreignent l’éthique : « En conséquence, nous demandons que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés d’obsolescence par les autorités théologiques, comme le furent les incohérences de la Bible et l’antisémite catholique aboli par Vatican II, afin qu’aucun croyant ne puisse s’appuyer sur un texte sacré pour commettre un crime. »

3 – Jusqu’à quel âge peut-on reporter la Brit Milah dans le judaïsme ?

13 ans est un âge très particulier dans le judaïsme puisque c’est l’âge de la Bar Mitzvah, c’est-à-dire l’âge de la majorité religieuse pour les garçons juifs. C’est l’âge auquel le jeune se retrouve en état d’appliquer lui-même les commandements religieux. À cet âge, l’obligation de circoncire passe du père au fils.

4 – Accueillir l’enfant à 8 jours dans la tradition juive : le rituel alternatif Brit Shalom

Une transformation du rituel d’accueil et de nommage des nouveau-nés s’est développée dans la tradition juive à partir des années 1970, avec Brit Shalom. Ce rituel reprend toutes les caractéristiques de la Brit Milah, mais la coupure du prépuce est symbolisée par la coupure d’un substitut : ruban, fruit, etc. Il a émergé dans la francophonie à partir de 2016.

5 – Perspective d’avenir : Brit Shalom à 8 jours et Brit Milah à l’âge du consentement

À partir de ce colloque de 2015, toutes les conditions théologiques sont réunies pour que l’avenir de la circoncision juive emprunte la voie de la compassion : Brit Shalom à 8 jours et Brit Milah à l’âge du consentement.

Alors que les projets contemporains d’interdiction de la circoncision religieuse en Europe sont quelquefois perçus comme porteur d’anti-judaïsme, reporter la Brit Milah à l’âge du consentement serait vu au contraire comme une mesure de protection des enfants issus de juifs, à l’égal de tous les autres enfants du monde qu’il faut protéger des mutilations sexuelles : filles, garçons et intersexes.

Vaut-il mieux faciliter l’évolution d’une tradition ou prendre le risque de son interdiction pure et simple, comme c’est déjà le cas de l’abattage rituel des animaux dans de nombreux pays européens ? [6] La question se pose à chaque fois qu’une « liberté religieuse » est en conflit avec l’éthique d’allègement de la souffrance.

*

Le contenu de ce colloque permet de libérer la parole des défenseurs de l’intérêt de l’enfant, longtemps contenue par des pressions politiques considérables au plan mondial. [7] Les révélations faites à cette occasion sont autant d’ingrédients enfin réunis pour ouvrir un débat public sur les conditions du consentement à la circoncision, « qui permette de dégager un consensus entre toutes les parties, point d’équilibre susceptible d’alléger un maximum de souffrances. »

Source : Enregistrement vidéo du colloque du 26 janvier 2015

Transcription et commentaires de Droit au Corps.

Notes et références

1. Jenny Goodman, Jewish circumcision: an alternative perspective, BJU International (1999), 83, Suppl. 1, 22–27

2. Voir notre lettre ouverte adressée au président de l’Académie nationale de Chirurgie et à la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes.

3. Aux États-Unis, on estime que plus de cent nouveau-nés meurent chaque année suite à une circoncision, un chiffre vraisemblablement sous-évalué, sans parler des complications.

4. Non seulement il a été dit que la circoncision à 8 jours pouvait être différée, mais le grand-rabbin de France a également reconnu la valeur de l’exemple chrétien, de la « circoncision du cœur » alternative à la circoncision du prépuce.

5. Voir par exemple Chapter 21: Circumcision, by Nobel Laureate George Wald, in Genital Autonomy: Protecting Personal Choice, Editors: Denniston, George C., Hodges, Frederick M., Milos, Marilyn Fayre (Eds.), Springer, 2010

6. Suède, Danemark, Finlande, Lituanie, Slovénie, Norvège, Suisse, Islande, Belgique – Source Haaretz 5/1/2019

7. En 2012, suite au jugement de Cologne condamnant une circoncision religieuse, le gouvernement Merkel fait passer une loi qui autorise les parents à circoncire leur enfant de sexe masculin. Suite au rapport Rupprecht de 2013 sur les « violations de l’intégrité physique des enfants » à destination du Conseil de l’Europe, la réponse du Comité des Ministres de 2014 conclut que « de nombreux pays font particulièrement attention aux conditions dans lesquelles se déroulent de telles interventions afin de limiter tout risque pour la santé et le bien‑être de l’enfant », au lieu de condamner fermement cette prise de risque des uns sur les autres. En 2018, les principaux représentants républicains et démocrates de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis font pression sur l’Islande pour retirer une proposition de loi visant à interdire la circoncision. Au diapason, le front chrétien du Conseil des conférences épiscopales d’Europe uni à la Conférence des Églises européennes publie cette condamnation. La proposition d’interdiction de la circoncision faite au même moment au Danemark se heurte au même type d’opposition : le 20 avril, les ministres de la santé, de l’éducation, des cultes, de la défense et des affaires étrangères ont été interrogés par une commission parlementaire sur les implications d’une interdiction. A la sortie, le ministre de la défense, Claus Hjort Frederiksen, a assuré que « le risque politique serait énorme » (Le Monde 3 juin 2018).

Colloque public du 26 janvier 2015 :
« La circoncision : un geste d’avenir ! »
Transcription et commentaires de Droit au Corps

page colloque circoncision akadem

Colloque organisé par l’Association des Médecins Israélites de France (AMIF) et le Fonds Social Juif Unifié (FSJU) – Enregistrement vidéo

Intervenants :

Moshe Benisty, mohel

Christine Grapin-Dagorno, chirurgienne pédiatrique à l’hôpital Robert Debré à Paris, membre de l’Académie Nationale de Chirurgie, Conseillère d’arrondissement (liste UMP-UDI-MODEM), Mairie du 19e, Docteur en Droit (a étudié la circoncision sous cet aspect)

Robert Haïat, cardiologue et président de l’Association des Médecins Israélites de France (AMIF)

Bruno Halioua, médecin, dermatologue et historien de la médecine. Ancien chef de clinique à la faculté de médecine

Mohammed Larbi Haouat, imam. Dr en Sciences islamiques et Dr d’État en études stratégiques des relations internationales du monde arabo-musulman

Henri Judet, docteur en médecine, ancien chef de clinique des hôpitaux de Paris et Secrétaire général de l’Académie nationale de chirurgie

Haïm Korsia, grand-rabbin de France, élu pour sept ans en juin 2014

Moché Lewin, rabbin français. Depuis l’été 2013, directeur exécutif de la conférence des rabbins européens

Bernard Lobel, urologue et chef de service en Urologie CHU Pontchaillou de Rennes. Président de l’Association culturelle israélite de Rennes et membre de la Commission d’éthique biomédicale du Consistoire israélite de Paris. Élu au CA de l’Académie nationale de Chirurgie et vice-président de l’AMIF. B.Lobel était intervenu en janvier 2013 devant la commission du parlement européen à Strasbourg, en défenseur de la circoncision.

Thierry Vernet, théologien. Agrégé en Lettres classiques, l’Abbé est co-directeur du département Judaïsme et Christianisme au Pôle de Recherche du Collège des Bernardins. Il est également responsable du service diocésain des relations avec le judaïsme

Marc Zerbib, chirurgien urologue. Professeur des universités à Paris 5 et chirurgien des hôpitaux de Paris

Ronald Virag, andrologue et sexologue

Sommaire :

La douleur avérée du nouveau-né lors de sa circoncision
Un principe de précaution appliqué au circonciseur, pas au nouveau-né
La circoncision n’a aucun bénéfice médical pour le nouveau-né
Et l’intérêt de l’enfant ?
Rien ne s’oppose au report de la circoncision religieuse à l’âge du consentement
De la liberté de contraindre

La douleur avérée du nouveau-né lors de sa circoncision

Suite à ce colloque, ses participants ne peuvent plus ignorer que la circoncision des nouveau-nés leur inflige systématiquement de la douleur, même dans des conditions cliniques optimales. Le constat est rappelé que les nouveau-nés sont circoncis sans anesthésie efficace, voire à vif.

 

 

Lobel

01:43:30

 

01:45:40

Est-ce que la circoncision au 8ème jour est plus sûre ?

 

Et enfin le 3ème argument était celui de la douleur : « le bébé n’a pas de douleur et d’ailleurs n’a pas de mémorisation de cette douleur. » […] La littérature est très pauvre.

J’ai interrogé [de nombreux spécialistes] et les réponses sont évidemment redoutables.

[…]

Aujourd’hui, on sait que les enfants ressentent la douleur, et on a beaucoup de tests pour  l’apprécier, […] beaucoup d’éléments qui montrent que le bébé souffre.

[…]

Lorsque j’ai fait l’interrogation d’un certain nombre de spécialistes de la circoncision au 8ème jour, je me suis aperçu que :

  • 30% utilisaient une crème EMLA
  • 30% […] le faisaient seulement si les parents le demandaient
  • les autres […] n’utilisaient aucune insensibilisation

[Commentaire Droit au Corps (DaC) : soit entre 40 et 70 % des bébés circoncis au 8ème jour qui n’auraient aucune réduction de la douleur]

Lobel 1:46:58 Alors la seule chose qui reste de tout ça, c’est qu’effectivement la mémorisation de l’acte est moindre, mais on comprend immédiatement qu’il est très important que cet acte qui est douloureux soit fait de façon magnifique [sic] sur le plan technique et rapide, et on peut se poser la question de la nécessité d’utiliser les produits qui permettent une certaine anesthésie locale.
Lobel 01:47:56 Il est évident que quand chez les musulmans on fait l’acte beaucoup plus tard, on peut déjà utiliser et en particulier cette injection qui permet le bloc pénien par la xilocaïne et qui coupe toute douleur, ce n’est pas du tout le cas chez le nouveau-né.
Grapin-Dagorno 01:59:34 la crème EMLA c’est sûrement très intéressant, il y a des accidents qui sont rarissimes mais qui ont été décrits, des chocs à l’EMLA en particulier
Zerbib 02:13:28 connaître les rudiments d’utilisation des anesthésiques locaux, en sachant qu’on a fait un petit peu marche arrière sur l’EMLA en raison des chocs comme ça avait pu être le cas, il y a eu quelques cas d’allergie à l’EMLA qui ont été rapportés, c’est moins utilisé mais ça continue à être utilisé

 

Un principe de précaution appliqué au circonciseur, pas au nouveau-né

Les intervenants admettent que la circoncision des nouveau-nés est statistiquement préjudiciable à leur santé, même dans des conditions cliniques optimales. C’est particulièrement le cas du directeur exécutif de la conférence des rabbins européens, Moshe Lewin : s’il plaide pour une couverture des circonciseurs religieux par une assurance, c’est bien qu’il est conscient que le risque existe pour l’enfant.

Zerbib 02:12:10 par contre il y a un certain nombre de complications, il n’y a pas une seule chirurgie sans complication, il faut toujours mettre en doute les personnes qui pourraient dire « j’ai 100 % de bons résultats » : il y a toujours 0.1, 0.2, 0.5 % de risques hémorragiques, de risques de blessures

[Commentaire DaC : 0.4 à 2 % dans un établissement de soin d’après le docteur Castagnola (page supprimée du site de l’AFU mais archivée ici), Vice-Président de l’Association Française d’Urologie (AFU), Responsable du Comité d’Éthique et de Déontologie de l’AFU]

Grapin-Dagorno 01:23:38 la circoncision est un acte qui n’est pas toujours anodin, pour lequel il y a des complications, comme d’ailleurs pour tous les actes chirurgicaux
Zerbib 02:16:56 on ne pourra jamais réduire à zéro ce risque des enfants qui arrivent en hémorragie, en choc hémorragique, ou en blessure du gland ou du reste
Zerbib 02:15:14 et ensuite effectivement il y a toujours un certain nombre de complications hémorragiques
Grapin-Dagorno 02:00:30 [Lobel] : Vous m’avez dit que vous aviez eu des complications cette semaine à l’hôpital Robert-Debré ?

[Grapin-Dagorno] : On en a relativement fréquemment. Des enfants qui arrivent pour des complications. On en a eu un ce matin, […] un enfant qui a une nécrose du gland. Voilà, la totale. En un an, […] on en a eu peut-être entre 15 et 20, des complications

[voix d’homme] : Quelles sont les complications ?

[Grapin-Dagorno] : Chez les nouveau-nés, les principales complications sont surtout de l’ordre médical du saignement. Des enfants qui arrivent vraiment dans des états de
choc hémorragique. Ça arrive. C’est pas très fréquent, mais on en a de temps en temps. Là on a eu ce petit qui avait une nécrose du gland. [inaudible] a été appelé pour un enfant qui a fait un choc d’origine pas très certaine mais attribuée à un choc cardiogénique à cause de la douleur. Bon, c’est vraiment rarissime. […] Et puis sinon sur des circoncisions qui sont faites dans des conditions non-chirurgicales, bah on peut tout voir, […] des ablations quasi-totales de la peau de la verge, […] des verges complètement enfouies, des amputations du gland, des nécroses du gland, des fistules […] Enfin bon, il y a des complications diverses et variées. Et c’est pas totalement exceptionnel.

Lewin 00:36:53 le pays le mieux organisé c’est l’Angleterre, ils ont une association […] qui était sollicitée par la cour royale pour la circoncision jusqu’au Prince Charles […] Lady Diana a fait arrêter les choses […] les membres [de cette association] doivent souscrire à une assurance, comme un médecin
Haouat 00:55:25 la circoncision, elle ne fait que du bien, il n’y a pas de mal de le faire […] Ils prétendent qu’il y a des problèmes, mais où sont les problèmes ? On va essayer toujours de chercher les trains qui manquent là, qui arrivent en retard, mais il n’y a pas que ces trains qui arrivent en retard […] c’est quelques trains
Halioua 01:32:00 des incidents, mais bon, je pense qu’ils sont minimes
Lewin 01:57:58 le scalpel a blessé le bas-ventre de l’enfant

 

La circoncision n’a aucun bénéfice médical pour le nouveau-né

Suite à ce colloque, ses participants ne peuvent plus ignorer que la circoncision des nouveau-nés n’a strictement aucun bénéfice médical, thérapeutique ou sanitaire, mais uniquement des inconvénients pour la santé des enfants.

 

 

01:43:30 Est-ce que la circoncision au 8ème jour est plus sûre ?
Lobel 01:44:23

 

La vraie question…

je ne vais pas pouvoir répondre de façon claire et positive

En dehors des règles religieuses qui l’imposent, il est difficile de dire qu’on va protéger l’enfant contre le sida au 7ème ou 8ème jours, voire contre le cancer du pénis.

 

Et l’intérêt de l’enfant ?

Ce colloque montre que « l’intérêt de l’enfant », promu par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant de 1989, est négligé par les promoteurs de la circoncision religieuse de l’enfant. Cette non prise en compte de l’intérêt de l’enfant va jusqu’à promouvoir la couverture des circonciseurs par une assurance contre les risques auxquels sont exposés… les enfants. Alors que la douleur de l’enfant pendant la circoncision est avérée, les promoteurs de cette pratique affichent une volonté farouche de la défendre contre toutes évidences.

Lewin 00:39:50 Quelqu’un qui aurait un accident, mais qui a obéi à des bonnes pratiques, rien ne lui sera reproché.

[Commentaire DaC : comprendre « un circonciseur religieux responsable d’un accident causé à un nouveau-né »]

Haïat 00:10:51 le thème de ce colloque, à savoir la circoncision, n’a pas été choisi au hasard, il l’a été pour expliciter et débattre d’un acte que des instances administratives et judiciaires ont récemment tenté de remettre en cause, qu’il s’agisse du tribunal de grande instance de Cologne en juin 2012, ou qu’il s’agisse du parlement européen en octobre 2013. Dans les deux cas, la circoncision est accusée de constituer une atteinte durable à l’intégrité physique d’un enfant sain qui n’a pas choisi de la subir.
Korsia 00:19:26 mais tout ça a mis en branle un système qui a été piloté par la conférence des rabbins européens […] avec un groupe de travail composé du Pr Zerbib, du Pr Lobel [etc], un groupe qui a travaillé sur la sécurisation administrative de la circoncision
Korsia 00:20:00 ce qui aurait pu abattre ou fragiliser la circoncision a été utilisé pour le bien, pour mettre en place des méthodes de validation des circonciseurs, mettre en place des méthodes de contrôle de ces circonciseurs, mettre en place des assurances sur le modèle anglais
Lewin 00:34:55 Toutefois afin de ne pas mettre en danger la pratique de la circoncision en Europe…
Lewin 00:35:30 un peu après Cologne, [j’ai] soumis l’idée de créer un groupe de travail. On a besoin d’avoir plusieurs personnes avec plusieurs professions qui travaillent pour réfléchir à la manière avec laquelle il faut protéger la circoncision
Grapin-Dagorno 01:19:52 bon il y a les grandes Déclaration des Droits de l’Homme bien entendu, de l’Unesco, bon ça ce ne sont pas véritablement des textes français…
Grapin-Dagorno 01:21:34 les Droits de l’enfant

[…]

si on extrapole un peu, on peut se dire que l’enfant doit avoir droit au libre-arbitre, et on sait que dans des pays comme les États-Unis certains procès sont intentés par des enfants devenus grands à l’encontre de leurs parents qui les auraient fait circoncire sans leur avis, et même des parents sont condamnés à payer des interventions de chirurgie esthétique assez coûteuses pour restauration du prépuce, enfin on tombe un petit peu dans certains délires, mais enfin il faut savoir que ça existe. En France ça ne s’est jamais produit, je ne pense pas, enfin c’est pas vraiment dans la mentalité française, mais enfin on peut toujours tout imaginer.

Zerbib 02:16:00 je voulais remercier les autorités rabbiniques qui sont là pour, qui ont senti cette menace qu’il y avait sur la circoncision religieuse

[Commentaire DaC : quid de la menace pour l’enfant ?]

Zerbib 02:17:30 répondre aux bonnes pratiques clinique et ne pas être source d’attaques juridiques pour exercice illégal de la médecine, ou mise en danger, ou mutilation, retirer un organe qui n’était pas malade

[Commentaire DaC : l’important pour les promoteurs de la circoncision religieuse est la sécurité juridique de celui qui circoncit, car le colloque a rappelé que la sécurité sanitaire du nouveau-né, elle, n’est pas garantie]

 

Rien ne s’oppose au report de la circoncision religieuse à l’âge du consentement

Les promoteurs de la circoncision religieuse des nouveau-nés admettent que la circoncision au 8ème jour n’est pas indispensable au plan religieux et peut être reculée. Dès lors, la question du recul de la circoncision religieuse jusqu’à l’âge du consentement ne peut plus être éludée. En complément de cette mesure de santé publique, se pose également la question d’un rituel symbolique qui ne lèse pas l’enfant dans sa chair. Lorsque la circoncision religieuse ne peut être pratiquée pour raison médicale, l’enfant concerné est-il exclu de la communauté religieuse pour autant ?

Zerbib 02:14:50 il faut ne pas hésiter à refuser une circoncision, à la retarder, car sur le plan de la loi tout ce qui peut mettre en danger la vie de l’enfant est naturellement une priorité à éviter à tout prix, il faut savoir qu’on peut reculer et qu’il ne faut pas faire à 8 jours si la santé de l’enfant est en jeu
Lobel 01:47:56 Il est évident que quand chez les musulmans on fait l’acte beaucoup plus tard, on peut déjà utiliser et en particulier cette injection qui permet le bloc pénien par la xilocaïne et qui coupe toute douleur, ce n’est pas du tout le cas chez les nouveau-nés.
Zerbib 02:12:52 avoir des notions d’anatomie […] savoir aussi qu’il y a un certain nombre d’anomalies anatomiques de la verge […] où il ne faut surtout pas enlever le prépuce, surtout pas enlever le prépuce parce qu’il va servir ensuite pour reconstruire l’urètre
Halioua 01:28:29 les pédiatres nous disent […] en dessous de 2,6 kg on ne pratique pas la circoncision
Korsia 00:23:50 la circoncision […] ce qu’il a fallu d’une certaine manière 99 ans à Abraham pour comprendre
Korsia 00:24:30 Paul explique le passage de la circoncision à la circoncision du cœur […] c’est moins douloureux me dit-on la circoncision du cœur
Korsia 00:26:20 si je suis tout et je suis omnipotent, je ne peux rien concéder à l’autre, et le simple fait de pratiquer la circoncision, symboliquement, c’est une façon de dire « j’accepte de me diminuer d’une partie, j’accepte de faire mourir une partie de ma vérité, pour recevoir la partie de la vérité de l’autre ».

[Commentaire DaC : voir la pratique de Brit Shalom, rituel alternatif à la circoncision, que promeut également Droit au Corps]

 

De la liberté de contraindre

Défendre la circoncision des nouveau-nés au nom de la liberté religieuse est illogique : la « liberté religieuse » revendiquée ici apparaît clairement comme une « liberté de contraindre » le nouveau-né.

Korsia 00:20:47 la capacité que le judaïsme et l’Europe, l’Europe libre, ont trouvé de sécuriser une pratique […] qui relève de la foi et de la liberté de pratique religieuse de chacun
Korsia 00:21:28 un contexte […] où parallèlement l’abattage rituel était remis en question […] comme une forme de déni de la possibilité pour les juifs d’avoir, de respecter une liberté de pratique religieuse