Témoignage de Shawn Stark paru sur Beyond the Bris le 16.10.2013
Shawn Stark a grandi dans une communauté juive dans une banlieue de Montréal, au Canada, où il est allé à l’école élémentaire juive. Par la suite, il a déménagé à Vancouver. Il a rencontré sa femme Amari lors d’un mariage à Montréal et elle a déménagé de Londres à Vancouver sept mois plus tard. Ils résident actuellement à Vancouver, vivant sur la plage et aimant la vie.
Témoignage
Ma femme, Amari, était enceinte de sept mois et nous étions à notre rendez-vous avec la sage-femme. A ce point-là de la grossesse, nous savions que nous aurions un garçon. Vers la fin de notre visite, la sage-femme nous a demandé ce que nous avions prévu de faire au sujet de la circoncision.
Amari et moi sommes tous deux juifs et nous en avions discuté une ou deux fois auparavant. Je le voyais comme ça : « Nous sommes juifs. Mes grands-parents sont des survivants de l’Holocauste. Notre fils sera circoncis. » Cependant, Amari était contre cette procédure, bien qu’elle était prête à le faire si c’était si important pour moi.
Je n’avais jamais assisté à un bris. L’idée de couper le prépuce d’un bébé me rendait malade. C’est alors que j’ai réalisé : comment allais-je être capable de voir mon fils subir cela ? J’ai mis cette pensée de côté, imaginant que j’y ferai face lorsque cela arriverait.
Ce qui nous ramène au rendez-vous avec la sage-femme. Ma réponse fut alors : « Nous sommes juifs donc il doit y avoir un bris. Mais je ne sais pas vraiment comment je ferai pour être dans la même pièce, l’idée me dégoûte… ». C’est alors que la sage-femme a dit quelque chose qui a tout changé. Elle a dit : « Vous savez, il y a des alternatives. Il y a des moyens d’honorer votre religion sans couper le prépuce de votre fils. » VRAIMENT!?
La sage-femme m’a alors donné un livre écrit par un rabbin au sujet de la circoncision. Je l’ai rapporté à la maison et je l’ai lu de bout en bout. J’en suis sorti convaincu qu’il n’était pas question que je fasse subir cela à mon fils. Cela m’a conduit à la recherche d’un rabbin qui accepterait d’effectuer un bris sans circoncision.
Ma quête commence
J’ai parlé à un rabbin d’une synagogue réformiste et lui ai confié mon désir d’avoir une cérémonie sans circoncision. Il s’est fendu d’une réponse désinvolte qui ne prenait pas en considération l’importance que la question avait pour moi. Il a dit : « Ainsi vous voudriez le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière ? » Puis il a continué en m’expliquant, dans le détail, comment j’en viendrais à regretter la décision de ne pas faire circoncire.
Au moment où je me sentais vaincu, j’ai trouvé un site web qui donne la liste de plus de 100 rabbins qui officient le Brit shalom, une alternative à la Brit milah. (Brit shalom contient les éléments symboliques de la cérémonie d’alliance, mais sans la circoncision.) A l’époque, il n’y avait qu’un seul rabbin dans la liste pour toute la Colombie-Britannique… mais il se trouve qu’il résidait dans ma ville, Vancouver ! Par la suite, j’ai découvert que son nom venait d’être ajouté trois semaines avant que je ne le trouve. Je pense que c’est l’univers qui nous récompensait pour avoir suivi nos cœurs.
J’ai établi avec le Rabbin David Mivasair un contact tellement profond et riche de sens. J’ai grandi en allant à l’école juive, à la synagogue, et pourtant je n’avais jamais rencontré de rabbin dont les mots m’aient inspiré autant que les siens. Si je n’avais pas encore été certain que nous avions fait le bon choix, je l’étais à présent.
Après avoir rencontré le rabbin trois ou quatre fois, vint le moment de la cérémonie. Au huitième jour après la naissance de mon fils Kai, nous avons organisé une cérémonie en face de notre maison, devant l’océan Pacifique. Nous avions convié notre bon ami à jouer de la guitare tandis que nous chantions tous en hébreu. Le Rabbin Mivasair expliqua à tout le monde la signification profonde de ce que nous faisions, de manière éloquente et riche de sens.
Au lieu de circoncire notre fils, Amari et moi avons décidé que chaque membre de notre famille proche bénirait une partie de Kai avec de l’huile d’olive. J’ai béni son biceps et expliqué que c’était pour qu’il ait la force de rester fidèle à ses convictions, à celui qu’il était. Ma femme a béni son coeur, lui souhaitant d’être rempli d’amour pour tout et pour tous. Chaque membre de notre famille a pu faire de même.
La cérémonie s’est conclue en réunissant tout le groupe derrière nous. Kai était en tête, Amari et moi derrière lui, touchant ses épaules, et tout le monde derrière nous touchant les épaules de la personne devant elle. Nous avons récité une bénédiction, avec l’énergie du groupe passant et grandissant de main en épaule jusqu’à Kai.
Kai a maintenant cinq mois, et Amari et moi ne pourrions être plus heureux d’avoir choisi de le garder intact. Nous encourageons toutes les personnes à faire des recherches et à suivre leur cœur. Il est impossible de se tromper en faisant cela.
Shawn et Amari (tenant leur fils Kai), entourés de leurs amis.
Traduction française : Droit au Corps
Ressources sur le lien entre judaïsme et intactivisme : en fin d’article.
Pour l’espace francophone, Droit au Corps a le plaisir de soutenir la démarche Brit Shalom, l’Alliance sans souffrance, apparue en 2016.