Depuis 2007, l’OMS et l’ONUSIDA recommandent la circoncision masculine médicalisée et volontaire pour réduire la transmission du VIH dans certains pays d’Afrique.
Cette décision fait suite aux résultats de trois études menées entre 2002 et 2006 en Afrique du Sud, au Kenya et en Ouganda, qui ont conclu que la circoncision permettait de réduire la transmission sexuelle du VIH de la femme à l’homme. Malgré les nombreuses critiques faites à ces études, des campagnes massives de circoncision financées par des fonds américains ont été mises en place dans une quinzaine de pays africains. Ces programmes visent à circoncire des millions d’hommes volontaires (VMMC), mais concernent aussi parfois des enfants et des nouveau-nés (EIMC).
Le professeur Gregory Boyle fait partie de ceux qui ont apporté une réponse critique aux études ayant conduit à la recommandation de l’OMS et de l’ONUSIDA. Dans cet entretien vidéo accordé à James Loewen en 2014, il explique brièvement pourquoi ces études posent problème.
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TRANSCRIPTION DE LA VIDÉO
« Ces dernières années, certains essais randomisés contrôlés (ERC) conduits en Afrique subsaharienne ont prétendument montré que la circoncision masculine avait un effet prophylactique et préventif sur la transmission sexuelle du VIH. Il s’agit en fait d’une erreur.
George Hill de « Médecins opposés à la circoncision » et moi-même avons entrepris un examen critique majeur de la méthodologie de ces essais et avons publié nos résultats dans le Journal de Loi et Médecine, qui est un journal de rang A. Nos résultats montrent clairement que ces ERC africains étaient méthodologiquement erronés du début à la fin.
L’article de Boyle et Hill est disponible ici au format PDF.
Dès le début, il n’y avait presque rien de correct avec ces études. Il était tout à fait clair que ces études étaient contraires à l’éthique. Elles n’auraient jamais été approuvées par un seul comité d’éthique aux États-Unis.
Nous devons donc nous demander pourquoi les États-Unis ainsi que des organismes de financement importants aux États-Unis ont-ils en fait encouragé ces essais ? Comment se fait-il que l’Organisation Mondiale de la Santé prenne ces essais pour argent comptant, sans prendre en considération les commentaires critiques très sérieux et les différents problèmes cruciaux de ces essais ? Pourquoi n’ont-ils pas reconnu ceux-ci lors de leur publication dans des journaux à comité de lecture ? Il y a clairement des intérêts politiques en jeu ici, et il semble que l’argent parle toutes les langues.
Il semble que les États-Unis soutiennent des essais de mutilation sexuelle contraires à l’éthique dans des pays du tiers-monde, sans même que les gens en soient informés. Le consentement éclairé fait défaut. Ils n’ont aucune idée de ce qui leur arrive et ils ne comprennent pas quels seront sur eux les effets psychosexuels négatifs à long terme.
Un centre de circoncision masculine en Afrique du Sud.
Il n’y a pas la moindre preuve que la circoncision puisse prévenir la transmission sexuelle du VIH. Le VIH est transmis par les fluides corporels, peu importe que l’on soit circoncis ou non. Si vous avez le VIH, vous le transmettrez par les sécrétions sexuelles.
Il y a un nombre assez important de pays en Afrique subsaharienne où c’est en fait les hommes circoncis qui ont la plus haute prévalence de VIH. Donc cette preuve épidémiologique réfute les affirmations des chercheurs qui ont conduit les études ERC africaines. Celles-ci sont en effet invalides et cela a été établi par les preuves épidémiologiques, qui sont les arbitres finaux en la matière.
Il semble que ces études ERC africaines ont été utilisées pour essayer de promouvoir la continuité de la circoncision de routine aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux. Cela est totalement inapproprié parce que si on observe ne serait-ce que les États-Unis, ce pays possède à la fois le taux le plus élevé d’hommes circoncis et le taux le plus élevé de VIH du monde occidental. Et donc cela en dit long.
Les données épidémiologiques concrètes prouvent en elles-mêmes et sans équivoque que la circoncision n’empêche pas la transmission du VIH. Donc ces études ERC africaines, qui étaient gravement erronées d’un point de vue méthodologique, ne peuvent être utilisées pour promouvoir la circoncision aux États-Unis. »
Traduction et sous-titrage : Droit au Corps.