Circoncis à 5 ans suite à un mauvais diagnostic de phimosis, Sébastien a toujours été mécontent de cet état. À 39 ans, il décide d’entamer une restauration du prépuce après avoir découvert des sites tels que Nouvelle Peau. Cela fait maintenant deux ans qu’il documente minutieusement ses progrès sur le forum Stop Circoncision, un moyen de puiser de la motivation, mais aussi d’encourager d’autres hommes à se lancer. C’est dans cette optique que Sébastien a accepté de témoigner et de répondre à nos questions.
Image d’illustration.
Note de Droit au Corps : Si vous souhaitez vous lancer dans une restauration du prépuce, nous vous recommandons de consulter un dermatologue. Le présent témoignage reflète une expérience personnelle et ne garantit aucunement des résultats similaires pour d’autres personnes.
Avertissement : ce témoignage contient des photos de sexe masculin.
Témoignage de Sébastien
Introduction
Circoncis à l’âge de 5 ans pour raisons pseudo médicales (phimosis), j’en ai voulu pendant des années à mes parents, encore aujourd’hui d’ailleurs, car cette prise de décision a été dictée par des ignorants pour des ignorants en la matière… Alors qu’il était si simple de faire autrement, en douceur, par des solutions alternatives qui m’auraient permis de rester naturel. J’ai toujours mal vécu cela et le préjudice psychologique est immense, je vis cela comme une amputation, une anomalie.
Il y a deux ans, j’ai enfin pris les choses en main suite à un déclic psychologique. Il n’y avait pas de marche arrière possible, je voulais aller jusqu’au bout pour en tirer tout le bénéfice possible, peu importe les petites gênes, les difficultés ou le temps que ça prendrait.
En effet, étant au fond de moi très affecté par ce fléau, je me suis lancé avec RAGE dans la restauration du prépuce.
Au cours des semaines qui passaient, j’ai pu admirer ma transformation physique et chaque jour qui passait me rapprochait de mon but final. C’est vraiment plaisant de se regarder dans un miroir et de constater son retour progressif à la normale. Plus le temps passait, plus je redevenais en quelque sorte l’homme que j’aurais toujours dû être, c’est un véritable bonheur psychologique.
Quand je me suis lancé dans ce projet de restauration, c’était une revanche à titre personnel et familial, mais je ne m’étais à aucun moment rendu compte à ce point-là de l’immensité de la souffrance engendrée dans la société… J’ai eu l’occasion de prendre en pleine face la détresse immense de toutes ces personnes que j’ai côtoyées, lues, à qui j’ai écrit…. À tel point que, pour la première fois de ma vie, j’ai eu cette désagréable sensation d’être en « danger », que tout partait de travers, que la vie était perdue… À chaque fois que je sens le danger qu’une possible circoncision puisse arriver pour quelqu’un, je vis cela comme une agression personnelle, je perds mon sang froid intérieurement, je suis sur le point d’exploser, j’arrive à me contrôler mais c’est d’une extrême difficulté.
Lorsque le sujet de la circoncision est évoqué, je remarque énormément d’ignorance, les gens prennent ça à la légère et ne soupçonnent pas qu’il y ait tant de souffrances liées à cette pratique. Quand j’ai à faire à certaines personnes minimisant les dégâts de la circoncision, j’enrage encore plus. Sachez qu’il existe des personnes poussant les autres à se mutiler ! Je suis écœuré… Comment des gens peuvent-ils être si mauvais ? Si laxistes ? Si naïfs ? Le propre de l’Homme sans doute…
Certains liront ces lignes et, je vous en conjure, faites passer le mot : tentez de dissuader les circoncisions dans votre entourage, élevez la voix s’il le faut !
J’aimerais offrir tant de solutions pour aider les circoncis à se lancer dans une restauration ! Je suis heureux à chaque fois que je participe au sauvetage d’hommes en demande d’aide.
À tous les hommes circoncis qui le vivent mal et qui lisent ces lignes, sachez que je vous encourage à procéder à la restauration du prépuce. Mais il ne s’agit pas seulement de le dire, encore faut-il le faire.
La restauration du prépuce : à la portée de tous…
Mais seuls les plus chevronnés y arriveront. Pourquoi ? Parce que pour réussir une restauration, il faut le déclic psychologique qui va avec. C’est une décision qui ne se prend pas à la légère, mais je vous encourage à aller jusqu’au bout, vous ne le regretterez pas ! Vous n’imaginez pas le gain qui peut en résulter. La volonté est ce qu’il faut pour réussir, celui qui veut fortement quelque chose et qui se donne les moyens y arrivera toujours. Mettez-vous bien dans l’esprit que la restauration c’est long, environ 2 ans au bas mot, c’est contraignant, il faut attendre les résultats… Mais qu’est-ce que 2 ans dans la vie ? Prenez le temps d’imaginer le résultat final ! Si quelqu’un se lance dans une restauration, c’est qu’au fond de lui, il le veut plus que tout. Malheureusement, devant les « contraintes », certains abandonneront avant d’arriver au bout.
Entreprendre une restauration du prépuce est avant tout un état d’esprit. Il faut prendre la restauration au quotidien comme une règle de vie, ne pas se poser de questions, le temps viendra où les réponses viendront. Rome ne s’est pas faite en un jour, tout vient à point qui sait attendre ! Patience, ténacité, assiduité, sont les maîtres mots de la restauration. Analysez, testez, soyez curieux et persévérez et vous aurez vos résultats !
À la clé, vous aurez un trésor, jusque-là oublié ou inconnu. Un renouveau dans votre vie. Je veux que vous sachiez, vous qui lisez ceci, que rien n’est acquis et qu’il faut se battre pour arriver à ses fins. Quelle belle revanche vous aurez au final, vous redeviendrez « normal », naturel !
Je vous conseille de vous poser, de réfléchir à cette démarche et si vous avez vraiment envie d’y arriver, vous y arriverez. Alors pensez résultats, ne soyez pas pressés mais tenaces, vous n’obtiendrez que du bonheur pour le restant de votre vie. Il est vrai qu’au début de ce projet, tout ceci paraît « virtuel », un doux rêve… C’est exactement ce que j’ai ressenti au début.
Je veux aussi vous faire part de ma libération mentale. Bientôt j’arriverai au terme de ma restauration, dans quelques mois environ, je serai redevenu l’homme que j’aurais toujours dû être. C’est non seulement une fierté, une nécessité, mais aussi un message de positivité absolue, une leçon de vie.
Dans l’expérience qui est la mienne, pour atteindre une restauration que j’estime complète à 75 %, il m’a fallu 2 ans avec environ 11 000 heures d’étirement intense le jour (avec dispositif TLC-X) et environ 5800 heures d’étirement doux la nuit (avec ring tape). J’estime qu’il me faudra 2 ans et demi pour compléter ma restauration, soit près de 14 000 heures d’étirement intense et environ 7000 heures d’étirement doux. Cela équivaut quasiment à une action 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Bien entendu, ceci peut différer selon chacun, nous ne sommes pas tous égaux face à la circoncision et nos corps n’ont pas les mêmes réactions physiologiques. Ainsi, le temps de restauration sera plus ou moins long selon les individus.
Pour suivre votre avancement et vous donner du courage, il faut impérativement prendre des photos régulièrement tout au long de votre travail. Vous pourrez ensuite, regarder, comparer les évolutions qui ne sautent pas forcément aux yeux car nous avons tous un défaut… On oublie comment c’était avant… Au début.
Bilan de la 1ère année de restauration (octobre 2016 à octobre 2017)
a) Quels sont les changements physiques à 12 mois de restauration ?
– Changement physique du gland, qui est passé d’un gris avec un aspect opaque et rugueux, au rosé avec l’apparition de la vascularisation, le tout lisse et brillant à sec comme humide. Plusieurs couches de kératine ont progressivement disparu, ainsi la sensibilité du gland a augmenté d’un peu partout, notamment le dessous et la couronne.
– Changement physique de la hampe du pénis, qui avec le temps est devenue bien plus opaque avec l’accumulation de peau : la disponibilité supplémentaire de peau fait apparaître quelques plis tout le long du pénis et d’une manière générale la peau est moins tendue.
– Changement radical lors de la masturbation : en effet, le mouvement de va-et-vient se fait aujourd’hui avec le prépuce restauré et recouvre un peu plus de la moitié du gland en érection et sa totalité si j’étire au maximum ! C’est complètement nouveau, car on découvre une masturbation d’intact finalement, avec la peau qui recouvre fortement le gland. C’est très agréable à regarder et ceci augmente aussi très fortement la libido et l’intensité sexuelle, attention !
– Changement sur les sensations : en effet, le prépuce restauré glissant d’avant en arrière donne des sensations sur le gland, comme des petits coups « électriques » lors du décalottage et recalottage et ainsi de suite… Sauf à le vouloir, le contact direct de la main sur le frein n’est plus possible et fort heureusement ! Ceci préserve de la montée éjaculatoire et permet de pouvoir maîtriser mes sensations. Il est important de préciser que la méthode de restauration que j’ai choisie (dite en Dual Tension) permet d’étirer la muqueuse résiduelle du prépuce, située au niveau de la cicatrice, ce qui a pour conséquence lorsque la restauration est réussie, et c’est mon cas, d’obtenir un prépuce restauré à la peau interne particulièrement sensible, plus que le gland lui-même, tandis que la peau externe est ordinaire et donc de sensibilité normale.
– Fin des frottements textiles : fini les désagréables sensations du gland qui frotte contre le caleçon, boxer ou slip. Parfois, je regarde pour m’assurer que tout va bien et oui, gland couvert totalement au repos, pas de doute la dessus. Voilà une chose acquise.
b) Quels sont les changements psychologiques à 12 mois de restauration ?
Eh bien, pour faire simple, l’homme que je regarde aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui de l’année dernière au niveau couverture (CI, Covering Index ou Index de Couverture) et esthétique. Pour commencer, j’ai la certitude d’être « complet » ou « normal ».
Ensuite, j’ai fortement gagné en assurance. Le moral s’est beaucoup amélioré, j’ai gagné une certaine tranquillité psychique, une sérénité à toute épreuve. Je suis d’un calme olympien. Ce sont des cadenas, des verrous qui ont sauté mentalement ! Et au fur et à mesure que la restauration avance, meilleur est le comportement. Mais il n’y a pas que ça, la restauration libérant l’esprit de ce « parasitage » qu’est la circoncision, elle libère également la manière de ressentir les choses sexuellement ! Je m’explique : la libération de ces entraves psychologiques couplées à la resensibilisation des fonctions sexuelles ont fortement augmenté ma disponibilité sexuelle.
Je ne pensais pas découvrir à 40 ans autant de nouveautés, il me semblait avoir fait le tour du sujet, mais non… La bonne santé psychique résultant de l’aspect physique additionné aux nouvelles sensations font des merveilles ! Je sais aujourd’hui ce que peut ressentir un intact, en tout cas en grande partie. Plus sensible que ça tu meurs ! C’est un peu comme redécouvrir le goût en arrêtant de fumer, ou réapprendre à savourer les aliments, les saveurs, repartir presque de zéro. Un retour aux sources en somme.
Comparaison générale à la fin de la première année de restauration
Je conseille tout le temps aux restaurateurs de prendre un maximum de photos de façon à faire, à titre personnel d’abord, les comparaisons qui s’imposent ! Ceci est fortement bon pour le moral et permet de se remémorer, de se rappeler comment c’était avant.
Sur la photo comparative ci-dessous, tout est à peu près aligné : le scrotum, le bout du gland, état au repos, même angle, même éclairage… Nous sommes au plus près de la justesse pour comparer. Le point de repère est la veine principale, identifiée à l’aide d’une flèche. Eh bien celle-ci a largement grandie depuis 11 mois et suit le prépuce restauré, aujourd’hui elle va même jusqu’au bout de celui-ci. La vascularisation se développe en conséquence.
À gauche, après 3 semaines de restauration (octobre 2016) ; à droite, après 11 mois de restauration (septembre 2017). Cliquer pour agrandir.
En résumé, voilà ce que j’ai acquis et que vous pourriez attendre en un an de restauration intensive* :
– Esthétisme naturel et beau de l’ensemble du pénis
– Esthétisme du gland : naturel, lisse, belles couleurs, adieu les couches horribles de kératine
– Sensibilité accrue du gland du simple au double
– Sensibilité de la muqueuse préputiale fraîchement créée (face interne), au niveau de la zone du sillon balano-préputial principalement
– Sensibilité augmentée de la peau externe également
– Gain de spasmes physiques lors des rapports sexuels, frissons électriques dans le corps bien plus puissants
– Éjaculations pouvant être spectaculaires et en tout cas très vives
– Ce prépuce restauré m’a permis d’avoir des éjaculations très rapprochées inférieures à 16 heures, choses impossibles avant ! Ma disponibilité sexuelle s’est donc améliorée.
* Ces améliorations me sont propres et sont constatées par rapport à mon état de départ. Ces résultats restent à interpréter selon chacun, selon ses paramètres et variables propres. Tous n’auront pas exactement le même gain ou difficultés. Il peut y avoir quelques mois d’écart sur l’évolution générale, nous avons tous nos forces et nos faiblesses. La restauration du prépuce s’apprécie plus ou moins différemment selon la circoncision subie avec plus ou moins de dégâts.
Bilan de la 2ème année de restauration (octobre 2017 à octobre 2018)
Pour cette deuxième année de restauration, les effets observés lors de la première année ont continué à se développer. Globalement, pendant ces douze derniers mois, j’ai continué à améliorer mon état physique : davantage de peau et de sensibilité, moins de kératine…
Bien qu’au départ mon objectif était d’atteindre un indice de couverture CI-7, je me suis ravisé au fur et à mesure des mois. Aujourd’hui, je travaille pour obtenir un prépuce plus long en CI-9 afin de pouvoir garantir une couverture totale quels que soient les paramètres extérieurs… Il faut savoir que la température, par exemple, joue beaucoup sur la couverture du gland. Ainsi, plus il fait chaud, plus le prépuce restauré se détend et se rétracte vers l’arrière. Donc mieux vaut avoir un prépuce plus long afin de garantir une couverture totale à haute température.
Un élément important à signaler : j’ai ressenti ces derniers mois l’envie de continuer encore et encore ma restauration… Effet psychologique je suppose. Lorsque j’ai commencé, j’étais impatient d’arriver au résultat définitif, mais finalement j’en veux toujours plus et le fait de prolonger ce projet est nécessaire pour peaufiner le résultat, mais c’est aussi devenu un plaisir. En cette deuxième année, tous les problèmes techniques rencontrés au début de restauration sont réglés, avec par exemple un bien meilleur maintien du TLC-X. Je pense que cela est dû notamment à une meilleure adhérence du prépuce restauré, le fait d’avoir beaucoup plus de peau disponible rend la restauration beaucoup plus facile.
Illustrer mes progrès par l’image vaut mieux que de grands discours, je propose donc de petits comparatifs en photo.
Les photographies comparatives ci-dessous mettent en exergue l’évolution de la deuxième année de restauration :
Le gland est devenu naturel (changement radical d’aspect), plus rien à voir avec mon état de circoncis. La sensibilité générale a grandement augmenté également.
Photo de gauche, état d’origine avant restauration (Août 2016), à droite photo après 2 ans de restauration (Octobre 2018). Cliquer pour agrandir.
Comme une bande dessinée, voici l’évolution au fil des mois (sur 24 mois), passant de CI-3 à CI-8+ (cliquer pour agrandir) :
Illustration de la fonction mécanique du prépuce restauré à 19 mois de restauration (cliquer pour agrandir) :
Comparaison du degré de couverture au départ en octobre 2016 à gauche (CI-3) et en septembre 2018 à droite (CI-8), soit après 23 mois de restauration (cliquer pour agrandir) :
Conclusion
Après 2 années intensives de restauration, je vais continuer une 3ème année avec la même méthode tant les résultats sont probants. Le but étant d’achever le processus de restauration afin de pouvoir récupérer un maximum de bénéfices. Aujourd’hui, beaucoup de stigmates de ma circoncision ont disparu et je souhaite gommer le plus possible les dégâts causés par cette mutilation.
Étant bien avancé dans ma restauration, je me rends compte à quel point j’avais des dégâts tant physiques que psychologiques… Avoir ce nouveau prépuce me fait regretter une seule chose, le fait de ne pas pouvoir user de mon prépuce originel car j’imagine à quel point cela aurait pu être « merveilleux ». Alors je me satisfais de l’essentiel, de ce que j’ai gagné, même si je sais au fond de moi que cela ne représente pas totalement mon état naturel. Je sais que je garderai toute ma vie cette blessure même si j’en ai fortement estompé les conséquences.
Alors je le prends de la meilleure façon qui soit, avec joie, et je suis heureux du résultat tout en appréciant chaque jour ces nouveaux bienfaits. Pour ma part, la restauration n’est pas seulement une possibilité. Etant donné les bénéfices acquis, je ne regrette qu’une chose : de ne pas l’avoir fait avant !
Note de Droit au Corps : les bienfaits de la restauration présentés dans ce témoignage ne sauraient faire oublier que la circoncision peut engendrer des souffrances lourdes, pour la vie entière. Que des améliorations soient possibles est une excellente nouvelle pour les hommes circoncis, mais ça n’est pas un motif valable pour continuer la pratique de la circoncision sans consentement libre et éclairé, et sans nécessité médicale.
Glossaire
CI (Coverage Index) : Le CI ou Index de Couverture, est utilisé pour apprécier le degré de recouvrement du gland par le prépuce, pour un circoncis comme pour un intact. Cet index est très important pour connaître son point de départ et pour fixer son objectif final. Vous trouverez les détails ici : Nouvelle Peau – Index de couverture.
Intact : Terme employé pour désigner un homme “normal” et “naturel”, quelqu’un n’ayant pas subi de circoncision, donc possédant l’intégralité de son prépuce originel.
Kératine : voir article Wikipedia. Après une circoncision, la muqueuse du gland se kératinise, voir article Droit au Corps.
Scrotum (bourses) : Enveloppe cutanée superficielle des bourses et de leur contenu, les testicules et les épididymes (article Larousse Médical).
Sillon balano-préputial : nom donné au sillon séparant le gland du corps de la verge (dictionnaire médical Doctissimo).
Entretien avec Droit au Corps
1/ Comment as-tu vécu ta circoncision dans l’enfance, à l’adolescence et au-delà ?
J’ai toujours ressenti ça comme quelque chose de négatif, je savais qu’il y avait quelque chose d’anormal. J’ai toujours éprouvé un sentiment de honte. Quand je partais en colonie de vacances, j’évitais de me retrouver nu devant les autres. Je savais que j’étais différent.
Mon entourage familial prenait ça à la légère, que ce soit mes parents ou mes grands-parents. Ils en rigolaient. Il y avait une méconnaissance totale du sujet et ils n’avaient pas du tout conscience du mal qu’ils m’avaient fait.
À l’adolescence, je savais toujours que c’était là, mais c’était enfoui en moi. Je ne prenais pas le temps d’y penser.
C’est à partir de 20 ans que c’est devenu compliqué. Je me suis souvenu de ce qui était arrivé, comme des flashback. C’est là que j’ai commencé à analyser, j’étais plus disponible pour y penser. Je me suis demandé : « Mais au fait, pourquoi ai-je été circoncis ? Qu’est-ce que cela change ? », j’ai commencé à me renseigner et à prendre conscience que j’avais un manque physique, que j’avais été mutilé. C’est devenu palpable.
Je voulais faire quelque chose pour changer ma condition et j’ai alors commencé une restauration à 20 ans, mais sans vraiment comprendre que c’en était une. En effet, nous étions en 1997 et il n’y avait pas d’information sur Internet comme aujourd’hui. Je ne savais donc pas que la peau pouvait repousser, mais j’avais vraiment le besoin que mon gland soit recouvert. J’ai donc simplement pris du scotch standard pour faire tenir la peau restante sur le gland, ce qu’on appelle le cross taping. Comme ce n’était pas efficace et que c’était un peu douloureux, j’ai laissé tomber, même si j’ai réessayé plusieurs fois dans les années qui ont suivi. Aujourd’hui, heureusement, un homme circoncis en souffrance qui a accès à Internet ne peut plus ignorer l’existence de la restauration du prépuce, grâce aux nombreux sites sur le sujet.
2/ Quel a été ce « déclic psychologique » qui t’a amené à te lancer dans une restauration du prépuce ?
À partir de 20 ans et jusqu’à mes 39 ans, je pensais au sujet par intermittence seulement, mais en 2016, à 39 ans donc, j’ai fait des recherches très poussées. Je suis tombé sur des sites américains puis sur le site Nouvelle Peau ainsi que le forum Stop Circoncision,et je n’ai pas décroché de l’ordinateur de toute la soirée.
C’est à partir du moment où j’ai compris que la peau pouvait repousser que j’ai pris la décision de faire une restauration du prépuce. C’est difficile à expliquer, mais ça a été quelque chose de très fort en moi : j’avais la certitude que j’irai au bout quoi qu’il arrive.
3/ Les membres du forum Stop Circoncision ont pu suivre progressivement ta restauration et vont pouvoir continuer à le faire pendant quelques mois encore, jusqu’à ce que tu estimes avoir terminé. À quel point cela t’a-t-il aidé de partager tes progrès au fur et à mesure ? Penses-tu que tu aurais réussi sans ce partage ?
Oui, j’aurais réussi sans ce partage, c’est pour moi une évidence tellement ma motivation était forte.
J’ai souhaité partager mes progrès car je suis parti du principe que ma restauration a commencé grâce au site Nouvelle Peau et au forum Stop Circoncision, et donc il me semblait évident de partager mon expérience pour en faire profiter d’autres personnes. La connaissance ne vaut que si elle est partagée. Je me suis mis à la place d’un jeune en mal d’information, et d’ailleurs mon partage a été bénéfique puisque depuis 2 ans je remarque que beaucoup d’hommes ont commencé une restauration en partie grâce à mon post sur le forum.
Ce partage m’apporte aussi un certain bien-être. Le fait que mon expérience soit lue par d’autres personnes provoque un espèce de cercle vertueux. Les retours des autres te donnent un plaisir et une sorte de reconnaissance, donc c’est vrai que ça redonne du courage dans les moments un peu compliqués. En fait, c’est un peu comme les groupes de parole. Dans ce genre de projets, il vaut mieux partager.
4/ Une fois que tu auras terminé ta restauration, penses-tu continuer à aider les membres du forum ? Pour quelle raison ?
Oui, je n’ai pas prévu de partir du forum, je continuerai à aider les nouveaux que ce soit en direct ou par message.
Pour quelle raison ? Tout simplement pour aider les hommes circoncis qui en souffrent. Je ne pensais pas qu’il y en avait autant.
D’ailleurs, j’envisage de faire une sorte de super synthèse sur mon expérience, comme un petit livre, en français et en anglais pour que ce soit accessible à un maximum de monde, et le diffuser à grande échelle. Je compte sur les membres de Droit au Corps pour m’aider dans ce projet.
5/ Tu te restaures presque 24 heures sur 24 : n’est-ce pas trop contraignant ?
C’est contraignant à certains moments. En fonction de tes activités, tu es obligé de t’adapter. Chez moi, ça va, mais au travail je ne suis pas 100 % libre de mes mouvements, il faut que je fasse attention à ne pas faire un geste trop brusque (par exemple lorsque je me baisse) pour ne pas que le dispositif se décroche. Evidemment, tout dépend du métier qu’on fait. J’ai la chance d’avoir un métier dans lequel ce n’est pas trop contraignant et où j’ai pu m’adapter, mais ça n’est pas forcément possible pour tout le monde.
6/ Il n’existe pas d’étude scientifique sur le sujet, mais certains des hommes qui restaurent leur prépuce estiment qu’il faut laisser le pénis reposer et qu’il n’est peut être pas bon d’être tout le temps en restauration. Qu’en penses-tu ?
Pour moi, 12 heures par jour par exemple serait trop léger, encore que ce n’est pas qu’une question d’heures, ça dépend aussi de l’intensité.
De mon côté, je précise que je fais 2 choses différentes :
– 15 heures de tirage en dual tension où je porte le dispositif TLC-X qui tire vraiment la peau
– 8 heures que j’appelle la « période de nuit », où je porte un anneau (Ring Tape) qui permet à la peau de rester sur le gland, mais aussi de s’habituer à cette position un peu comme un moule. Les érections nocturnes font aussi travailler la peau.
Cliquer pour agrandir.
Cela fait 23 heures, car j’estime que dans la journée il y a bien une heure durant laquelle je ne porte aucun équipement (toilettes, douche, temps d’enlever et de remettre, etc).
7/ Tu dis avoir plus de libido et d’intensité sexuelle ainsi que de « disponibilité sexuelle » : peux-tu nous en dire plus ?
De base, le fait d’être recouvert et que ce soit plus esthétique, ça booste ma libido, c’est psychologique. Constater le résultat déclenche un plaisir alors que, circoncis, j’étais mal dans ma peau.
Concernant le fait d’être plus disponible sexuellement : avant, en étant circoncis, avoir un rapport sexuel tous les trois jours était la norme. En étant restauré, j’ai regagné beaucoup d’énergie intérieurement et physiquement car quelque chose s’est déverrouillé psychologiquement. J’ai récupéré des aptitudes que je ne connaissais pas avant. Maintenant, s’il y a l’opportunité, je peux tout à fait avoir deux rapports sexuels en moins de 24 heures, sans aucune gêne, ce n’est que du plaisir. Mécaniquement, ça fonctionne quel que soit le temps qui s’écoule entre deux rapports, ce qui n’était pas vrai quand j’étais circoncis. Ma sexualité est plus libérée, sans contrainte.
Aussi, quand j’étais circoncis, j’avais une hyper sensibilité dans tout le gland juste après l’éjaculation et cela m’empêchait de bouger car les frottements étaient très désagréables. Cela a totalement disparu depuis que je suis restauré. [Note de Droit au Corps : le professeur McGrath parle de ce phénomène de douleur post-orgasmique dans cet entretien vidéo]
8/ Tu décris des sensations sexuelles meilleures avec ce prépuce restauré. Peux-tu traduire cela en chiffre ?
Difficile à dire, mais disons que c’est multiplié par 2 en ce qui concerne le gland.
Au niveau du prépuce interne, il n’y a bien sûr pas de comparaison puisqu’il n’existait pas, mais c’est énorme. Et de nouvelles sensations très agréables sont apparues sur tout le fourreau de la verge.
Un exemple : en étant circoncis, pour la masturbation, j’arrivais à l’orgasme avec le frottement de la main sur gland puisqu’il n’y avait pas assez de peau restante pour jouer ce rôle. Aujourd’hui, je peux avoir un orgasme juste en stimulant la peau et en restant en-dessous du gland.
Lors de la pénétration, le contact des muqueuses est plus efficace. Les rapports sexuels sont plus rapides qu’avant, mais extrêmement intenses et plus qualitatifs, avec un plaisir exponentiel. J’ai des nouvelles sensations que je ne connaissais pas et qui sont très agréables, comme de l’électricité dans le corps et notamment au niveau du dos, des fourmillement très subtils.
Enfin, j’ai aussi des spasmes qui apparaissent avant l’éjaculation et me permettent de m’arrêter avant si je ne veux pas avoir d’orgasme tout de suite, puis de repartir quand je le souhaite, ce qui est important car ça améliore la qualité des rapports sexuels. Avant, je n’avais pas ces spasmes.
9/ Comment ta partenaire a-t-elle vécu ta restauration ?
Très bien, elle me soutient à fond. C’est quelque chose qui fait partie intégrante de notre vie.
Elle a juste été surprise au début quand j’ai commencé à restaurer et aurait souhaité que je lui en parle avant de m’y mettre, mais on en a bien parlé et elle a compris ce qu’était la circoncision et pourquoi je souhaitais restaurer mon prépuce.
10/ Quels sont les changements sexuels pour elle ?
Elle sent une différence au niveau du frottement des muqueuses lors de la pénétration, mais c’était déjà bien pour elle avant. Le changement se fait plutôt pour tout ce qui est externe : comme ça fonctionne mieux mécaniquement, la stimulation est plus simple et c’est un plus pour elle.
Mais au final, les bénéfices sont vraiment pour moi. Ce qui compte le plus pour elle, c’est de me savoir satisfait : à partir du moment où je le suis, elle l’est aussi.
Bien sûr, elle a aussi remarqué l’amélioration au niveau de l’intensité des rapports et de ma plus grande disponibilité sexuelle.
11/ Tu dis encore en vouloir à tes parents aujourd’hui et avoir du mal à contrôler tes émotions lorsqu’une circoncision est susceptible d’être réalisée sur un enfant. Plus loin, tu dis être plus tranquille et serein. Le fait d’être restauré et de redevenir « l’homme que tu aurais toujours du être » a-t-il tout de même apaisé cette colère ou, du moins, arrives-tu à mieux la contrôler ?
Le fait d’avoir restauré m’aide à contrôler mon état psychologique dû à ma circoncision : aujourd’hui, je me considère comme normal, je me dis que je suis l’égal des hommes intacts, alors qu’avant je me sentais anormal, avec un handicap. Cette sensation a disparu.
Ma colère s’est estompée, mais j’en veux toujours à mes parents au niveau des faits : je leur reprocherai toujours d’avoir fait confiance au médecin.
La restauration m’a rendu militant : c’est en restaurant que j’ai réalisé à quel point la circoncision était dommageable, et ça m’a encore plus fait regretter d’avoir perdu mon prépuce originel. Je sais qu’il me manquera toujours quelque chose, je ne serai jamais à 100 % comme j’aurais dû être. D’un côté, je suis donc très content de ma restauration, mais d’un autre côté j’ai toujours un regret. Quand je vois le bénéfice acquis en ayant restauré, j’imagine ce que j’aurais eu en étant intact.
12/ Tu nous a confié avoir contribué à ce que ton neveu échappe à la circoncision. Peux-tu partager cette histoire avec nos lecteurs ? Quel impact cela a-t-il eu sur toi ?
J’ai en effet œuvré pour éviter la circoncision de mon neveu.
La pédiatre a dit aux parents qu’il faudrait « penser à le faire circoncire » car il avait eu des infections urinaires. Puis ils ont changé de pédiatre et l’enfant n’a plus jamais eu d’infection et n’a jamais été circoncis, et il va très bien.
J’ai découvert ensuite que la pédiatre, pro-circoncision avérée, était la même que quand j’étais petit ! Elle a été un élément majeur de ma circoncision et cela a failli se reproduire avec mon neveu, mais heureusement elle est partie à la retraite. La nouvelle pédiatre a dit aux parents qu’il ne fallait pas décalotter l’enfant et laisser son pénis tranquille, et finalement il s’est décalotté lui-même un an plus tard et n’a jamais eu de problème. [Note de Droit au Corps : la mauvaise pratique consistant à décalotter le petit garçon est susceptible de provoquer des infections urinaires]
J’ajoute que dans un livre trouvé à la Fnac dans les années 1990, les bonnes pratiques en matière de soin du prépuce étaient clairement indiquées. Dans un autre livre publié en 2002, j’ai été choqué de voir que la circoncision était présentée comme la norme et l’entretien d’un pénis intact comme complexe. Cela a confirmé mon besoin de militantisme. Je note que dans les livres que mes enfants ont eu à l’école, le prépuce est bien présent, et son rôle protecteur du gland est mentionné.
13/ Sébastien, merci d’avoir partagé ton expérience et d’avoir répondu à nos questions. Si un lecteur souhaite te contacter pour échanger au sujet de la restauration du prépuce, comment cela se passe-t-il ?
Il peut me contacter sur le forum Stop Circoncision, en postant sur mon fil de discussion ou en me contactant par message privé (voici mon profil). Merci à Droit au Corps !