Droit au Corps vous propose chaque mois un retour sur l’actualité concernant les mutilations génitales imposées, que celles-ci soient féminines (excision) ou masculines (circoncision).
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Sommaire :
- Jounée contre les Mutilations Génitales Féminines
- Ouverture du forum Stop Circoncision
- France : 20 % de petits garçons circoncis chaque année !?
- Actualité concernant la circoncision
- Actualité concernant l’excision
Retour sur la journée contre les MGF
Le 6 février, c’était la journée internationale contre les mutilations génitales féminines. Comme nous vous l’avions annoncé dans cet article, deux événements étaient prévus à Paris.
Un grand colloque
Le collectif Excision, parlons-en ! a ainsi tenu son premier colloque, intitulé « Excision : les défis de l’abandon », co-organisé avec UNICEF France et le ministère des Affaires étrangères.
Lors du colloque (crédit photo : Patrick Mourral)
Le succès a été au rendez-vous, avec plus de 300 participants et des intervenants de qualité, comme en témoigne cette vidéo :
Sur le site d’Excision parlons-en, retrouvez les moments forts du débat ainsi que le dossier de presse. Pour ce qui est des photos, c’est sur leur page Facebook que ça se passe.
Sur son site Internet, UNICEF France revient sur le colloque à travers un article : Paris, scène de la mobilisation internationale contre l’excision.
Journée à la mairie du 20ème
Deux jours plus tard, le 8 février, trois associations (la Fédération nationale GAMS, Espoirs et Combats de Femmes et Osez le Féminisme) organisaient une après-midi à la mairie du 20ème arrondissement autour du thème « La vie après l’excision ».
L’événement a également fait salle comble : vous pouvez retrouver les photos sur la page Facebook de Osez le féminisme.
Les médias relatent l’événement
Les médias ont naturellement beaucoup parlé de cette journée de lutte contre les MGF.
Voici une sélection d’articles :
- 20 minutes : Interview de la ministre Yamina Benguigui ;
- RFI : le point sur la lutte contre les mutilations génitales dans le monde ;
- Le Figaro : Au Mali, la lutte contre l’excision piétine ;
- Jeune Afrique : les résultats inégaux de la lutte contre les mutilations génitales ;
- Jeune Afrique : interview de Mariam Lamizana, grande militante contre l’excision ;
- La Dépêche : L’excision mutile la vie des femmes ;
- Tribune de Genève : le secrétaire général de l’ONU appelle à éliminer l’excision ;
- La Croix : Lutter contre l’excision, un combat permanent ;
- La Libre Belgique : interview d’Assita Kanko, auteure d’un livre sur l’excision ;
- TV5 Monde : interview de Bréhima Ballo, militant et participant au colloque.
Bienvenue sur StopCirconcision.com
Nous vous l’avions annoncé en début de mois : des intactivistes francophones soutenus par Stop Circoncision Québec et Droit au Corps ont mis sur pied un forum : stopcirconcision.com !
De nombreuses discussions fort intéressantes ont déjà débuté, notamment dans les catégories Témoignages d’hommes ou encore Restauration du prépuce.
N’hésitez pas à vous inscrire afin d’apporter votre contribution, dans le respect de la charte.
France : 20 % de petits garçons circoncis chaque année !?
D’après France Info, la circoncision « est pratiquée en France sur 20 % [80.000 à 90.000 chaque année] des petits garçons, le plus souvent pour des motifs religieux et donc non médicaux. »
Afin de répondre aux principales questions que se posent les enfants et les parents sur la pratique, l’association Sparadrap sort un guide appelé L’opération du prépuce.
Et pour répondre aux questions des abonnés à Mon Quotidien, le quotidien des 10-14 ans, le docteur Daniel Annequin, spécialiste de la prise en charge de la douleur à l’hôpital pour enfants Armand Trousseau de Paris :
La circoncision est ici totalement banalisée : pas un mot sur les fonctions du prépuce ni sur les aspects négatifs de la pratique et encore moins sur le problème éthique fondamental que pose la circoncision non thérapeutique imposée aux enfants.
De plus, le Docteur Annequin se montre très imprécis dans ses réponses, que ce soit sur la question de la religion (l’Islam n’impose pas la circoncision) ou sur celle du SIDA (il n’a jamais été dit qu’un homme circoncis avait moins de chance de transmettre le sida, au contraire).
Pire, lorsqu’un enfant demande si la circoncision consiste à « couper un bout du zizi », Annequin répond que non.
Le prépuce, qui par ailleurs est loin de n’être qu’un morceau de peau, ne ferait donc pas partie du pénis ?
L’occasion pour nous d’introduire la photo prise par une infirmière américaine d’un prépuce de bébé, récupéré dans la poubelle après une circoncision :
Sur la gauche, le prépuce est replié. Sur la droite, le même prépuce est déplié, avec la surface de la muqueuse interne exposée.
Suite à la publication de cette photo sur les réseaux sociaux en début de mois, le blog Joseph4GI a rédigé un article : Circumcision : « Just a Little Piece of Skin? »
A (re)lire : La circoncision, une mutilation sexuelle banalisée.
Actualité concernant la circoncision
Témoignages du mois
Sean Ferguson, un intactiviste américain, explique comment il en est venu à briser le silence et à dénoncer la pratique de la circoncision imposée.
Un témoignage fort à découvrir en vidéo :
La vidéo a été visionnée par Susanne Bjerrehuus, une personnalité de télévision danoise. Celle-ci a déclaré qu’elle était désormais convaincue que la circoncision devait être criminalisée (BT.dk). Le débat sur la circoncision fait rage au Danemark (voir notre récent article sur le sujet).
Autres témoignages : celui de Taylor Newman, une maman américaine qui a fait circoncire son premier fils et a laissé le second intact. Autre témoignage de maman qui regrette la circoncision de son fils.
Articles marquants
Exclusif Droit au Corps : si vous ne l’aviez pas vu, ne manquez pas notre entretien avec Michel Garenne : Circoncision : origines, acceptabilité et prévention du SIDA.
Grande nouvelle : Foregen, une association qui vise à régénérer le prépuce des hommes circoncis, a annoncé son premier résultat !
Béatrice Cuzin, urologue-andrologue-sexologue, exerce à la clinique de Saint-Germain-en-Laye aux côtés du docteur Pierre Foldès, spécialisé dans la réparation des dégâts causés par l’excision. Spécialisée dans le domaine des mutilations sexuelles, elle a un avis bien tranché à propos de la circoncision rituelle (lire son interview).
Il est important de commencer à [réfléchir à l’interdiction de la circoncision rituelle]. En consultation, j’ai déjà rencontré plusieurs jeunes hommes qui ont perçu la circoncision comme une mutilation. Beaucoup n’en gardent pas un bon souvenir. Ils ont le sentiment d’avoir subi un acte barbare. Le débat doit être ouvert, sans stigmatiser telle ou telle religion.
Cela reste une mutilation des organes sexuels.
Brian D. Earp a rédigé un très fort article qui s’attaque à la différence de considération entre l’excision et la circoncision :
On ne devrait pas retirer des parties saines des organes sexuels d’enfants, quel que soit leur sexe, avant qu’ils soient en mesure de comprendre les enjeux d’une telle chirurgie et qu’ils puissent y consentir eux-mêmes. Il est temps d’arrêter le cloisonnement et de reconnaître qu’il y a une motivation unique ici : respecter les droits des enfants et les protéger.
Une Américaine fait le point sur la circoncision dans un article intitulé Circumcision Harmful and Unnecessary :
Circumcision is on the decline and with good reason. It is an unnecessary surgery forced on infants. It causes immediate and long-term harm. Still, some people passionately defend circumcision of infants as “religious freedom” or the “parents’ choice.” Why such urgency? Maybe because if we keep the baby’s penis whole, he’ll keep it that way when he grows up. Few adult men elect circumcision for themselves so cutting babies who can’t protest is the best way to keep circumcision going.
La circoncision dans le monde
Europe : Le Président de la Commission Européenne, Jose Manuel Barroso, s’est entretenu avec le Président du Conseil Européen des rabbins, Pinhas Goldschmid, sur les questions de l’abattage rituel et de la circoncision. Barroso a déclaré que la Commission ne tolérerait pas l’atteinte à ces pratiques en raison de la liberté de la religion (Arutz Sheva) ;
Norvège : Jenny Klinge, femme politique membre du Parti du Centre, veut faire interdire la pratique de la circoncision ; le ministre de la Santé a déclaré que la pratique serait régulée, mais pas interdite (News in English). Le Ministre norvégien des Affaires étrangères a quant à lui déclaré devant une délégation juive que le gouvernement norvégien n’avait jamais considéré interdire la circoncision et ne le ferait jamais (European Jewish Press). (Lire aussi cet article).
États-Unis : de plus en plus de congrégations juives accueillent sans discrimination les familles qui choisissent de garder leurs fils intacts (J Weekly) ;
L’association intactiviste The Whole Network appelle ses membres à contacter les législateurs de l’État du Colorado pour empêcher que la circoncision ne soit remboursée par l’assurance maladie (Westword Blog) ;
A New York, la pratique de la circoncision avec Metzitzah B’Peh, qui consiste pour le mohel à placer sa bouche sur la plaie de la circoncision pour aspirer le sang, pose toujours problème : de nouveaux cas d’herpès chez des bébés circoncis ont été recensés, la réglementation obligeant la signature d’un formulaire de consentement de la part des parents n’est pas respectée et la ville n’a intenté aucune action (The Jewish Daily Forward) ;
Célébrités : Jason Biggs et son épouse Jenny Mollen ont rendu les internautes furieux en plaisantant sur la circoncision de leur fils (7 sur 7).
Israël : Intact News fait le point sur le développement du mouvement intactiviste en Israël.
A Jérusalem, un bébé a été hospitalisé suite à une circoncision (Arutz Sheva, voir l’article détaillé de Joseph4GI) ;
Voici des nouvelles de la maman israélienne qui avait été condamnée par un tribunal religieux à payer une amende journalière de 100 euros tant qu’elle refuserait de faire circoncire son fils (voir l’article que nous avions consacré à cette affaire) :
- La pétition lancée par le Jewish Circumcision Resource Center a été envoyée à la Cour suprême d’Israël après avoir recueillie plus de 35 000 signatures.
- Le procureur général d’Israël, Yehuda Weinstein, a déclaré que le tribunal religieux avait outrepassé ses pouvoirs lorsqu’il avait ordonné à la mère de faire circoncire son fils et que, par conséquent, la pétition devait être acceptée.
- Ce mardi a eu lieu l’audition devant la Haute Cour de Justice pour déterminer si la Haute Cour Rabbinique peut ordonner à la mère juive de faire circoncire son fils contre sa volonté. L’avocat de la mère a rappelé qu’il n’y avait aucune nécessité médicale à cette opération, tandis que l’avocat des cours rabbiniques a insisté sur l’importance de reconnaître leur autorité. Une nouvelle audition devrait avoir lieu dans 14 jours (The Jerusalem Post).
En Afrique du Sud, les circoncisions rituelles sont à l’origine de dizaines de morts et de centaines de blessés chaque année (iol news). Samedi dernier, les autorités ont mené une action de répression contre ces circoncisions illégales et ont secouru plus de 80 adolescents, dont certains étaient dans un état grave (Global Times) ;
Au Zimbabwe, le gouvernement prévoit de faire circoncire 217 800 hommes d’ici la fin de l’année (The Standard). Jah Prayzah, un célèbre chanteur zimbabwéen, s’est d’ailleurs fait circoncire pour montrer l’exemple. N’ayant pas pris de repos, celui-ci a indiqué qu’il souffrait de l’opération.
Dans ce pays, la propagande pro-circoncision vise aussi spécifiquement les adolescents (ainsi que les enfants). (Voir notre article : Afrique : un point sur les programmes de circoncision de masse).
Au Botswana, le ministère de la Santé a déclaré avoir introduit deux nouveaux dispositifs pour assister à la circoncision d’enfants : Mogen Clamp et AccuCirc.
En Ouganda, l’armée pratique des circoncisions sur la population afin de combattre le VIH (Le Figaro) ;
Kenya : il y a quelques mois, nous apprenions qu’un projet de loi visant à rendre la circoncision masculine obligatoire allait être déposé à l’Assemblée d’un comté du pays. Ce mois-ci, Intact Kenya rapporte qu’un représentant du comté a déclaré que ce projet de loi devait être annulé car il viole le droit à l’intégrité génitale des hommes et des bébés de sexe masculin (NCFM).
Actualité concernant l’excision
Témoignages du mois
A lire sur Le Point : Mako Jama, somalienne, se souvient de la mutilation qu’elle a subie il y a 30 ans :
J’avais neuf ans. Une femme est venue à la maison. (Avec d’autres femmes), elles m’ont maintenue à terre, les jambes écartées, et m’ont coupée avec un rasoir avant de me recoudre avec des épines d’acacia.
A lire sur Le Journal de Montréal : Habibata Ouarme, originaire du Burkina Faso, a été excisée à l’âge de 6 ans :
Elles étaient quatre femmes à me tenir très fort pendant que je me débattais, se souvient-elle, en pleurant. Elles n’avaient aucune pitié. Elles allaient me charcuter les parties génitales, que je le veuille ou non.
Un jour, on réussira tous ensemble à interdire l’excision partout dans le monde.
A lire sur Afrik.com : Fatoumata, originaire de Guinée, a elle aussi été excisée à l’âge de 6 ans :
Ma grand-mère, mes tantes, mes voisines m’ont dit que c’était une fête en mon honneur. Dans un lieu tenu secret, les autres petites filles et moi avons été regroupées dans des toilettes. L’exciseuse était une femme charismatique, respectée dans tout le village. Rassemblées, chacune de nous était excisée individuellement, dans une autre pièce contiguë. A chaque passage, des hurlements nous faisaient peur. Mais nous ne savions toujours pas ce qui se passait dans cette pièce. Puis ça a été mon tour.
Article marquant
Pacific Standard a publié un article très intéressant sur l’histoire de la circoncision féminine aux États-Unis.
Il s’agit bien ici de l’ablation du capuchon du clitoris (clitoral hood), soit l’équivalent du prépuce chez l’homme.
Bien qu’elle soit à priori peu répandue, la pratique n’a pas disparu. Par exemple, un médecin de Chicago demande 1000 dollars pour effectuer une circoncision féminine, opération censée faciliter l’orgasme pour la femme.
Notons tout de même qu’il s’agit d’opérations effectuées sur des femmes consentantes.
Un très bon article sur l’excision au Mali est à lire sur Mondafrique.com.
Les journalistes mettent en avant le poids des coutumes qui pérennisent cette pratique.
L’excision dans le monde
États-Unis : Le Sénat de l’Arizona a approuvé à l’unanimité un projet de loi interdisant les mutilations génitales féminines (Arizona Daily Star) ;
Belgique : plus de 13.000 femmes excisées vivent dans le pays (7 sur 7), dont plus de 1500 à Liège (Le Soir) ;
Somalie : la forme extrême de mutilation génitale féminine recule (Le Point) ;
Cet article est notable car il montre que des femmes peuvent défendre la mutilation qui leur a été imposée. Ainsi une jeune fille déclare-t-elle :
Je suis très contente parce que mes parents ont choisi la forme la moins sévère [de mutilation] et ça me va parfaitement.
Charity Koronya, employée de l’Unicef :
Pour moi, l’abandon total est la clé parce que même si c’est une petite coupe, c’est encore une violation.
Cette position est exactement celle que défend Droit au Corps, sauf que nous l’appliquons aux deux sexes.
Mali : 85 % des femmes de 15 à 49 ans sont excisées (Mali Actu) ; heureusement, de plus en plus de représentants de communautés et de villages s’engagent publiquement à abandonner la pratique (Mali Actu, Mali Jet) ;
Guinée : Les mutilations génitales féminines sont encore largement pratiquées (iciLome) ;
Togo : l’excision est en baisse (Republic of Togo) ;
Niger : le taux de prévalence des MGF est passé de 5 % en 1998 à 2 % en 2012 (Afriquinfos);
Guinée-Bissau : la moitié de la population féminine est victime de mutilations génitales (Afriquinfos) ;
Côte d’Ivoire : l’excision perdure dans l’ouest du pays (afrik.com) ;
Bénin : la proportion des femmes excisées a diminué, passant de 13 % en 2006 à 7 % en 2012 (iciLome) ;
Sénégal : un plan pour la prise en charge des victimes de l’excision a été annoncé ; en dépit des efforts, la pratique continue dans le pays (Le Soleil) ;
Burkina Faso : sur idée du mouvement raëlien, une clinique dédiée à la reconstruction du clitoris des femmes excisées va ouvrir ses portes le mois prochain (Afrique Expansion) ; « La lutte contre l’excision récupérée par une secte ? », se demande La Dépêche.
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