Droit au Corps : bilan de l’année 2019 et perspectives 2020

2019 est sans doute l’année la plus riche de notre collectif, malgré des ressources financières très limitées et un bénévolat reposant sur quelques épaules seulement. En effet, Droit au Corps a réussi à lancer 2 des axes de sa stratégie à long terme :

– Santé sexuelle : relayer les bonnes pratiques et accompagner les individus circoncis en souffrance
– Ouvrir un débat public sur les conditions du consentement à la circoncision

Afin que les bases de la stratégie soient totalement déployées, ce qui aura demandé 6 années d’efforts intenses à notre association, ne reste plus en 2020 qu’à mettre sur rail le dernier axe de cette vision :

– Promouvoir la création d’une alliance mondiale pour l’abandon des mutilations sexuelles.

Que soient remerciées toutes les bonnes volontés qui ont contribué, selon leurs moyens, à ce succès !

Nos bilans annuels jalonnent l’histoire de notre collectif.

Sommaire

1. Santé sexuelle : relayer les bonnes pratiques et accompagner les individus circoncis en souffrance
2. Ouvrir un débat public sur les conditions du consentement à la circoncision
3. Promouvoir la création d’une alliance mondiale pour l’abandon des mutilations sexuelles
4. De vous à nous

Santé sexuelle : relayer les bonnes pratiques et accompagner les individus circoncis en souffrance

Un temps fort de l’année 2019 est la publication du dossier Santé du pénis. Depuis sa naissance, Droit au Corps ne cesse d’alerter sur l’ampleur de la faille de santé publique en matière de santé du pénis, conduisant à de nombreuses souffrances et à des dépenses totalement inutiles. Ce dossier d’utilité publique, qui a demandé plusieurs années d’investigation et de compilation des études scientifiques, constitue enfin une base solide pour s’attaquer à cette faille.

D’autres avancées se sont renforcées mutuellement sur l’axe « santé sexuelle » :

– Actions de terrain – Grâce à notre large implantation dans la francophonie, nos bénévoles sont de plus en plus présents dans les lieux à fort potentiel :

. professionnel : cette année encore, stand aux Assises Françaises de Sexologie et de Santé Sexuelle, à Montpellier ;
. grand public : stand au Salon Baby qui s’est tenu à Paris, une première pour nous.

– Institutionnalisation – Droit au Corps est devenu membre de la Confédération Sexualité Humaine (CoSH), ce qui est une reconnaissance significative du rôle joué par notre jeune collectif. C’est surtout le début prometteur de l’éveil des consciences quant aux dommages de la circoncision sur la sexualité, ainsi qu’une porte d’entrée dans le monde de l’éducation à la sexualité.

– Témoignages – 2 nouvelles publications sur notre site sont très significatives des dégâts liés à la faille de santé contemporaine.

. Lors de son enfance, L est victime de tentatives de décalottage forcé de la part de médecins scolaires. Son témoignage révèle une réalité totalement méconnue des institutions sanitaires.
. Un jeune de 23 ans se donne la mort suite aux souffrances causées par la circoncision « médicale » dont il a été victime deux ans auparavant. À méditer par ceux qui se bercent encore de l’illusion que la circoncision « n’est pas si grave, et incomparablement moins grave que l’excision ».

– Nouveau soutien public dans le domaine de la santé : Stéphane Sangral est psychiatre mais aussi philosophe.

Perspectives 2020 :

– lancer une initiative publique, de type lettre ouverte, à l’attention des institutions de santé dans la francophonie, porteuse de cette liste de revendications ;

– constituer un réseau de professionnels de santé capable de répondre aux attentes du public confronté à la faille de santé publique, qui nous contacte régulièrement ;

– mettre en place un Comité Scientifique « santé » garant de la qualité des initiatives de Droit au Corps ;

– prendre pied dans l’éducation à la sexualité, éventuellement par la création d’un site Internet comblant les lacunes de l’existant en matière de santé sexuelle masculine, notamment en direction des jeunes. La sexualité étant un sujet beaucoup plus attractif et positif que la circoncision, il s’agirait d’un canal de communication plus efficace que notre approche actuellement restreinte à la « circoncision » ;

– mobiliser davantage le réseau des participants de notre collectif pour des actions de proximité, telles que tenir un stand ou distribuer des dépliants.

Villes d’implantation des participants de Droit au Corps avec un zoom sur l’Europe francophone
1 point rouge correspond à au moins à 1 participant

carte participants droit au corps monde

carte participants droit au corps europe

Ouvrir un débat public sur les conditions du consentement à la circoncision

L’autre temps fort de l’année 2019 est le lancement de l’Appel au débat public sur les conditions du consentement à la circoncision. Il s’agit d’une campagne à moyen terme qui durera jusqu’à ce que cet Appel soit entendu de tous. Alors que notre collectif était à peu près inconnu avant cet Appel, la campagne de collecte de signatures a permis de nous faire connaître très largement, bien au-delà de la francophonie et des réseaux purement « nocirc », grâce aux traductions en 7 langues qui ont été réalisées, dont l’arabe et l’hébreu.

Faisant passer Droit au Corps « de l’ombre à la lumière », cet Appel a été signé dans une soixantaine de pays. Ce qui caractérise cette campagne et la rend inhabituelle, c’est que les signataires publics appartiennent à des horizons extrêmement différents, ce ne sont pas particulièrement des acteurs de la lutte contre les mutilations sexuelles. Sur le fond, la démonstration faite par cet Appel est qu’une convergence « progressiste » mondiale est possible autour de la priorité donnée à l’allègement de la souffrance, et que cette alliance doit être développée si l’on veut aboutir à l’abandon d’une pratique aussi ancrée dans les traditions que l’est la circoncision. Ainsi se côtoient les signatures :

– de féministes et acteurs spécialisés dans les oppressions de « genre » (Ligue du Droit International des Femmes…)

– d’acteurs « kiddist », c’est-à-dire ceux qui ont le souci de l’enfant (SOS les Mamans & Les Enfants…)

– de laïques (Atheist Alliance International…)

– d’experts de l’excision (SOS Africaines en Danger…)

– de politiques (Partei der Humanisten…)

– d’intersexués et transgenres

– de moults professionnels de santé et du monde juridique

– de personnes issues de cultures où la circoncision est profondément enracinée : ancestrale, musulmane ou juive.

Chaque point rouge repère les lieux de signature de l’Appel

carte signatures appel au débat circoncision

Sur les 800 parlementaires français qui ont été invités à signer cet Appel, 1 seule députée a signé publiquement, ce qui en dit long sur les résistances qu’il nous faut surmonter.

Voici les initiatives de Droit au Corps en synergie avec cet Appel :

– Médias – Une campagne de communiqués de presse, entamée en 2018, a ciblé un millier de journalistes. Résultat, Gazelle Magazine a publié un courageux entretien avec Droit au Corps alors qu’il s’adresse aux femmes maghrébines : il fallait oser. En parallèle et en l’absence de larges relais dans les médias, nous avons massivement utilisé l’outil du courriel pour contourner ce « mur du silence » : grâce à ce média gratuit qui permet un ciblage précis, l’Appel a été expédié à des milliers de prescripteurs d’opinion dans le monde, et ce n’est pas fini. À noter aussi que nous avons collaboré avec Lena Nyhus, présidente de Intact Denmark, pour ce documentaire d’ARTE qui témoigne d’une pression croissante sur la circoncision dans le débat public.

– Publications sur notre site – l’Appel a mobilisé des matériaux particulièrement intéressants sur la pratique de la circoncision dans la culture juive :

. le contenu explosif d’un colloque de 2015 qui risquait de passer aux oubliettes, organisé par l’Association des Médecins Israélites de France et le Fonds Social Juif Unifié : L’avenir de la circoncision juive : Brit Shalom à 8 jours et Brit Milah à l’âge du consentement ?
. la traduction d’un article remarquable paru en 1999 dans une revue scientifique : La circoncision juive : une perspective alternative.

– Recueil de témoignages :

. Circoncis dans la tradition musulmane, Karim révèle que la circoncision a pour effet mécanique de limiter la possibilité de se masturber, au point de pouvoir l’empêcher. Qui est conscient que cette répression de la sexualité n’affecte pas que les femmes victimes d’excision, comme nombre d’institutions le prétendent en invoquant une « extrême discrimination » ?
. Alexandre a beaucoup souffert de sa circoncision, au point d’infliger d’autres blessures à ce pénis qu’il n’aimait pas. Jusqu’à découvrir la restauration du prépuce, dont l’Appel signale qu’elle n’est pas remboursée par l’assurance santé, contrairement à la réparation de l’excision.

Perspectives 2020 : amplifier cet Appel au Débat, restreint en 2019 au seul gouvernement français, en le transformant en un Appel valable internationalement, dans l’optique par exemple d’une initiative citoyenne européenne.

Promouvoir la création d’une alliance mondiale pour l’abandon des mutilations sexuelles

2019 a été l’occasion de préparer le terrain pour la mise en place d’une telle alliance, avec la diffusion très large de l’Appel au Débat à l’international. De nombreux contacts ont été établis, des États-Unis à l’Australie en passant par l’Afrique, et avec la plupart des organisations « nocirc » en Europe.

– Actions de terrain – C’est dans la foulée des contacts établis avec l’Appel au Débat que s’est mise en place une première coordination au niveau européen, afin d’assurer une présence lors de la Journée Internationale des Droits de l’Enfant qui se tient annuellement le 20 novembre, tant à Genève à l’ONU, qu’à Paris à l’Unesco.

– Un nouveau soutien public, en dehors de la francophonie, a permis d’affirmer cette volonté d’alliance qui transcende les chapelles, avec Jenny Goodman qui est médecin, psychothérapeute et féministe juive au Royaume-Uni.

Perspectives 2020 :

– mettre en place une coordination internationale pour amplifier l’Appel au Débat ;

– lancer des plans conjoints de prévention excision / circoncision en partenariat avec les acteurs spécialisés dans la lutte contre l’excision ;

– collaborer à la production d’un nouveau documentaire TV sur la circoncision ;

– mettre à disposition les contenus de notre site Internet, qui est devenu une référence, au profit des sites de nos partenaires hors francophonie, qui pourront les traduire dans la langue de leurs pays, notamment le dossier sur la santé du pénis.

De vous à nous

Fréquentation du site Internet

Mauvaise nouvelle, la fréquentation de notre site a continué de baisser cette année suite à une mise à jour du moteur de recherche Google, qui a impacté en particulier les sites traitant de santé (plus d’information dans cet article). Résultat, droitaucorps.com a enregistré 0,4 million de visiteurs uniques en 2019 contre 0,5 en 2018.

Participation à nos activités

Au 31 décembre 2019, Droit au Corps compte 190 participants (+30 %) dont 58 adhérents.

Comment soutenir le Droit au Corps ?

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